Les autorités nigériennes ont décrété un deuil national de trois jours à compter de ce mercredi 17 mars, deux jours après la mort de plus de cinquante civils dans des attaques jihadistes dans la zone des « trois frontières », près du Mali et du Burkina Faso.

Le Niger a de nouveau été la cible d’attaques de jihadistes présumés, lundi 15 mars, qui ont fait 58 morts dans l’Ouest du pays, près du Mali. Ce sont les premières violences depuis l’élection du président Mohamed Bazoum le 21 février.

Plusieurs attaques

Une première attaque a eu lieu lundi après-midi et a visé un véhicule transportant des passagers sur l’axe reliant Banibangou, qui abrite l’un des plus importants marchés hebdomadaires de la zone, et Chinégodar, dans la région de Tillabéri. « Il y a eu une vingtaine de tués », a rapporté un habitant d’un village joint au téléphone par l’AFP. « Ce sont des gens qui étaient venus au marché de Banibangou et qui se dirigeaient vers Chinégodar », un peu plus au nord, a affirmé un autre villageois sans avancer de bilan. Un élu local et une source préfectorale ont assuré « être au courant d’attaques », mais sans pouvoir en donner de bilan ni en préciser les circonstances.

D’autres attaques ciblant des villages ont été perpétrées dans la soirée de lundi, vers 18 heures, par « des bandits armés », faisant « une trentaine de tués », selon une source sécuritaire. Les autorités ont décrété mardi soir un deuil national de trois jours, à compter du 17 mars. Le sujet a été au centre d’un conseil national extraordinaire de sécurité, mercredi matin, qu’a présidé Mahamadou Issoufou.

Le Tillabéri, cible des pires attaques

La région de Tillabéri a été la cible des pires attaques jihadistes qu’a connues le Niger. Le 2 janvier, entre les deux tours de l’élection présidentielle100 personnes avaient été tuées dans les offensives contre deux villages de la commune de Mangaïzé, un des pires massacres de civils au Niger. Un an auparavant, le 9 janvier 2020, 89 soldats nigériens étaient morts lors de l’assaut du camp militaire de Chinégodar. Et un mois plus tôt, le 10 décembre 2019, 71 soldats nigériens avaient péri à Inates, une autre localité de Tillabéri. Ces deux charges contre l’armée, qui avaient traumatisé le pays, avaient été revendiquées par les jihadistes de l’État islamique (EI).

Le Tillabéri demeure instable malgré d’importants efforts réalisés pour tenter de le sécuriser. Un contingent de 1 200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, doit se déployer dans la zone des trois frontières dans le cadre du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad – qui s’efforcent de coopérer dans la lutte antijihadiste depuis 2015).

Comme ses voisins le Mali et le Burkina Faso, également très touchés par les exactions des groupes jihadistes, le Niger bénéficie du soutien de l’opération française Barkhane, qui compte 5 100 hommes déployés au Sahel. La France dispose d’une base sur l’aéroport de Niamey, d’où opèrent des avions de chasse et des drones armés. Le président français Emmanuel Macron s’était engagé en février, en marge du dernier sommet du G5 Sahel à N’Djamena, à maintenir les effectifs de cette force.

Les États-Unis disposent aussi d’une importante base de drones à Agadez, donnant à Washington une plateforme de surveillance pour l’ensemble du Sahel. En octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient perdu la vie dans une embuscade à Tongo Tongo, un village de la zone des trois frontières.

Source: Jeuneafrique