Le Mali a porté plainte contre la France en saisissant, officiellement, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), pour collision avec des groupes terroristes auxquels l’armée française apporterait, preuves à l’appui, des aides multiformes, notamment en armements et en renseignements. Après cette saisine, datée du 16 août 2022, le monde entier est suspendu aux lèvres du Conseil de sécurité qui, pour une fois, devra trancher, en toute impartialité, entre David et Goliath. Il y va de sa crédibilité, comme de son avenir aussi. En attendant, nous avons requis l’avis de certains de nos compatriotes sur la démarche audacieuse des autorités maliennes, voici ce qu’ils en pensent :

Seydou Oumar Traoré, activiste

Cette saisine, datée du 16 août courant et signée par le Ministre Abdoulaye Diop, réclame la tenue d’une réunion d’urgence visant à faire un point sur la situation dans le pays. Si le Conseil de sécurité de l’ONU refuse de faire comparaître la France pour exactions commises sur notre sol, cela voudrait dire que cette organisation est fondée sur le mensonge. Cette saisine, pour les panafricanistes, est une victoire même si la France reste pour le moment silencieuse là-dessus.

Mamadou Ombotimbé, ancien agent de sécurité

Je ne sais pas pourquoi l’Onu tarde à examiner la plainte du Mali. Cela me rappelle le Président Ahmed Sékou Touré qui était tout le temps opposé à l’injustice occidentale. Je suis convaincu qu’il n’y aura pas de rencontre sur ce sujet. Toutefois, le peuple malien ne cessera jamais de dénoncer des violations répétées de l’espace aérien du Mali, par la France.

Djimé Traoré, Enseignant-chercheur

Je pense que le Mali possède des preuves tangibles contre la France. Le Gouvernement assure, à ce propos, disposer de preuves et être prêt à les présenter au Conseil de sécurité. Les autorités ont affirmé que des éléments indiqueraient que la France avait collecté des renseignements au Mali afin de les fournir à certains groupes terroristes et aurait  livré des armes et des munitions à ces derniers. Ces accusations interviennent au lendemain du départ du Mali, des militaires français de l’opération Barkhane.

Boureima Traoré, juriste

On sait que l’armée française livre des armes et des renseignements aux groupes terroristes. Certaines chaînes internationales trouvent que la saisine du Mali est une accusation très grave. Mais elles oublient que le Mali détient des preuves matérielles contre la France. Notre Ministre des Affaires étrangères a même écrit, dans sa lettre, que des preuves existent et sont détenues par les autorités maliennes. Les actes incriminés sont, de la part de la France, une atteinte grave à la stabilité et à la sécurité de notre pays. depuis plus de dix jours que la saisine est faite,  le Conseil de sécurité n’a toujours pas convoqué la France pour l’entendre sur le dossier. Je ne suis pas certain que cette réunion se tiendra.

Madymoussa Sissoko, Calligraphe

À ce jour, aucun pays africain et, en particulier, les pays membres de la Cédéao n’ont apporté leur soutien à la demande malienne devant le Conseil de sécurité. Nous sommes membre du Conseil, c’est une condition sine qua non pour que notre requête soit prise en compte. De toute façon, l’initiative du Mali de convoquer la France auprès de l’ONU est salutaire. Si la France tentait d’empêcher un débat sur le sujet, ça voudrait dire que le Mali a gagné. On est fier de nos dirigeants.

Adama Traoré, pompiste

 Selon moi, les autorités françaises doivent savoir que le Mali a évolué et que les mentalités sont en train de changer. Nous ne sommes plus dans les années 60 voire 90. Nous sommes la génération des nouvelles technologies et de la mondialisation. On sait ce qui se passe aux États-Unis ou en Australie, en passant par le Cameroun.

Amadou Garan Faïnké, Agent comptable

Il faut une nouvelle stratégie et de nouvelles conditions pour que la France puisse revenir au Mali. Il s’agira, dans ce cas, d’un partenariat d’égal à égal, sinon, son retour en terre malienne sera compliqué. Le Mali prend le monde entier à témoin face à la France.  Les preuves du soutien de la France aux groupes jihadistes seront gardées dans nos archives, pour être présentées aux futures générations afin qu’elles comprennent que l’Etat français est une organisation criminelle, visant à détruire les Africains pour la sauvegarde des supposés intérêts du peuple français.

Propos recueillis par M. Sangaré

Chapô de Tiécoro Sangaré

Source: Les Échos- Mali