Un documentaire de 80 minutes, réalisé par notre compatriote Ayouba Sow a été projeté le mercredi au siège du Fespaco.

 Ogossagou, un village situé au centre du Mali où vivent les peulhs et les dogons. Il a connu deux attaques horribles ou massacre. D’abord en mars 2019 avec près de 157 morts et en février 2020 37 morts.

Frustré de cette situation ignoble, étant peulh, le jeune réalisateur a investigué durant 2 ans afin que la population malienne soit informée des réalités de ce que vivent ces populations martyrisées.

« Ce projet de film est né de deux constats déplorables. Primo, j’ai réalisé qu’il devenait de plus en plus difficile pour moi de donner mon avis sur la crise djihadiste au Mali. À peine la discussion entamée, mes amis me faisaient savoir que je suis Peul et que je ne peux que défendre les djihadistes. Ils me lançaient des expressions du genre, ‘vos parents djihadistes ou tous les djihadistes sont des Peuls’ ce qui n’est pas évident à supporter. Par la suite, j’ai remarqué que de nombreux compatriotes évoquent la présence de mercenaires étrangers qui tueraient les civils lors des attaques comme celle d’Ogossagou et Koulogon », révèle Ayouba Sow.

Ce documentaire situe d’abord le village dans sa situation géographique en montrant et en donnant les ethnies qui y vivent. L’objet de ce film est de d’informer les Maliens sur ce qui passe dans leur pays. C’est de donner la parole aux victimes, bourreaux pour qu’ils nous expliquent leur situation et leur pensée et état d’âme, surtout leur vérité sans filtre.

Ce film veut montrer aux responsables politiques que la paix est possible à travers des discussions car tous les acteurs de cette crise ne songent qu’à l’arrêt des hostilités. Ils le disent dans le film.

« Je voudrais que tout le Mali entende ces propos. Ces réalités sont aussi transposables à la réalité du Burkina Faso. Le gouvernement du Mali doit déclarer et répéter que les peuls ne sont pas des djihadistes et que les djihadistes ne sont pas des Peuls. Ce ne sont pas que des mots. Cela sauve des vies. J’ai envie de vous dire que je suis peul. Je n’ai rien à voir avec le djihad. », dit le réalisateur.

Il ressort de ce documentaire des vidéos de propagande qui ont circulé sur les réseaux sociaux, les assaillants n’ont aucun trait étranger, dans les discours politiques, les autorités nous disent qu’il ne s’agit pas d’un conflit intercommunautaire. Et pourtant tous les éléments de ce document disent le contraire des discours politiques en son temps. Le film nous apprend aussi des informations sur l’attaque d’Ogossagou. Sur les auteurs et les victimes.

Selon lui, les considérations ethniques sont au cœur de cette crise sécuritaire qui a vidé le centre du Mali et à la fin de son enquête, il confie : « avec mes amis, nous sommes heureux et fiers d’avoir pu réaliser ce film sans compter sur aucune aide financière. Nous serons encore plus fiers si ce film devient accessible à tous les Maliens. Nous voulons rappeler que toutes les communautés peuls, dogons, bambara etc., sont victimes de cette crise. Elles ne demandent : à quand le retour des forces de sécurité afin d’assurer leur sécurité. »

Aminata Agaly Yattara

Source: Mali Tribune