Il l’a dit lors de la traditionnelle conférence de presse de la Minusma hier jeudi 16 janvier 2020. Nous vous proposons l’intégralité de son propos.

 

» Ce début d’année et l’annonce de la reprise des travaux du CSA le dimanche prochain 19 janvier, nous donnent l’opportunité de faire le point sur tout ce qui concerne le processus d’intégration et de DDR au Mali. Comme vous le savez, ce processus simultané d’intégration et de DDR est une résultante de l’Accord de paix. Dans les quatre piliers de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il y a un pilier qui concerne la défense et la sécurité. Au sein de ce pilier, il a été prévu de mettre en œuvre le désarmement, la démobilisation des combattants, l’intégration de certains d’entre eux dans les services de sécurité de l’Etat et le DDR proprement dit, donc la réinsertion socioéconomique dans des projets individuels ou des projets collectifs.

Ce dont il faut se féliciter aujourd’hui, c’est que tous les organes nationaux qui étaient prévus par cet accord de paix ont été mis en place et sont fonctionnels. Vous avez un Conseil national de Réforme du secteur de la sécurité qui a un Secrétariat exécutif qui s’appelle le Commissariat à la Réforme du secteur de la sécurité. Vous avez la Commission nationale de DDR, vous avez la Commission d’intégration, vous avez la Commission vérité, justice et réconciliation. Je dois préciser que tous ces organes nationaux sont tripartites ou même élargis à la société civile. C’est-à-dire que tous les mouvements signataires de l’Accord de paix ainsi que le gouvernement et la société civile dans certains cas, sont représentés dans tous ces organes qui sont des organes nationaux.

Le rôle de la MINUSMA et d’autres partenaires a été d’aider à la mise en œuvre, à l’installation de ces commissions nationales depuis 2015. Progressivement comme le disait tout à l’heure mon collègue, que ce soit en expertise, en soutien dans la rédaction des textes, en logistique et en fonctionnement au quotidien, tout ça fonctionne à la date d’aujourd’hui. Une fois que ceci a été fait, à partir de l’année 2019, la MINUSMA a soutenu la Commission nationale de DDR pour faire le recensement de tous les combattants des mouvements dans tout le Nord.

Ensuite, comme il y a eu la crise au Centre, cela s’est aussi étendu à ce niveau. Le pré-enregistrement des gens a été fait. Je ne dis pas des combattants. Il y a des gens qui se sont déclarés membres de ces mouvements, qui se sont déclarés combattants. Ils sont à peu près au nombre de 74 000. Au niveau international, le DDR a des standards. Pour faire partie d’un programme de DDR, il faut être membre d’un mouvement signataire de l’Accord de paix, il faut justifier de sa qualité de combattant, il faut venir avec une arme fonctionnelle. C’est ce qu’on appelle les critères d’un DDR. Il y a un document qui a été signé en octobre 2015 par le gouvernement et tous les mouvements signataires qui a bien fixé qui sera considéré comme combattant au Mali. Donc c’est être membre d’un mouvement signataire reconnu, justifier d’une expérience de combattant (il y a des techniques d’interview pour démontrer cela) et venir avec une arme qui fonctionne pour montrer que vous étiez un combattant. Cette vérification est en cours.  Et qu’est ce qui sera fait de ces 74 000 personnes ? Il y en a parmi eux qui ont dit dès le départ, « nous irons dans le DDR ». Le DDR c’est aller dans la vie civile, être réinséré dans un projet socioéconomique.

A l’heure où je vous parle, la CNDDR est en train de s’occuper du cas de ces gens qui dès le départ ont dit, « nous on a une arme, on a la qualité d’un combattant, mais on veut rejoindre la vie civile », donc la CNDRR a signé avec la banque mondiale plusieurs conventions et ils sont en train de travailler sur ça dans les régions. Pour les autres, on va les passer au DDR comme prévu. Quand on les aura désarmés, démobilisés, certains d’entre eux, s’ils remplissent les critères, intégreront les services de sécurité de l’Etat, selon un code défini entre le gouvernement et les mouvements. Les autres vont aller à la réinsertion socioéconomique. Ça aussi a commencé. La première phase de cette intégration a été, d’intégrer les combattants du mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Il avait été créé, composé d’un tiers des FAMa, d’un tiers des éléments de la Plateforme et un tiers d’éléments de la CMA.  Et il y avait des unités du MOC à Gao, Kidal et Tombouctou. Tous ces gens qui faisaient partir du MOC, ont été intégrés dans l’armée pour ceux qui remplissent les conditions. C’est bien fixé, ce sont des critères qui ont été bien acceptés.

Pour les militaires qui ont été acceptés, s’ils veulent être officier, ils doivent remplir les mêmes conditions que n’importe quel Malien. Au total, à la date d’aujourd’hui, il y a 1 300 anciens membres du MOC qui ont déjà été intégrés, qui sont partie intégrante de l’armée malienne. Il y a 500 autres toujours membres du MOC qui étaient en retard pour diverses raisons. Il y aura une séance de rattrapage pour ces 500. Ce qui va nous amener à un total initial de 1 800. Donc ceci est la première phase d’intégration.

Les 1 300 qui ont déjà été intégrés, ont été affectés dans des unités qui vont être redéployées. On appelle cela les unités reconstituées des FAMa. Pour faire partie de ces unités reconstituées, il faut avoir fait le processus de DDR en venant d’un mouvement, il faut avoir rempli les critères pour être membre de l’armée et ensuite être redistribué dans les unités comme accepté et redéployé. Donc, le processus ne s’est jamais arrêté.

Il est prévu de redéployer initialement une unité à Gao, une à Tombouctou et une à Kidal. La priorité étant Kidal. Donc, la première unité de l’armée reconstituée qui sera redéployée le sera à Kidal. L’état-major des armées et les mouvements ont beaucoup travaillé avec nous sur ce plan de redéploiement de ces premières unités. Nous soutenons l’état-major général. Une partie de ces éléments sont déjà à Gao. L’état-major doit finaliser toutes ces étapes et les redéployer.

Notre intervention dans tout cela en tant que MINUSMA est de soutenir tout ce qui est mouvement de ces combattants, tout ce qui est hébergement dans les camps donc tout le soutien logistique que l’Etat-major nous demandera. Nous avons travaillé dessus. Le camp de Kidal a été réfectionné, nous avons déjà un élément de la MINUSMA qui est dans ce camp. Il sera donc prochainement rejoint par cette unité reconstituée dès que l’état-major général des armées et le ministère de la Défense vont donner leur feu vert.

Ce bataillon reconstitué, son rôle est premièrement d’assurer la protection du Gouverneur à Kidal. Le Gouverneur, c’est l’élément numéro un du Gouvernement à Kidal. Il va être protégé, sa sécurité sera assurée par ce bataillon reconstitué. Les autorités intérimaires, leur sécurité aussi sera assurée par ce bataillon ainsi que la sécurité du camp des FAMa qui est l’ancien camp du MOC. Ensuite, ils vont participer à la sécurité globale de Kidal grâce à des patrouilles conjointes avec la MINUSMA.

Ce bataillon, une fois pleinement opérationnel, soutiendra le processus de DDR-Intégration dans toute la région de Kidal. Il en sera de même après pour Gao, Tombouctou et Ménaka. C’est un processus qui est en cours qui doit commencer par Kidal. Pour l’instant tout est fin prêt pour le faire, il ne reste que le feu vert de l’état-major et du ministère de la Défense ».

Source: mali24