Le fils de l’ancienne otage, retenue quatre ans au Mali par des jihadistes, s’est confié sur BFMTV sur les coulisses de sa libération et regrette des “incohérences” de l’État français.
Le sentiment d’avoir été “pris pour un imbécile”. Plus de six mois après la libération de sa mère, Sophie Pétronin, otage au Mali pendant quatre ans, son fils Sébastien Chadaud-Pétronin en a dévoilé les coulisses sur BFMTV ce vendredi soir.

Le fils de l’humanitaire, enlevée en décembre 2016 à Gao et retenue captive par des jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une alliance de groupes jihadistes affiliée à Al-Qaïda, a notamment regretté l’attitude de l’État français dans la gestion de cette prise d’otage. “Il y avait pas mal d’incohérences dans les premières démarches” de l’État français, a-t-il avancé, expliquant s’être “fortement impliqué” pour faire libérer sa mère.

“Je me dis que si mon sentiment se vérifiait, j’avais plutôt intérêt à essayer de faire quelque chose (…) Je ne regrette pas d’avoir mis toute cette énergie”, a-t-il affirmé.

“Je ne suis pas pour les mascarades”

“Quand on vit une histoire pareille, on est toujours dans le doute, c’est terrible de ne pas savoir si [Sophie Pétronin] va bien, c’est très douloureux (…) A priori, on a eu raison de s’obstiner, d’être tenaces parce que finalement, on était tout près d’elle à plusieurs moments”, a-t-il dévoilé.
Libérée en octobre 2020, l’humanitaire a été accueillie par le président Emmanuel Macron à l’aéroport de Villacoublay, dans les Yvelines. Alors que le chef de l’État s’entretient avec l’ancienne otage à la descente de l’avion, Sébastien Chadaud-Pétronin préfère se tenir à l’écart.

“Je ne suis pas tellement pour les mascarades. Monsieur Macron m’a évité pendant près de quatre ans, on ne va pas faire bon copains à Villacoublay, ça ne m’intéresse pas et ça ne m’apporte rien. Il avait besoin de faire quelque chose de très protocolaire, il l’a fait, c’est très bien, moi je ne me sentais pas à ma place à Villacoublay parce que j’avais plutôt le sentiment d’avoir été écarté, ignoré et pris pour un imbécile. Je ne sais pas faire la grimace donc j’ai préféré m’écarter”, a-t-il expliqué.
“Trop tôt” pour un retour au Mali

Quant à un éventuel retour de Sophie Pétronin au Mali, “c’est encore beaucoup trop tôt” pour se prononcer, d’après son fils.

“Elle a passé cinq mois en famille, pour qu’elle puisse déjà vivre un retour à la vie normale. Peut-être qu’un jour elle ira vivre où elle a envie d’aller, mais ce qui est clair, c’est qu’il y a une zone rouge et elle a compris et admis que ce n’était pas possible d’y aller. Le jour où elle est arrivée à Bamako, elle n’avait qu’une envie: retourner chez elle, où elle a vécu 20 jours et c’est humain. À la réflexion, elle a compris beaucoup de choses”, a-t-il nuancé.
“On est en train de retourner à l’anonymat chez les Pétronin et j’espère que vous n’allez plus entendre parler de nous”, a-t-il conclu en souriant.

Fanny Rocher

BFMTV