Les autorités maliennes avaient promis de poursuivre le dialogue pour la bonne marche de la transition. C’était à l’occasion de la dernière visite de Goodluck Jonathan, le médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). La mission conduite par l’ancien président du Nigeria a écouté les protagonistes de la crise malienne en vue de résoudre les difficultés de la transition déclenchée par la démission du président IBK.

Le président Bah N’Daw a ainsi travaillé à l’apaisement du climat politique depuis quelques semaines. Son Premier ministre Moctar Ouane a rencontré la classe politique en début de février pour aplanir les divergences de vue sur le processus électoral et d’autres questions d’intérêt national. Cette initiative a été saluée par les hommes politiques qui ont longuement évoqué leurs inquiétudes sur la marche du pays.

Le chef du gouvernement avait également expliqué au médiateur de la Cedeao son intention de présenter son Plan d’action gouvernemental (PAG). Cela fut chose faite en février, et les négociateurs de la Cedeao qui tenaient à avoir une idée claire sur la feuille de route de la transition sont largement édifiés. Le Plan d’action présenté aux membres du Conseil national de transition (CNT) a été suffisamment discuté lors des débats qui ont suivi la présentation faite par Moctar Ouane.

Reste à savoir si les contestations du pouvoir vont diminuer. A l’occasion de la visite de Goodluck Jonathan, des groupes de pression dont le M5-RFP avaient présenté ce qu’ils considèrent comme des obstacles à la réussite de la transition. Ils ont dressé une longue liste de « violations » des engagements pris lors des discussions visant à instituer une transition apaisée. Ainsi, le porte-parole des contestataires, Choguel Kokalla Maïga, avait expliqué que « l’engagement partagé d’instaurer au Mali une transition civile est violé ». Il a ajouté que le Premier ministre civil est manifestement dans l’impossibilité d’exercer pleinement son autorité de chef d’un gouvernement qui lui a été imposé.

Beaucoup de représentants des forces politiques avaient affirmé que des menaces très fortes pèsent sur la tenue d’élections régulières, libres et transparentes. Pour eux, « les autorités de la transition s’éloignent de plus en plus e la mise en place d’un organe unique et indépendant de la gestion des élections qui demeure une exigence quasi-unanime de la classe politique et des acteurs sociaux et un gage de la crédibilité des élections ».

Du côté des autres acteurs politiques dont le Parena de Tiébilé Dramé, on avait estimé que le temps n’est pas l’allié de la transition. Selon Dramé, « la CEdeao court le risque d’un échec au Mali si à l’issue de la période transitoire en cours, il n’y a ni réformes ni organe indépendant en charge des élections ». Ces réformes que souhaite le Parena sont parmi les principales résolutions des assises nationales de décembre 2019.

Fort heureusement, le chef du gouvernement promet dans son plan d’action de prendre soin des résolutions des assises de ce dialogue, répondant aux aspirations de l’écrasante majorité des partis politiques et de la société civile engagée dans le processus électoral. Le Premier ministre avait aussi rencontré le médiateur de la Cedeao et il a été question des réformes à venir.

Le médiateur de la Cedeao a surtout demandé aux autorités une feuille de route détaillée de la transition, assortie d’un chronogramme. Il vient d’avoir une réponse à travers le Plan d’action gouvernemental. En clair, les autorités ont détaillé dans un document officiel tout ce qui est consigné pour la réussite de la période transitoire. Selon Moctar Ouane, la feuille de route était élaborée depuis plus de trois mois, mais elle attendait seulement d’être validée par le CNT.

Ce qui est clair, c’est que la transition est en phase avec la Cedeao qui avait demandé aux autorités de rectifier le tir pour que le pays ne plonge pas davantage dans l’incertitude. La médiation avait insisté sur la nécessité de renforcer les concertations à travers un dialogue plus ouvert à l’ensemble des parties prenantes pour assurer un processus de transition inclusif. Cela est en cours.

Oumar KONATE

Source: Journal La Preuve