Pour les populations de Bandiagara, la mort de plus de 30 civils, le vendredi dernier, dans l’attaque d’un véhicule de transport près de la ville, est le marqueur d’une banalisation gravissime de la violence dans le centre du pays et de l’abandon de la zone par les autorités maliennes. Hier, lundi 6 décembre 2021, les populations de Bandiagara ont ainsi débuté une désobéissance civile afin de « dénoncer la détérioration de la situation sécuritaire » dans leur région.

L’émotion bien sûr, la colère surtout. Au lendemain de la mort de plus de 30 civils, le vendredi dernier, dans l’attaque d’un véhicule transportant des civils près de Bandiagara, c’est tout le Mali qui est en deuil. Après plusieurs marches pour dénoncer l’engrenage de la violence dans le centre du pays, les populations de Bandiagara ont décidé de passer, hier lundi, à la vitesse supérieure en observant une désobéissance civile.

« Nous, forces vives de la région de Bandiagara , composés des élus, des leaders communautaires et toute la société civile, vu les différentes rencontres tenues et les missions effectuées auprès des plus hautes autorités du Mali pour demander la sécurisation des personnes et de leurs biens, sommes au regret de vous annoncer qu’à partir du lundi 06 décembre 2021 jusqu’à nouvel ordre de la désobéissance civile conformément à l’article 121 de la constitution du 25 février 1992 », avait annoncé, dans un communiqué, la société civile de Bandiagara.

Selon les sources locales jointes par Le Républicain, le mot d’ordre de désobéissance civile a été bien suivi par les populations de Bandiagara. « Le mot d’ordre a été suivi à la lettre comme nous l’avions souhaité. Toute la population, toute les forces vives, les services techniques régionaux, subrégionaux et locaux ont suivi à la lettre y compris les forces de défense et de sécurité. Seule la légitimité populaire prime », a déclaré Moussa Guindo, un acteur de la société civile de Bandiagara.

Selon lui, la population de Bandiagara n’est pas contre les autorités de la transition, mais elle veut qu’elles sachent que la population de Bandiagara a certes des devoirs vis à vis du Mali, mais aussi des droits. « La population se pose mille questions et elle pense que les autorités ne sont pas conscientes de ce qui se passe réellement sur le terrain. Et c’est ce que les communautés veulent faire savoir, le message vrai, la réalité du terrain.

Pour être accompagner, les autorités ont besoin de la vérité et c’est ce qui est en train d’être dit et d’être exprimé, sinon Bandiagara n’est pas contre les autorités, mais Bandiagara sollicite à ce que les autorités comprennent davantage, prennent beaucoup plus au sérieux, malgré les difficultés, ce qui se passe sur le terrain. Nous sommes conscients. Bandiagara est pour les autorités, mais elle veut que les autorités comprennent que tout ce qui se dit est une réalité. C’est une question de survie. Tout ce qui se passe maintenant est normal pour que les autorités s’assument davantage pour sortir de cette situation », a t-il expliqué.

Pour rappel, plus de 30 civils ont été tués, calcinés pour la plupart, le vendredi dernier dans l’attaque par des terroristes d’un camion transportant des forains entre Songho et Bandiagara dans la région de Mopti, dans le centre du pays. Un deuil national de trois jours, à partir du dimanche 5 décembre, a été décrété par les autorités maliennes.

Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain