COUP D’ENVOI. Le pays d’Afrique de l’Ouest est le premier dans le monde à recevoir les vaccins gratuits issus de l’initiative Covax destinés aux plus démunis.

 Enfin ! Ce matin, les premières doses de vaccins Covid-19 délivrés par le dispositif Covax sont arrivées au Ghana », a écrit sur Twitter Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le directeur général de l’OMS, qui alerte depuis de longs mois sur les inégalités d’accès aux vaccins dans le monde, a de bonnes raisons de se réjouir. Le Ghana, pays d’Afrique de l’Ouest a reçu ce mercredi 24 février la première livraison mondiale de vaccins financés par le dispositif Covax qui vise à fournir aux pays à faible revenu leurs premières doses de vaccins anti-Covid. Lundi encore, le patron de l’OMS, dans le sillage de certains dirigeants notamment africains, a accusé les pays riches de « saper » ce dispositif. « Certains pays riches sont actuellement en train d’approcher les fabricants pour s’assurer l’accès à des doses de vaccins supplémentaires, ce qui a un effet sur les contrats avec Covax », a-t-il déclaré. « Le nombre de doses allouées à Covax a été réduit à cause de cela, » a-t-il ajouté.

 

Une étape importante

Comme dans d’autres pays du continent, le cérémonial est désormais bien rodé : un avion transportant 600 000 doses de vaccin AstraZeneca/Oxford du fabricant Serum Institute of India a atterri à 7 h 40 GMT à l’aéroport d’Accra, où une délégation du gouvernement ghanéen les a réceptionnées. Ces doses, expédiées par l’Unicef depuis Mumbai, « font partie de la première vague de vaccins Covid à destination de plusieurs pays à revenu faible et intermédiaire », précise un communiqué commun de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. « Cette livraison représente le début de ce qui devrait être la plus grande fourniture et distribution de vaccins de l’histoire », selon ce communiqué.

Le Ghana est la première nation dans le monde à recevoir des doses de vaccin financées par cette initiative. Ce pays anglophone ouest-africain a enregistré 80 759 cas de coronavirus, dont 582 morts. Mais ces chiffres sont sous-évalués, disent certains experts, comme dans de nombreux pays africains où le nombre de tests réalisés reste faible. Depuis la fin du mois de janvier, le chef de l’État a réimposé une interdiction des rassemblements festifs, culturels ou pour certains événements familiaux, sur fond d’augmentation du nombre des cas. En tout, le pays devrait recevoir 2,4 millions de doses, a annoncé Covax. Les personnels de santé en première ligne dans la lutte contre le virus seront les premiers vaccinés. Dans le même temps, les autorités ghanéennes ont également accordé une autorisation d’urgence pour l’utilisation du vaccin Spoutnik V, devenant ainsi le 31e pays à le faire et le cinquième État africain. Le vaccin russe a été approuvé par le ministère de la Santé du pays ouest-africain.

 

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L’Afrique tout de même dépendante de Covax

Depuis le début de la pandémie, l’Afrique reste officiellement un des continents les moins touchés par le virus, mais la plupart des pays africains sont frappés par une deuxième vague qui les a forcés à revenir à des mesures sanitaires strictes. Pour aider à accélérer la vaccination des 1,3 milliard de personnes du continent, l’Union africaine a déclaré qu’elle avait obtenu 270 millions de doses de vaccins anti-Covid à distribuer cette année. De nombreux pays se sont tournés vers la Chine pour obtenir des doses du vaccin Sinopharm ou la Russie pour le Spoutnik V dans des discussions bilatérales, mais la réalité est qu’une grande majorité d’entre eux dépend largement de Covax.

 

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Réduire les inégalités

Initialement, il y a huit mois, l’OMS et Gavi estimaient pouvoir commencer la distribution de vaccins aux pays défavorisés, qui ont rejoint Covax, en janvier ou février, mais ce délai n’a cessé d’être reporté, d’où les inquiétudes ces dernières semaines. Dimanche, le patron de Serum Institute of India, Adar Poonawalla, a exhorté les pays en attente d’approvisionnement à être « patients », affirmant qu’il avait reçu l’ordre d’accorder la priorité aux « énormes besoins » de l’Inde.

Le système Covax vise à fournir cette année des vaccins anti-Covid à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires participants, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 économies à faible et moyen revenu d’avoir accès aux précieuses doses. Il a été mis en place pour tenter d’éviter que les pays riches n’accaparent l’ensemble des doses de vaccin qui sont encore fabriquées en quantités trop réduites pour répondre à la demande mondiale. Fondé par l’OMS, l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), Covax a conclu des accords avec des fabricants pour deux milliards de doses en 2021 et a la possibilité d’en acheter un autre milliard.

En tout dans le monde, plus de 200 millions de doses de vaccin ont été administrées, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de sources officielles, révélant une surreprésentation des pays riches : 45 % des injections ont été réalisées dans les pays du G7, qui ne comptent que 10 % de la population mondiale.

Source: lepoint.fr