Selon Me Hassane Barry, chef de la délégation envoyée par les autorités maliennes auprès d’Amadou Koufa, le chef de la « Katiba Macina » se dit prêt à ouvrir des négociations avec le gouvernement malien. Cependant, prévient-il, il ne peut prendre aucune position, contraire à celle d’Iyad Ag Ghali, son mentor.

Invité à un point de presse, organisé le 12 février dernier par le MDP (Mouvement Démocratique et Populaire), dont Dr Oumar Mariko est le leader, Me Hassane Barry avoue avoir rencontré Amadou Koufa ; mais aussi, avoir échangé avec lui sur la possibilité d’un dialogue entre lui et le gouvernement malien, à l’effet de mettre fin aux atrocités dans le centre du pays.

Convaincre Koufa pour le vaincre

« Je confirme avoir rencontré Koufa et je confirme, aussi, qu’il est pour un dialogue », annonce-t-il, à la surprise générale. Avant d’ajouter, le ton solennel : « j’ai rencontré Amadou Koufa, accompagné des colonels de l’armée du Mali, parce que nous nous sommes dit qu’il est mieux de convaincre que de vaincre, car celui qui est convaincu est, déjà, vaincu. Nous nous sommes dit, pourquoi ne pas tenter le dialogue, car malgré la présence de plus de 30.000 militaires étrangers sur notre territoire, nous n’avons pas encore vu le bout du tunnel ».
Le leader de la « Katiba Macina » s’est dit prêt à dialoguer où et quand le gouvernement du Mali le souhaite. « On m’a diabolisé pour rien. Je n’ai jamais refusé le dialogue. Je veux dialoguer avec vous, quand et où vous voulez », répond Koufa aux émissaires du gouvernement malien.

Les conditions de Koufa

Cependant, le chef de la « Katiba Macina » pose deux conditions. La première est l’application de la charia. Et la seconde, la présence militaire étrangère sur le sol malien.
Réponse de Me Hassane Barry à Amadou Koufa.
« Nous lui avons répondu que s’il y a des forces étrangères au Mali, c’est parce que les Maliens n’arrivent pas à s’entendre entre eux. Si nous nous entendions, les forces étrangères quitteront notre territoire, dès ce soir ».
Alors, conclut Amadou Koufa : « oui, c’est une façon de voir, alors inscrivons cela à l’ordre du jour d’une grande rencontre. Ma deuxième préoccupation est la charia. Vous qui êtes le produit de l’école des blancs, mais est-ce que vous êtes satisfaits de leur justice ? La justice, que nous visons à travers l’application de la charia, sera également rendue par des hommes. Et les hommes sont ceux qu’ils sont. Donc, que ce soit la justice d’inspiration française ou la justice d’inspiration coranique, elles sont rendues par des hommes et elles ont – toutes deux – leurs forces et leurs faiblesses. Mais je ne rentrerais pas dans cette discussion ».
A en croire Me Hassane Barry, sa rencontre avec Amadou Koufa aura permis de ramener une certaine accalmie au centre du pays ; mais aussi, fait libérer quelques otages.
« Si vous êtes pour le dialogue, je peux vous mettre en contact avec Iyad Ag Ghali. Mais, je ne peux avoir une position contraire à celle d’Iyad », conclut Koufa.
Opposée, depuis le début de la crise, à toute négociation avec les Groupes djihadistes, la France, elle, ne voit aucun inconvénient à ce que les autorités maliennes prennent langue avec les leaders terroristes.
Le sommet de Pau ne serait pas étranger à ce virage à 180° de nos « ancêtres », les Gaulois.

Oumar Babi

Source: Journal Canard Déchainé-Mali