Les  premiers  cas de Covid-19 ont été officiellement reconnus au Mali, le mercredi 25 mars dernier, qui restait un îlot de  »  zéro  cas  »  en Afrique de l’ouest. Les autorités prendront- elles enfin les mesures préventives idoines réclamées partout à cor et à cri?

 

IBK, dos au mur, ses  »  prophètes de malheur  »  ayant eu raison de son entêtement,  Covid-19 était bel et bien dans nos murs, au moins depuis l’entrée de ses deux cas alors  suspects,  les 12 et 16 mars dernier. Ce, malgré les mesures supposées drastiques de l’aéroport PMK.

La confirmation de ces deux cas ajoutée à l’insécurité ambiante (braquage et vol du véhicule du candidat aux législatives du PRVM Fasoko à Nara, Mamadou Bolly, de quatre autres candidats en différents points du pays et de la  » disparition  » à  Niafunké du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé de l’URD) devaient l’y obliger. Cependant, dans un discours lapidaire et surréaliste, IBK l’a confirmé : le Covid-19 n’aura pas raison de  »  ses législatives  » dont le premier tour a eu lieu, hier dimanche 29 mars, dans une ambiance délétère au vu des premières tendances.

Pourtant, tout le monde s’accordait à dire que les récents événements et les cas de Covid-19 devaient donner l’occasion à IBK de rappeler, si besoin est, au PM Boubou Cissé qu’il y a une force au dessus de la sienne qui peut démentir ses propos de triste mémoire, obséquieux et colériques à propos de la relation  » coronavirus/ législatives.  » Et qu’il ne restait plus à IBK que de suspendre les législatives et de procéder à la fermeture de tous les lieux de culte. Il n’en fit rien ! Les deux étant  liés,  le président IBK s’est limité aux dispositions relatives  au couvre-feu et au semi- confinement. Rien sur les accompagnements sous-jacents pour en réduire les effets. Or, il avait un double choix :

– D’une part, faire comme les Présidents Macky Sall du Sénégal et Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire, le raccourci était tout trouvé pour le Mali.

– D’autre part faire comme le mauvais élève restant, le président Alpha Condé en Guinée, qui s’est engagé dans des élections jusqu’au-boutistes,  mais n’a pas  savouré sa victoire annoncée d’avance,  car le plus dur pour lui, pour reprendre l’un de ses soutiens,  » commence maintenant  » face à une épidémie qui flambe en Guinée depuis ses simulacres d’élections couplées.

Au Mali les mesures annoncées n’ont -elles pas pris du plomb dans l’aile avec ces deux premiers cas testés positifs au Covid-19, passés hier dimanche à dix-neuf cas, un décès d’un ancien  » pensionnaire  » d’Air corona du 20 mars, murmure- t- on à Bamako et l’insécurité qui s’est invitée dans la campagne électorale  avec cinq cas de braquages et un enlèvement, pas n’importe lequel ?

Les déficits de communication  imputables au premier chef aux atermoiements du gouvernement malien sur les mesures idoines font que notre pays ne pouvait être épargné par la menace du Covid-19 et l’insécurité récurrente. Désormais nous sommes dans l’œil du cyclone. Tous les signaux d’alerte ont été ignorés et n’auront pas suffi à apaiser l’envie d’élections d’IBK sous le  » couvert  » de DNI.  Les Bambaras disent pour illustrer l’entêtement que  »  l’on ne peut voir les oreilles de l’âne qui vous éjecte.  »

Tous les grands discours, d’avant cette adresse à la Nation d’ IBK, du Directeur Général du commerce et de la concurrence en passant par les grandes annonces sur les dispositions prises et les assurances quant à la solidité des mécanismes de riposte, devront faire face maintenant à la redoutable réalité du Covid-19 qui est parmi nous. Pour une fois l’écho a devancé le tam tam : Boubou s’est mis devant IBK.  Le Covid-19 aura fait de lui  un grand perdant à cause de ses propos belliqueux et inconsidérés. Quoi qu’il arrive, le PM Boubou  devra descendre de son piédestal et appliquer désormais les mesures édictées par la réalité qui nous a hélas rattrapés à cause de la faiblesse de l’Etat à s’assumer, de l’insouciance des cordons de surveillance dont les meilleures illustrations restent l’ouverture de l’aéroport PMK au-delà du jeudi 19 mars à  » Air Corona « , l’ouverture des mosquées, des églises évangéliques (indexées ailleurs chez nos voisins comme des foyers de propagation du virus),  des mairies avec les célébrations de mariages et les fêtards occasionnels.

Les conséquences du maintien des législatives dans un sens ou un autre seront visibles très tôt.

Rappelons simplement  que tous les domaines qui vacillent en ce moment, en raison de l’intrusion du Covid-19, ne sont pas connus et que les Etats, récemment  infectés comme les nôtres, doivent tirer avec intelligence et humilité les leçons venues de Chine  et d’Europe, des économies plus solides que les nôtres, mais aussi du voisinage, ébranlés dans leurs certitudes.

Plusieurs d’entre eux ont, en effet, fait des concessions et laissé tomber les barrières d’intransigeance  qui avaient résisté  il y a peu à la montée des forces de protestation et de revendications émanant de leur peuple. C’est dire que Coronavirus a réussi là où ces forces vives ont échoué et que tout sera différent parce qu’il a façonné un nouveau monde et des nouveaux modes de gestion partout où il est passé. Le Mali ne saurait faire l’exception.

Source: l’Indépendant