Pour contribuer à bouter l’extrémisme violent hors du Sahel, l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD) a organisé, ce mardi 10 mai 2022, un café politique regroupant les jeunes du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Ce cadre de concertation avait pour objectif de disséquer le problème dans le fond et proposer des pistes de solution, à même de contribuer à éteindre le fléau.

« Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à définir le problème, et seulement cinq minutes pour le résoudre ». Cette citation d’Albert Einstein illustre l’action menée par le NIMD, qui a organisé un cadre d’échange avec les jeunes dont le thème est : “les jeunes face à l’extrémisme violent au Sahel : Enjeux, défis et perspectives pour la refondation de nos Etats. Ce panel a été l’occasion de bien poser le débat sur la question du terrorisme, afin de tirer la solution qui se dégage.

Pour l’occasion, trois acteurs de premier plan de la vie socio-politique et intellectuelle des trois pays sont intervenus en tant que panélistes. Il s’agit d’Ibrahim Maïga du Mali, analyste sur les questions de paix et de sécurité au Sahel ; du Pr Mahamadou Alou Tidjani, politologue au Niger et de Youssouf Ben Nassirou Bâ, juriste chercheur pour le compte du Burkina.

« La lutte contre le terrorisme nous concerne tous », Youssouf Bâ

Evoquant le rôle des jeunes dans le terrorisme, Ibrahim Maïga précise que « les jeunes au Mali font face à d’énormes défis et sont souvent contraints par les terroristes à se rebeller contre leur État ». Pour Mahamadou Tidjani, on ne peut parler de terrorisme sans pointer du doigt la répartition non équitable des ressources. A ce lot, vient « s’ajouter l’éducation des jeunes, qui aujourd’hui, dans nos sociétés, a volé en éclat ».

Quant à Youssouf Bâ, tout en soutenant les propos de ses prédécesseurs, il renchérit en disant que « les jeunes constituent la majorité de la population dans ces trois pays. Si le développement doit se faire, ils doivent être le maillon central. Si l’Etat est tiré vers le bas, c’est que la jeunesse a été ciblée et qu’elle constitue la base du terrorisme. En sus, il souligne que dans la lutte contre le terrorisme, les militaires dépêchés sur les théâtres d’opération sont en grande partie des jeunes. Ils sont par conséquent à toutes les échelles de l’action terroriste, non seulement en tant que coupables, mais aussi en tant que victimes ».

« La lutte contre le terrorisme nous concerne tous », Youssouf Bâ

Toutes ces contributions ont conduit les panélistes à conclure que la lutte contre le terrorisme implique l’action de tous. Par ailleurs, Youssouf Bâ précise que la jeunesse constitue la clé de voûte du terrorisme. Elle devrait donc occuper une place de choix dans l’échiquier sous régional. A ce propos, il signifie « qu’elle devrait être recadrée, réformée et impliquée de manière active dans la lutte contre le terrorisme ».

Pour les jeunes participants à ce panel, l’initiative qui d’ailleurs arrive à point nommé est louable, car elle leur a permis de cerner les rôles qu’ils jouent dans le terrorisme. « Personnellement, je savais que la femme y jouait un rôle, mais je ne savais précisément pas lequel. A travers ce panel, j’ai appris que ce sont elles qui acheminent le matériel aux terroristes. C’est choquant, mais j’ai la ferme conviction que les formations qui nous sont octroyées régulièrement, nous permettront d’être aguerries sur la question et pouvoir être les instigateurs de cette lutte contre le terrorisme », témoigne Kadi Sanou, une participante.

 

En rappel, l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite existe au Burkina depuis le 25 août 2021. Elle a pour mission de contribuer à la préparation d’une nouvelle génération d’acteurs politiques.

Erwan Compaoré
Lefaso.net