Ouestafnews – Le sucre et d’autres denrées de première nécessité coûtent-ils moins cher au Mali qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest ? C’est en tout cas ce qu’a défendu le premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga. Il s’adressait à l’Assemblée citoyenne des peuples de l’Afrique de l’Ouest (ACP-AO), tenue à Bamako du 24 au 26 février 2022. Ouestaf a vérifié.

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et partagée plusieurs fois, le premier ministre malien interroge ses interlocuteurs en ces termes : « est-ce que vous savez que malgré l’embargo, le sucre coûte deux fois moins cher à Bamako qu’à Abidjan et à Dakar ? Nous sommes le pays où les produits de première nécessité coûtent les moins chers dans la sous-région ».

Ouestaf News a contacté par mail l’auteur de la déclaration, Dr Choguel Kokalla Maiga, par le biais de la Primature. Nous avons envoyé un premier mail le 6 avril 2022 puis un deuxième le 13 avril 2022. Jusqu’à la mise en ligne de cet article, ses services n’ont pas réagi à nos sollicitations.

Du fait des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays) qui a mis le Mali sous embargo, les prix de certains produits de grande consommation ont grimpé dans le pays.

Les produits de première nécessité sont constitués de denrées alimentaires les plus consommés par la majorité des populations. Selon le blog wesharebonds spécialisé en en économie et finance, « en économie, on définit un produit de première nécessité comme un article indispensable pour vivre normalement ». C’est-à-dire, « se nourrir, se laver, se vêtir, se soigner, se loger, se déplacer, s’instruire et se divertir ».

En Afrique de l’Ouest les denrées alimentaires considérées comme de « première nécessité » sont, entre autres, le riz, la farine, le sucre, l’huile, le pain, etc.

L’Afrique de l’ouest compte 15 pays dont quatre partagent les frontières et la même monnaie (le franc CFA) avec le Mali.

Face aux conséquences des sanctions économiques et financières de la Cedeao contre le Mali, le gouvernement a pris la décision, le 4 avril 2022, en accord avec les opérateurs économiques, de réajuster les prix des produits de grande consommation.

Ainsi, le prix du riz non parfumé a légèrement augmenté alors que celui du sucre est resté stable. Le riz non parfumé et l’huile locale ont connu des variations comme l’indique le tableau ci-dessous.

Pour savoir si la déclaration est exacte, la rédaction d’Ouestaf a essayé de comparer les prix pratiqués au Mali à ceux de ses voisins immédiats.

Le Mali partage des frontières avec sept pays. Parmi eux figurent quatre avec lesquels il partage en plus de la même monnaie, le franc CFA. Il s’agit du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Sénégal. C’est également, en temps normal, à partir de certains de ces pays (port d’Abidjan et port de Dakar) que le Mali est approvisionné en produits importés.

Dans ces quatre pays, les populations consomment plus ou moins les mêmes denrées de première nécessité que le Mali, particulièrement le riz, le sucre et l’huile.

Prix pratiqués au Sénégal

Au Sénégal comme au Mali les produits de première consommation cités plus haut, sont en partie importés. Leur prix dépend de l’évolution du marché mondial. Il arrive que le gouvernement subventionne les prix de certaines denrées pour en réguler les coûts.

Restés stables avant la pandémie du Covid-19, les prix du sucre, de l’huile et du riz ont connu des variations en raison des conséquences de la crise sanitaire sur le marché mondial, a expliqué à Ouestaf News, Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen).

Le tableau ci-dessous indique les prix pratiqués avant et après la révision des prix par le gouvernement le 24 février 2022 selon le ministère du Commerce et des Petites et moyennes entreprises.

Qu’en est-il en Côte d’Ivoire ?

Le gouvernement ivoirien a adopté lors du conseil des ministres du 9 mars 2022, un décret portant plafonnement des prix de certains produits de grande consommation. Le décret en question plafonne, pour une période de trois mois (du 9 mars au 9 juin 2022 NDLR), le prix du kg de riz non parfumé, du sucre (…) et de l’huile de palme.

Toutefois, selon un communiqué du conseil des ministres de la même date, « les commerçants, en vertu du libre jeu de la concurrence, peuvent pratiquer les prix en deçà des prix plafonds fixés ».

 

Et chez les autres voisins ?

En dehors du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Niger aussi partagent avec le Mali des frontières terrestres et la même monnaie. Les produits de grande consommation y sont également les mêmes.

Un communiqué du ministère burkinabè du Développement, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, en date du 16 mars 2022, a fixé les prix du sucre local du riz non parfumé et d’huile locale comme indiqué dans le tableau ci-dessous.

Au Niger, un communiqué du gouvernement du 24 février 2022, indique que les denrées alimentaires ont augmenté de 9,7 % à partir du dernier trimestre de l’année 2021. Puis, entre le 12 et le 19 avril 2022.

Le tableau ou graphique ci-dessous montre les prix des principales denrées considérées comme de « première nécessité » chez quatre voisins du Mali, voisin avec lesquels Bamako partagent la même monnaie.

Affirmation pas totalement exacte

Sur le prix du sucre et de l’huile, le Mali pratique des prix plus bas que ses voisins immédiats avec lesquels il partage la même monnaie.  Sur ce point, l’affirmation du Premier ministre malien est exacte. Par contre le ratio (deux fois moins cher) qu’il a fourni n’est pas exact. Les prix ne sont que légèrement moins. 10 à 20 %, selon les calculs effectués par Ouestaf News en comparant les prix du sucre et de l’huile.

Par contre sur le riz, le prix pratiqué au Mali n’est pas le moins cher. Sur ce second point, l’affirmation du P.M malien ne reflète pas la réalité. Le riz est moins cher au Sénégal.

Donc l’affirmation du PM malien, Choguel selon laquelle le sucre coûte deux fois moins cher à Bamako qu’à Abidjan et à Dakar et que les produits de première nécessité coûtent moins chers au Mali que dans la sous-région, n’est pas totalement exacte.

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Source: Ouestaf.com