Le massacre d’Ogossagou a été planifié, organisé et coordonnée. Telle est en substance la conclusion à laquelle est arrivée la structure en charge des droits de l’Homme de la Minusma, moins de deux mois après l’événement macabre le plus dramatique de l’histoire malienne. Dans son rapport périodique sur la situation malienne, la division des Droits de l’Homme et de la Protection de la la mission multidimensionnelle des Nations-Unies pour la stabilisation du Mali n’est pas allée par quatre chemins pour qualifier le drame survenu à Ogossagou Peuhl de crime contre l’humanité.

 

Et de transmettre la question comme telle aux organismes judiciaires appropriées. C’est curieusement le moment choisi par les enquêteurs nationaux de passer à la vitesse supérieure, à travers notamment une sortie médiatique très intrigante du procureur du Pôle antiterroriste. Face à la presse, la semaine dernière, Boubacar Sidiki Samaké ne s’est pas limité à partager le bilan officiel de l’assaut du 23 Mars sur Ogossagou arrêté au total à 162 morts et 64 blessés sans compter l’ampleur des dégâts matériels. Il a aussi martelé comme jamais auparavant la détermination de la justice à mettre un terme aux défiances vis-à-vis de l’Etat dans le centre du Mali. Le crime ne restera pas impuni, a-t-il donc assuré, en qualifiant l’acte d’atteinte grave à la dignité humaine mais en se gardant toutefois de faire recours à la qualification de «crime contre l’humanité».
Quid, somme tout, des responsabilités pénales. Sur la question, le procureur antiterroriste a confié que dans le cadre des enquêtes en cours  les auditions de plus d’une centaine de personnes ont débouché sur l’arrestation d’une dizaine de personnes et la constitution de nombreux indices dont plusieurs centaines de balles et d’étuis de cartouche retrouvés sur le lieu. Lesdits indices, a-t-il laissé entendre, ne convergent pas forcément sur une responsabilité de l’association Dan Nan Ambassagou pourtant dissoute dans la foulée de l’événement au motif qu’elle s’est écartée de ses objectifs initiaux. Qui pourraient être donc ces auteurs activement recherchés et que le pôle antiterroriste a promis de retrouver ? Pendant que la mission internationale présente au Mali mette le curseur sur un crime planifiée et cordonné à l’intérieur du pays, les enquêteurs de la justice malienne ne semblent pas exclure des liens avec une criminalité transfrontalière accentuée par une présence du G-5 Sahel assez gênante pour les terroristes. La dissonance ne se mesurer qu’à l’incohérence qui consiste à ne dissoudre Dan Nan Ambassagou qu’après le drame d’Ogossagou.

A Kéïta

Le Témoin