Le 19 octobre dernier, l’ancien président du Burundi, Pierre Buyoya, actuellement le haut représentant de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel), a été condamné avec 19 autres anciennes personnalités par la justice burundaise à de lourdes peines, allant de servitude pénale à la prison à perpétuité dans l’affaire dite « assassinat du président Melchior Ndadaye ». Cette peine est assortie de la condamnation de payer solidairement à l’état du Burundi plus de 102 milliards de francs burundais.

 

Le haut représentant de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel), a animé, vendredi dernier au siège de cette institution, une conférence de presse au cours de laquelle il a qualifié ce procès de «politique». Pour Pierre Buyoya, cette affaire a été conduite en violation flagrante de toutes les dispositions nationales et internationales qui consacrent le droit de toute personne humaine à un procès juste et équitable.

« Dès le départ, les prévenus qui, pour des raisons de sécurité ne résident pas au pays pour le moment, n’ont pas été autorisés à se faire assister », a regretté l’ancien président burundais. Et d’ajouter : « leurs avocats nationaux ont été tenus à l’écart des dossiers et le gouvernement a refusé aux avocats internationaux le visa d’entrée au Burundi pour participer à leur défense».

Par ailleurs, Pierre Buyoya a indiqué que « les preuves des faits reprochés aux accusés n’ont jamais été présentées, ni démontrées ». D’après lui, «ce jugement foule aux pieds la Constitution, les lois, les principes et les procédures qui fondent le droit burundais». « En procédant à la réouverture du dossier, au mépris du jugement déjà rendu dans la même affaire, il ignore le principe internationalement reconnu de l’autorité de la chose jugée », a fait savoir le conférencier, pour qui ce verdict viole également le principe de la prescription et de la non-rétroactivité de la loi pénale d’autant que « les faits incriminés se sont déroulés il y a vingt-sept ans ». « La loi en vigueur à l’époque limitait leur poursuite à une période de vingt ans », a relevé l’ancien président du Burundi.

Face à toutes ces violations, Pierre Buyoya a rejeté ces jugements tout en se réservant le droit de faire appel auprès des juridictions et des instances nationales et internationales compétentes pour que « justice soit faite aux personnalités injustement condamnées».

Bembablin DOUMBIA

Source : L’ESSOR