Un an après la résurgence du virus Ebola, la RDC affronte désormais une épidémie de rougeole, « la pire du monde », selon l’OMS.

En 2019, 6 000 personnes sont mortes de la rougeole en RDC. Soit la « pire épidémie du monde », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a fait part de son inquiétude ce 7 janvier. Près de « 25 % des cas de rougeole enregistrés concernent les enfants de plus de cinq ans, qui sont les plus vulnérables », a-t-elle ajouté. Si « plus de 18 millions d’enfants de moins de 5 ans ont été vaccinés » à travers le pays, l’épidémie s’est tout de même rapidement aggravée par la faible couverture vaccinale des communautés vulnérables, la malnutrition, la faiblesse des systèmes de santé publique. L’accès difficile des populations vulnérables aux soins de santé et l’insécurité, dans des provinces comme le Kasaï, le Nord et le Sud-Kivu, ont par ailleurs entravé la riposte dans certaines zones.

Épidémie

En tout, « 310 000 cas suspects » de rougeole ont été notifiés, malgré la vaccination de « plus de 18 millions d’enfants de moins de 5 ans ». D’après l’OMS, « 27,6 millions de dollars américains ont été mobilisés », mais « 40 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires » pour un plan de réponse de six mois visant à étendre la vaccination aux enfants âgés de 6 à 14 ans notamment. « Nous exhortons nos partenaires donateurs à intensifier leur assistance d’urgence », a déclaré la Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

 

Une riposte inadaptée

La RDC se trouve dans une situation sanitaire très préoccupante. En effet, depuis août 2018, le pays lutte aussi contre une épidémie d’Ebola qui a déjà fait 2 233 morts sur 3 390 cas enregistrés, d’après le dernier bilan officiel daté du dimanche. Cette dixième épidémie sur le sol congolais touche là encore les provinces du Nord-Kivu, mais aussi de l’Ituri, deux régions en proie aux violences en raison de la présence des dizaines de groupes armés locaux et étrangers. En décembre, 23 nouveaux cas ont été enregistrés en quatre jours dans l’Est par les autorités sanitaires. Soit « une nette hausse des nouveaux cas, qui étaient tombés à 10 par semaine », avait déclaré le 22 novembre à l’AFP le responsable congolais des équipes anti-Ebola Jean-Jacques Muyembe.

Principal obstacle à la lutte contre la maladie : l’insécurité et l’hostilité des populations face au corps médical. Le 28 novembre, trois personnes ont été tuées dans une attaque contre une installation des équipes anti-Ebola à Biakato, dans l’Ituri. L’OMS et Médecins sans frontières (MSF) ont par la suite retiré leurs équipes non congolaises de Biakato. Pour Oxfam, la réponse à Ebola, comme à toute autre épidémie, est donc à revoir. Il faut « construire cette confiance cruciale avec les communautés, sans laquelle nous ne serons pas capables de gagner la bataille », explique l’ONG dans un communiqué.

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Tamba Emmanuel Danmbisaa, responsable humanitaire pour Oxfam, l’avait déjà assuré au Point Afrique il y a quelques mois : « Les populations ont besoin de soignants locaux qui parlent leur langue, qui connaissent le contexte dans lequel elles évoluent. » Un facteur indispensable pour stopper la pandémie, qui, pour le moment, ne trouve que peu d’écho en RDC.

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