C’est l’appel lancé ce week-end par les chefs d’État du G5-Sahel réunis en conclave à Niamey. Les présidents du Mali, du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad « ont convenu, relève le site Maliwebde mobiliser davantage de forces armées dans le fuseau centre, très affecté par les actions des groupes armés terroristes. En outre, ils ont insisté sur la nécessité d’assurer les services sociaux de base et la présence effective de l’État dans les zones fragiles. De mieux lutter aussi contre le trafic d’armes et de drogue et l’orpaillage clandestin dans cet espace sahélien. »Enfin, pointe encore Maliweb, « Ce sommet a été aussi mis à profit par les État du G5-Sahel pour interpeller, pour la énième fois, la communauté internationale à s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Les dirigeants ont rappelé que la situation d’instabilité qui prévaut dans leur pays est une conséquence de la déstabilisation de la Libye suite à l’intervention de l’Otan. »

Vers un vrai partenariat élargi ?

Toutefois, s’interroge Le Pays au Burkina, « Seront-ils seulement entendus ? On attend de voir la réaction de la communauté internationale. Mais aussi de savoir si les lignes vont bouger dans le sens d’une concrétisation des promesses de financement de la force du G5-Sahel, pour permettre à cet albatros longtemps resté cloué au sol, faute de moyens, de prendre enfin son envol. C’est tout le sens de l’appel de Niamey qui se veut beaucoup plus en faveur d’un partenariat international des plus élargis, que d’une dénonciation ou d’une relecture des accords avec la France. C’est dire, relève encore Le Pays, si les souverainistes et autres nationalistes qui s’attendaient à des décisions historiques et spectaculaires allant dans le sens d’une dénonciation fracassante des accords avec Paris, à l’issue de ce sommet qui prépare celui de Pau, peuvent être déçus. »

Signaux positifs en direction de la France

D’ailleurs, note Le Monde Afrique, le président nigérien Mahamadou Issoufou a en quelque sorte lancé un signal positif en direction de la France : « Dans une allusion à la polémique sur la présence des forces étrangères au Sahel, parfois contestée par les populations, Mahamadou Issoufou a estimé que “pour combattre le terrorisme, nous [les pays sahéliens] avons besoin non pas de moins d’alliés mais de plus d’alliés”. “La lutte contre le terrorisme est une lutte internationale”, a renchéri le président Kaboré. Le président Issoufou a aussi salué le projet de l’opération Tacouba, réunissant des forces spéciales de plusieurs pays européens afin d’apporter des renforts à l’armée malienne, qui est en train d’être mise sur pied à l’initiative de la France. »« Des messages qui constituent peut-être donc, estime Le Monde Afrique, un signal envoyé au président français Emmanuel Macron, qui a demandé aux dirigeants du G5-Sahel de “clarifier” leur position sur la présence de troupes françaises dans leurs pays, et d’ “assumer” publiquement le fait qu’elles s’y trouvaient à leur demande, et non pas pour des “visées néocoloniales”. »

« Les États-Unis se piquent de donner des leçons… »

Pour leur part, les États-Unis ont vertement critiqué lundi l’attitude des pays de la région du Sahel, relève Aujourd’hui à Ouagadougou.

Les États-Unis qui « affirment que les dirigeants africains n’en font pas assez pour assurer la stabilité dans un contexte de violence djihadiste en plein essor. »

Commentaire du quotidien burkinabè : « La doctrine trumpiste, on le sait, est “l’Amérique d’abord” ! (…) La première puissance mondiale, qui participe à un service minimum au Sahel, se pique de donner des leçons de politique et de sécurité à ses dirigeants. (…) Alors que le G5-Sahel a besoin de l’imprimatur de l’ONU, avec le chapitre VII, que Trump se refuse à accepter. »

Et Aujourd’hui de conclure : « Si les Africains ont besoin de plus d’alliés, comme le souhaite le président Issoufou, il faudra que l’Amérique se mette aux côtés de la France et de l’Europe pour aider à expurger le Sahel des Katibas. Ce serait une autre leçon de chose sécuritaire qui collerait à la peau de Trump pour la postérité. »

RFI