La France a dit estimer que ses avions militaires disposaient d’une entière liberté pour entrer dans l’espace aérien du Mali, bien que ce dernier ait fermé ses frontières en réponse à des sanctions ouest-africaines.

L’ambassade de France à Bamako a parlé jeudi d'”incompréhension” devant les accusations du gouvernement malien de “violation manifeste” de l’espace aérien du pays. Dans une lettre datée de mercredi et consultée jeudi par l’AFP, le commandant de la force française Barkhane, le général Laurent Michon, a écrit au chef d’état-major malien que les appareils et les véhicules français jouissaient d’une “pleine liberté de circulation” en vertu des accords existants. La junte au pouvoir à Bamako depuis le pustch d’août 2020 a fermé ses frontières aux Etats de l’organisation des Etats ouest-africains après que cette dernière eut fait de même dimanche pour sanctionner le projet des militaires de se maintenir à la tête du pays pendant plusieurs années sans élections. Depuis mercredi est posée la question de la liberté de mouvement des appareils militaires entrant ou sortant de l’espace aérien en provenance ou vers les Etats ouest-africains en question, à commencer par ceux de l’armée française et de la mission de l’ONU au Mali (Minusma). La France et la Minusma effectuent constamment des vols entre la sous-région et le Mali. Le gouvernement malien a dénoncé mercredi la “violation manifeste” de l’espace national la veille par un A400 de l’armée française faisant l’aller retour entre Abidjan et Gao, importante base française au Mali. Le gouvernement malien a dit décliner toute responsabilité quant “aux risques auxquels les auteurs de ces pratiques pourraient s’exposer”. Un responsable militaire français avait indiqué dès mercredi soir que la France n’avait été formellement informée d’aucune nouvelle restriction, et avait invoqué l’existence d’accords de défense. Dans son courrier au chef d’état-major malien, le général Michon écrit que les appareils de la force française et ceux du groupement de forces spéciales européennes Takuba rencontraient “des difficultés” depuis mardi. L’accord de 2013 déterminant le statut de la force Serval, précurseur de Barkhane, ainsi que son protocole additionnel “garantissent pourtant… une pleine liberté de circulation sur le territoire et dans l’espace aérien malien” aux avions et véhicules militaires et civils de Barkhane et de Takuba, écrit-il. “Soucieux de la souveraineté” malienne, il assure que les Français continuent “à remplir (leurs) missions (aux) côtés” des forces maliennes. Les informations sur une “supposée violation de l’espace aérien malien” relèvent d’une “incompréhension liée aux fermetures récentes des espaces aériens”, a dit l’ambassade de France dans un message répondant aux interrogations des journalistes, “mais les textes en vigueur entre le Mali et la France autorisent parfaitement le vol d’avions de la force Barkhane, y compris dans les circonstances actuelles”.