Les autorités de transition maliennes dominées par les militaires ont nommé massivement mercredi des officiers à la place de civils aux postes importants de gouverneurs, plus hauts représentants de l’Etat dans les régions. Ce renouvellement intervient à un moment où l’emprise des militaires sur une transition censée ramener les civils au pouvoir au bout de 18 mois suscite une grogne grandissante.

Après les nominations décidées mercredi en Conseil des ministres, les postes de gouverneur dans les 20 régions sont occupés par 13 militaires, des colonels ou des généraux, et 7 civils.Dans le découpage en 15 régions préalablement en vigueur, les militaires étaient 5 pour 10 civils.Parmi les nominations notables figure celle du général Kéba Sangaré à la tête de la région de Bougouni (Sud).L’ancien chef d’état-major de l’Armée de terre (2019-2020) avait été singularisé dans un rapport d’experts de l’ONU remis au Conseil de sécurité en août pour des “prises de décision douteuses” lors du redéploiement programmé d’éléments de l’armée malienne dans le nord du pays fin 2019.Il y était aussi montré du doigt pour avoir laissé sans défense militaire, malgré les alertes parvenues jusqu’à lui, le village peul d’Ogossagou (centre) en février. La localité, théâtre le 23 mars 2019 du massacre de plus de 160 personnes par de présumés chasseurs dogons, point culminant des violences intercommunautaires au Mali, avait subi une nouvelle attaque qui avait fait au moins 35 morts.Le général Sangaré avait été limogé.Les militaires qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août après des mois de contestation politique se sont engagés à rendre au bout de 18 mois le pouvoir à des civils qui seront élus à la tête du pays pris depuis 2012 dans la tourmente sécuritaire.La junte a installé un président et un gouvernement de transition. Dans les faits, les militaires demeurent prédominants. Ils sont aussi de plus en plus accusés de chercher à caser les leurs aux postes importants.

AFP