La violation de l’engagement partagé d’instaurer au Mali une Transition civile ; des menaces très fortes sur la tenue d’élections régulières, libres, transparentes et crédibles ; un processus non inclusif de révision de la Constitution ; l’inacceptable mise en place rampante d’un régime autocratique… sont, entre autres, les péchés que reproche le mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) aux autorités de la transition, particulièrement les ‘’colonels’’ du CNSP. C’était devant le Médiateur de la CEDEAO au Mali, Goodluck Jonathan, qui est arrivé à Bamako le lundi dernier dans le cadre du suivi de la transition.

Dans son intervention, le président du comité stratégique du M5-RFP a dénoncé les tares de la transition qui, selon lui, peuvent être synthétisés en quatre points.

Le M5-RFP reproche aux militaires la violation de l’engagement partagé d’instaurer au Mali une Transition civile

Selon l’ancien patron de l’AMRTP, les militaires ont violé leur engagement de remettre le pouvoir aux civils après des concertations nationales. Cela, par la nomination d’un colonel-major à la retraite comme président de la transition. Ce dernier, selon le M5-RFP, ne détient pas la réalité du pouvoir. Aussi, indique Dr Choguel Kokalla Maiga, les véritables leviers du pouvoir sont détenus par le Vice-président de la Transition, un militaire chef de la Junte ; les postes clés du gouvernement sont détenus par les militaires membres de la Junte ; les 4/5 des ministres ont été désignés par la Junte sur la base des seules affinités ; le Premier ministre civil est manifestement dans l’impossibilité́ d’exercer pleinement son autorité́ de Chef d’un gouvernement qui lui a été imposé ; le Président du Conseil National de la Transition ( CNT ) est un militaire membre de la Junte ; tous les membres du CNT ont été nommés par le vice-président de la Transition en violation flagrante et dans le mépris total des décrets sur la mise en place de l’organe et de la Charte de la Transition…

Menaces sur la tenue d’élections régulières, libres, transparentes et crédibles

Comme le parti de Tiébilé Dramé, le M5-RFP trouve nécessaire la mise en place d’un organe indépendant de gestion des élections. Or, selon Dr Maiga, les autorités transitoires ne semblent pas être dans des dispositions à créer cet organe. « En effet, les autorités de la Transition s’éloignent de plus en plus de la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion des électionsqui demeure une exigence quasi-unanime de la classe politique et des acteurs sociaux et un gage de la crédibilité́ des élections »,  a déclaré le président du comité stratégique du M5-RFP devant Goodluck Jonathan. Il n’en décolère pas et fustige la mise en place, par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, d’une cellule d’appui. Cette cellule, aux yeux du M5-RFP, s’est de « façon inacceptable accaparée »de certaines prérogatives de la Commission Électorale Nationale Indépendante ( CENI ) et de la DélégationGénérale aux Élections ( DGE).«Tout laisse croire que par ce biais, les autorités de la Transition veulent organiser une cession du pouvoir après une parodie d’élection »,prévient le président du MPR.

Le processus de la révision constitutionnelle jugé non inclusif

« L’opinion nationale en général et le M5-RFP en particulier ont entendu avec effarement un membre du gouvernement annoncer que le processus de révision de la Constitution a démarré́ », a déclaré le président du M5-RFP devant le chef de la mission de la CEDEAO au Mali, Goodluck Jonathan.  Or, ce processus, dit-il, ne saurait en aucun cas être ni technocratique ni secrète mais au contraire ouverte, inclusive et consensuelle.

Le M5-RFP crie à la mise en place rampante d’un « régime autocratique »

En plus de son communiqué d’il y a quelques jours, le M5-RFP a dénoncé, devant la CEDEAO, les arrestations qu’il qualifie « d’extrajudiciaires ». Ces pratiques ne sont pas, selon le mouvement hétéroclite, inacceptables dans un État de droit nonobstant la présentation ultérieure des personnes « enlevées » devant les autorités judiciaires . Ce n’est pas tout, le M5 dénonce la mise en place du CNT. «Mais c’est la mise en place du CNT qui est l’illustration la plus achevée du mépris affiché pour l’État de droit et l’imposition, par la force et la manipulation, des desideratas de la Junte militaire qui d’ailleurs continue à exister en droit et en fait à Kati », a  déclaré Dr Choguel Kokalla Maiga avant d’ajouter que « qu’un acte formel de dissolution du CNSP doit intervenir sans délai .

Boureima Guindo

Source: Journal le Pays- Mali