Comme la banque centrale mauritanienne achète l’or extrait dans le pays à un tarif peu séduisant pour les acteurs miniers, le métal précieux se retrouve chez les terroristes du Sahel en passant par le marché noir, rapporte Valeurs actuelles. La Mauritanie ne réagit pas, contrainte de garder ses tarifs pour éviter le mécontentement des populations.

 

En plus des gisements d’or maliens, nigériens et burkinabés, les groupes armés terroristes exploitent également ceux de Mauritanie en profitant de certaines faiblesses gouvernementales, rapporte Valeurs actuelles.

Les orpailleurs extraient le minerai aurifère, puis le raffinent à Chami, ville champignon, avant de le vendre à la banque centrale mauritanienne avec un profit annuel d’environ 130 millions de dollars. Comme il est racheté à un taux fixe inférieur à celui proposé par le marché noir, les chercheurs d’or privilégient les affaires avec les commerçants étrangers écoulant leurs marchandises à Dakar ou Bamako.

Les volumes du trafic illégal du métal précieux peuvent atteindre de 60 à 70% de l’ensemble de la production, voire plus, selon des sources de la gendarmerie mauritanienne et d’acteurs de l’industrie minière locale citées par le quotidien. La valeur totale des pertes avoisinent ainsi 300 millions de dollars.

Inaction de l’État

Cependant, les autorités ne sont en mesure ni de nationaliser le processus d’exploitation des mines d’or, car celui-ci permet aux communautés locales de gagner de l’argent, ni d’augmenter le prix d’achat de l’or par la banque centrale. La non-intervention de l’État peut être ainsi expliquée par son souhait de ne pas perdre le soutien de ses compatriotes, poursuit Valeurs actuelles.

Racheté par des négociants, l’or mauritanien tombe entre les mains des groupes armés terroristes qui les escortent à travers des régions peu contrôlées par les autres pays, indique le quotidien qui suggère que les terroristes peuvent également prélever des droits de passage dans certains territoires où leur présence est bien forte.

Divers trafics illégaux

Le flux de trafics d’or, d’armes, de drogue et de migrants constituent ainsi une source financière pour ces groupes djihadistes dans la zone sahélo-saharienne. Difficiles à estimer, ces chiffres peuvent atteindre des centaines de millions de dollars, précise le quotidien.

La situation de l’or mauritanien témoigne de nouveau du contrôle des voies commerciales de l’ouest du continent africain exercé par des terroristes installés dans cette région. Les affrontements ethniques de la sous-région du Sahel s’ajoutent à ce chaos maintenu et déployé par ces groupes terroristes, conclut Valeurs actuelles.

C’est la raison pour laquelle, la coalition pour le Sahel menée par la France ne pourra avoir d’effets durables qu’en combinant ses démarches militaires avec une résolution des conflits ethniques de la région, a fait savoir le quotidien.

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