Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Et celle qui s’achève à bien des égards, n’a pas du tout comblé les attentes des Maliens. Coups tordus, croc-en-jambe, délation, fausses alliances, malversations…les mots manquent pour répertorier tous les mauvais coups et forfaits commis par le milieu politique malien.

On se souvient comme hier, de la bataille rangée autour de la modification de la constitution du Mali. Après avoir défendu et obtenu  l’adoption de la loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992 par le parlement, le gouvernement par la voix de son porte parole Me Kassoum TAPO a indiqué que ‘’la seule justification de cette révision est le confort de notre démocratie, une exigence de la situation politique ainsi que de la communauté internationale qui nous accompagne’’. Le peuple représenté par les associations de la société civile, se lève comme un seul homme pour dénoncer les mauvaises intentions de l’exécutif et se dit prêt à en découdre avec lui, s’il ose toucher à une seule virgule de la constitution.

Partout en Afrique où le chef de l’Etat a décidé de modifier la constitution pour en corriger les insuffisances afin de renforcer la démocratie, le peuple a toujours réagi et s’y est opposé, parce que les populations ne font plus confiance aux gestions claniques et non transparentes des leaders africains. Le peuple malien ne fait pas exception à la règle, il redoute qu’en fin des comptes, cette constitution modifiée ne confère au président Ibrahim Boubacar KEITA, un rang de monarque disposant ainsi de tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) de déverrouiller la Constitution. Face à cette résistance, ce dernier a finalement lâché prise.

Dur dur le jeu politique au Mali, l’arrivée au pouvoir d’IBK semble ouvrir les vannes à toutes les fausses irrégularités et coups fourrés du combat politique. Comme le dit si bien un adage de chez nous : ‘’Toute société civilisée a droit à son contingent d’escrocs, d’assassins, de policiers véreux, de femmes légères, de politiciens douteux et de redresseurs de tort.’’ Mais dans une proportion donnée tout de même. Il y a un quota normal, qui est largement dépassé dans notre pays. Hélas, difficile de parler de la moralisation de la vie publique et de la gestion transparente des affaires de la cité dans ces conditions.

La polémique autour des affaires concernant l’achat de l’avion du Président IBK, les 70 milliards de francs CFA, dont 32 milliards en fraude et 37 milliards de francs CFA en mauvaise gestion, le duel entre le Ministère de tutelle et la FEMAFOOT entrainant l’arrêt du championnat national, les 150 hectares de terrain attribués au leader islamique HAIDARA, l’interpellation de Ras-Batch, les déguerpis de Ami KANE, l’AEEM, les grèves perlées de revendications d’augmentation de salaire… continuent de faire couler beaucoup d’encres et de salives. Des lors, l’Etat malien apparait comme une véritable vache laitière, pour les délinquants à col blanc. La corruption et l’impunité se donnent la main pour défier un peuple déjà meurtri où des populations ont à peine un repas par jour.

Comme si cela ne suffisait pas, les révélations sur le nord Mali viennent de montrer que l’accord pour la paix et la réconciliation, issu d’un marathon de négociations à Alger, qui porte l’espoir d’un retour rapide de la paix est dans l’impasse. Plombé par le conflit intercommunautaire opposant Ifoghas et Imghads à Kidal, le processus de mise en œuvre de l’accord est complètement aux arrêts. Sur une bonne partie du territoire national, la souveraineté de l’Etat est totalement absente. La partition du pays est presque consommée. Le cas Kidal suffit pour preuve. Certains le disent haut et fort: le Mali a perdu le nord du Mali et est aujourd’hui en train de perdre une grande partie du centre qui est devenu un véritable no man’s land à cause du diktat des terroristes dans la zone.

Dans ce feuilleton rocambolesque sur fond de magouille politico-juridique à relents de corruptions, nos hommes politiques ont démontré à la perfection leurs maestro dans l’art de faire le mal. Du coté de l’opposition, les faits marquants de l’année en cours d’achèvement restent et demeurent la crise profonde qui sape et branle les bases mêmes des grands partis à savoir la transhumance politique, le sport favoris des députés et des militants. A quelques mois des élections présidentielles, l’opposition ira-t-elle en rang dispersé? Seule l’avenir nous le dira. Pour l’instant, c’est le train train quotidien habituel. Les partis se créent à tout de bras et les alliances se font et se défont.

Philippe Charles

 

Source: Le Républicain