Engagée dans la lutte antiterrorisme dans le Sahel, la France fait face à une vive protestation. En invitant les dirigeants des pays du G5 Sahel à Pau, en France, Emmanuel Macron fait du bluff, c’est l’avis du journaliste-bloggeur Soro.

 

« Nous devons à très courte terme ré clarifier le cadre et les conditions politiques de notre intervention au Sahel. J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol que ce soit du Sahel alors même que l’ambiguïté existe à l’égard des mouvements anti-français, parfois portés par des responsables politiques ». Le Président français Emmanuel Macron convoque ses homologues des pays du Sahel à une rencontre à Pau pour clarifier les choses sur la présence militaire française dans le Sahel. Cette déclaration du Président français, Emmanuel Macron, à la fin du Sommet de l’OTAN à Watford en Grande Bretagne sonne comme une menace de la France à l’égard des États du Sahel. D’un ton très sérieux, le Président français semble être exténué par les accusations des populations du Sahel à l’encontre de son pays. Il est clair que le sentiment anti-politique française se développe dans certains pays du Sahel où les populations pensent que la France vise un objectif autre que la lutte contre le terrorisme. Cette sortie de Macron met en mauvaise posture les dirigeants des États du Sahel face à leurs peuples car frisant la convocation que l’invitation.

Du grand bluff pour légitimer la présence française

Et en écoutant cette convocation du Président Macron à ses homologues du Sahel qu’il considère autrement – n’ayons pas peur des mots – on a l’impression que le dirigeant français adresse une menace aux pays du Sahel : Si vous ne nous aimez pas nous allons plier bagage et les terroristes viendront vous envahir.

En réalité, cette sortie de Macron n’est que du bluff. La France ne peut pas se passer du Sahel aujourd’hui, comme elle n’a pu le faire depuis l’indépendance. Le Sahel est aujourd’hui une région stratégique à cause de sa position géographique mais aussi à cause des ressources naturelles (l’or, l’uranium, le gaz, le pétrole, entre autres) qu’il regorge. Surtout au moment où d’autres puissances rivales comme la Russie et la Chine tentent de s’y implanter. De plus, l’Afrique étant un partenaire incontournable pour la France sur tous les plans, le chaos au Sahel, déstabiliserait toute l’Afrique de l’Ouest voire l’Afrique centrale. Ce qui mettrait la France dans un état de mort cérébrale. En effet, à travers cette rencontre dite de clarification des positions, la France veut encore légitimer sa présence dans le Sahel, comme elle l’a fait d’ailleurs au Mali en 2011, en accompagnant des groupes terroristes de Libye jusqu’au Mali après avoir renversé le régime de Mouhamar Khadafi. Une façon pour les autorités françaises d’alors de venger l’opposition farouche des autorités maliennes d’alors à une intervention militaire en Libye. Mais aussi de la même manière qu’elle a fait en 2012 en laissant les groupes narco-jihadistes avancer vers Bamako faisant croire qu’ils allaient occuper le Sud du Mali. Bien-sûr après les avoir aidés avec leurs complices d’envahir les régions nord du Pays. Alors ce sommet de Pau, s’il se tenait, conforterait la France dans sa position de pays gendarme et de garant de la stabilité du Sahel. Ce qui serait une victoire politique pour Emmanuel Macron qui se trouve le dos au mûr en ce moment, car mis sous pression par une partie de l’opinion française qui veut comprendre les raisons de la présence des forces françaises au Sahel.

Un manque de respect notoire

Plusieurs personnalités africaines l’ont déjà relevé : le jeune Président français doit revoir son approche dans ses relations avec l’Afrique et ses dirigeants. Lui qui, à son arrivée au pouvoir, avait promis de redéfinir les contours des relations entre l’Afrique et son pays, la France. Méprisant, ironisant et sous-estimant, Emmanuel Macron traite ses homologues africains comme des valets. Tapoter sur la joue d’un Président, ou poser la main sur l’épaule d’un autre. Tout cela pourrait se comprendre même si c’est totalement contraire à nos cultures africaines, surtout lorsqu’il s’agit des aînés. En 2017, le Président français faisait remarquer, lors d’une rencontre,  que les Africains font assez d’enfants, ce qui, pour le paraphraser, est un frein au développement. En novembre, lors du sommet de Paris sur la paix et la sécurité, Emmanuel Macron, tel un véritable Président malien, demandait au Premier ministre malien de se rendre à Kidal. Une manière pour lui de prouver à la face du monde que la France n’est pas opposée au retour de Kidal dans le giron du Mali. Quand bien même on sait que c’est la France qui a interdit l’accès à la ville de Kidal à l’armée malienne, suite à l’Opération Serval.

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