La France  est officiellement  opposée à toute forme de négociation ou de dialogue avec les mouvements  armés terroristes qualifiés par la terminologie occidentale  de « Djihadistes ». Le  ministre français des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian,  est expressément  venu au Mali pour  réitérer  cette position. Alors que l’option de dialogue des autorités  maliennes avec « les Djihadistes » locaux est une    recommandation  du « dialogue national inclusif ».  Le  Mali et la France demeurent donc  dans l’incompréhension  sur l’option d’engager ou pas  un dialogue avec les groupes djihadistes qui sévissent au Nord  et au Centre du pays.

Depuis la prise de pouvoir par la junte du CNSP, le 18 août  et l’avènement de la Transition,  le Chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian  est la plus Haute personnalité  française  qui  visite le  Mali. Lors d’un point presse  le lundi dernier, le  Chef de la Diplomatie hexagonale  a réfuté toute possibilité de  « dialoguer avec les groupes  « djihadistes ». «  Disons les choses très clairement: il y a les accords de paix (…) et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix (…) Les choses sont simples », a tranché le chef du Quai d’Orsay  devant la presse.  

Lors de son séjour bamakois Le Drian a rencontré   les deux principaux groupes signataires de l’Accord de paix issu du processus d’Alger,  siégeant actuellement  au Gouvernement de Transition,  afin de les presser à sa mise en œuvre. A propos  d’éventuel  dialogue avec les groupes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique,  le ministre Le Drian rapporte que  la position de la France était également celle  des pays du G5 Sahel, de la communauté internationale et  du Conseil de sécurité. Or récemment le  patron des Nations Unies déclarait : «Il y a des groupes avec lesquels on pourra discuter et qui auront intérêt à s’engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques du futur. »

Les forces étrangères Barkhane, « en lutte contre le terrorisme au Sahel » et MINUSMA pour la « stabilisation du Mali et du Sahel »  sont fortement présentes (avec des dizaines de milliers de soldats) au Mali depuis 2013  sans que le pays connaisse ni la paix encore moins la sécurité. Au contraire, le pays s’enlise davantage dans le chaos. Le nord, le centre même une bonne partie du sud,  échappent aux autorités nationales. Raison pour laquelle, une frange importante de l’opinion nationale, de plus en plus hostile à cette présence de forces étrangères, est désormais favorable à l’exploration de la voie de la négociation et du dialogue  avec les « Djihadistes » locaux. Notamment avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghaly.

Visiblement, les autorités de la Transition malienne   semblent s’inscrire dans cette dynamique. C’est le cas   du tout nouveau Premier ministre de la Transition.  Le Chef du Gouvernement  malien est convaincu que  «cette possibilité de dialoguer est une opportunité d’engager une vaste discussion avec les communautés afin de définir les contours d’une nouvelle gouvernance des espaces. Cela va nécessiter (…) un séquençage et une coordination avec nos partenaires notamment ceux qui interviennent sur le plan militaire. ». Les autorités maliennes  doivent donc  cesser  de se soumettre au diktat  de l’ancienne puissance coloniale (dont la présence dans notre pays est très polémique)  pour affirmer  la  pleine souveraineté  du Mali. Quitte à provoquer l’ire de la France.  

Falaye Keïta

Source: Le Pélican