Une jeune fille de 24 ans affirme avoir été victime de discrimination au supermarché « La Fourmi » sis à Quinzambougou. Elle nous rapporte que seules les peaux noires sont fouillées à l’entrée de ce supermarché. Les Blancs, eux, sont reçus avec courbette. Et ne montrent pas patte blanche. Voici son récit.supermarche magasin la fourmi bamako

« J’ai vécu la discrimination raciale à La Fourmi. On était le 10 août, j’étais accompagnée de ma cousine et on cherchait un produit pour les cheveux. On est arrivé à La Fourmi, on s’est garé et on a voulu entrer dans le magasin. C’est là que le vigile nous a stoppé et m’a demandé d’ouvrir mon sac pour une fouille. Depuis le début de la crise au Mali, cette pratique étant courante, je n’ai pas bronché et j’ai ouvert mon sac. Il a regardé à l’intérieur et nous a laissé passer. Un groupe de jeunes hommes (noirs) ont été également inspectés au laser. J’ai continué mon chemin et fait mes emplettes. A la sortie du magasin, j’ai constaté que le même vigile laissait passer des personnes, hommes et femmes, sans contrôle. Je l’ai donc interpellé et je lui ai demandé pourquoi est-ce qu’il ne les a pas fouillés. Il m’a répondu qu’il a reçu des consignes strictes qui lui demandent, je le cite : «de fouiller tous les Noirs et de laisser passer les Blancs», rapporte notre interlocutrice.

Ces mots sortis de la bouche d’un Malien ont choqué la jeune dame qui voit dans cette attitude du racisme à l’état pur dans son propre pays et contre son propre peuple. Cela l’amena à prendre la décision de ne plus remettre les pieds dans ce supermarché. « Je n’ai rien dit au vigile et je suis sortie du magasin », dit-elle. Une semaine plus tard, le samedi 17 août dernier, la jeune dame, qui ne peut se passer de son produit, s’est rendue au supermarché Azar. Sur place, les commerciaux l’ont dirigée vers La Fourmi parce qu’ils n’avaient pas ce produit.

C’est contre son gré que cette jeune femme, qui a fait une partie de son enfance à l’extérieur, s’est rendue sur place. A l’entrée, elle trouve le même vigile du 10 août à la porte.

« A mon arrivée, il y avait  une femme et son compagnon, tous des blancs qui sont passés avant nous. Et vous le devinez bien, ils n’ont pas été fouillés. Juste derrière eux, j’ai voulu entrer, accompagnée de mon amie et le vigile m’a demandé d’ouvrir mon sac. Toute chose que j’ai refusée.  Puisqu’il n’a pas soumis au même exercice les blancs qui sont passés juste avant. Il m’a dit qu’il ne fait que son travail et qu’il a reçu des ordres stricts et que si je refuse d’être fouillée, il fallait que je sorte du magasin », rapporte la jeune dame au cœur meurtri. Pour elle, c’est l’honneur de son peuple qui est en jeu. Elle a  eu l’impression qu’il fallait qu’elle restaure la dignité de tous ceux qui ont été fouillés par le passé.

« Je connais mes droits et je ne sortirai pas du magasin », lance-t-elle au vigile. Le scénario a continué avec une femme noire d’une quarantaine d’années et trois autres blancs.

Cela a révolté davantage la jeune dame dont nous préférons taire l’identité. Elle est déçue qu’un Malien, pour gagner sa vie, humilie ses frères. L’incident avec la jeune dame a alerté un autre employé du magasin. Celui-ci a cherché à comprendre les raisons de cette situation. Elle lui raconta ce qui s’est passé. Sans dire mot, notre homme pria la jeune dame de rentrer sans passer par la fouille.

« Je tremblais de colère. De colère contre les responsables de La Fourmi qui osent venir s’installer dans mon Mali, se nourrir du pain des Maliens et en plus nous traiter comme des malpropres, comme des voleurs et des malotrus », ajoute notre interlocutrice.

Notre jeune dame espère, à travers cet article, que le peuple malien va se réveiller et demander à ce que les mêmes règles s’appliquent à tous sur son territoire. « Mandela, Luther King, Malcom X…n’ont pas donné leur vie, pour qu’au 21ème siècle encore, on traitre les Noirs comme des sous –hommes », a-t-elle conclu.

M S

Source: L’Indépendant