La nouvelle de la démission du Général de brigade, Moussa Sinko Coulibaly, a fait trembler toute la République la semaine dernière. Du coup, les commentaires vont train. Pourquoi, a-t-il osé renoncer à son grade de général à seulement 45 ans ? Quelle assurance a-t-il obtenue pour qu’il abandonne le juteux poste de directeur de l’Ecole de maintien de la paix, Alioun Blondin Beye ? La manière avec laquelle il s’est attaqué au pouvoir en place, veut-il ressusciter l’ex Comité national de redressement de la démocratie et le rétablissement de l’Etat (CNRDRE). Voilà au tant de questions que les Maliens se posent et auxquelles dans ses nombreuses interviews il n’a pas encore apporté de réponses.

Il faut avouer que le Général de brigade Moussa Sinko Coulibaly a pris de court tout le monde en démissionnant de l’armée le jeudi dernier. C’est une décision à laquelle aucun Malien ne s’attendait, sauf peut-être ceux qui sont dans les secrets de Dieu. En tout cas, la manière avec laquelle, il s’est attaqué au régime d’IBK en dit long sur ses vraies intentions et rappelle notre triste histoire en mars 2012. En effet, à deux mois de la fin de son mandat, des putschistes emmenés par un certain Amadou Aya Sanogo, dont Moussa Sinko était une des têtes pensantes, interrompaient le régime d’ATT.

A l’époque, ils avançaient l’incapacité d’ATT à gérer le pays, notamment à faire face à la crise du Nord et l’insuffisance d’équipements pour les militaires pour faire face à l’invasion de notre pays par les rebelles. Aujourd’hui encore, aussitôt après sa démission, c’est presque les mêmes termes évoqués par le général démissionnaire pour justifier son désaveu pour le régime d’IBK. A la suite de sa démission de l’armée, Moussa Sinko n’a pas été tendre avec le pouvoir en place. Comme s’il se rappelait encore 2012, il a dénoncé le manque d’initiative, l’incapacité du régime en place à faire aux problèmes du pays. Des mots que même l’opposition politique n’a pas encore utilisés. L’ex directeur de l’Ecole de maintien de la paix va loin en disant que tout sauf IBK en 2018.

En un mot, il a prôné la mise en place d’un mouvement politique qui regrouperait l’ensemble des Maliens qui aspire au changement pour barrer la route au Président IBK. Quelle audace ! Plus ou moins, Moussa Sinko se positionne déjà comme le « Macron malien » dans la perspective de la présidentielle de 2018. Puis que dans sa lettre de démission il dit vouloir « contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politique, économique, éducatif, culturel et social auxquels notre pays est confronté ». De manière implicite, il a déclaré sa candidature à la présidentielle de 2018. Même s’il dit vouloir attendre les semaines, c’est clair qu’il se positionne par rapport à la prochaine élection présidentielle.

Faut-il le prendre au sérieux ? C’est clair qu’il n’est pas à minimiser. De son poste de directeur de l’école de maintien de la paix, Moussa Sinko était un interlocuteur privilégié de toutes les chancelleries occidentales et même orientales. Dans son ex bureau, il recevait tous les jours des ambassadeurs de puissants pays partenaires du Mali. Lesquels ont dû lui chuchoter quelque chose à l’oreille. S’il a renoncé à son grade de général et à ce juteux et stratégique poste, c’est qu’il a dû entendre des choses ou du moins il a eu des assurances ou qu’il dispose des cartes en mains pour succéder à IBK. Ce qui est un pari pour le moment très loin d’être gagné.

Autre chose, c’est un général de l’armée malienne. Il est supposé avoir ses fidèles dans la grande muette. C’est un détail très important qu’il ne faut pas négliger pour qui connait le rôle que l’armée a joué dans l’élection d’IBK en 2013. Sans compter avec le bal des opportunistes qui vont se ruer vers lui s’il s’avère que la direction du vent est effectivement vers le jeune général démissionnaire. A suivre.

Youssouf Bamey        

SourceLa Lettre du Peuple