Billet. Une lectrice de Sahel Tribune a bien voulu nous soumettre une contribution dans laquelle elle évoque son histoire amoureuse contractée à l’École normale supérieure de Bamako. Nous publions sous anonymat son texte en deux parties. Voici la première.

Tout a commencé quand j’ai eu l’occasion de poursuivre des études supérieures après ma maîtrise. C’était il y a quatre ans à l’École normale supérieure. C’est à peine arrivée dans cette prestigieuse école, deux ou trois mois après le début des cours, qu’il m’a abordé avec enthousiasme, sourire et son sens d’humanité. Il avait surtout l’envie de réunir les nouveaux venus autour d’un seul objectif. Objectif qui était, sans nul doute, autour d’une association estudiantine.

Quelques semaines après, on était devenus des très bons camarades. Le plus fou d’ailleurs dans tout cela est que j’ignorais encore son nom. Je n’avais pas eu le courage de lui demander ou, du moins, je me sentais mal à l’aise de le faire. Surtout étant donné qu’il connaissait déjà mon nom, ma filière d’étude, la salle dans laquelle je prenais mes cours et même mes fréquentations. Tout ce que je savais de lui est qu’il a deux amis avec qui il est tout le temps.

Juste quelques minutes

Il était 17 heures, ce soir-là, quand il est venu me retrouver dans le parking, prête à rentrer à la maison, pour me demander de lui accorder juste quelques minutes. Avant d’accepter sa proposition, et étant si étonnée de le voir seul, je lui ai demandé où est sa « bande » — en référence à ses deux amis. Souriant, il m’a répondu qu’ils vont bien, mais qu’il veut me parler tête-à-tête. J’ai donc accepté de l’écouter afin de savoir ce qu’il avait à me dire.

On s’est assis sur ma moto. Après les salutations d’usage et tant de tournures autour de l’essentiel, il a fini par m’avouer qu’il avait des sentiments pour moi. Cela m’a surpris, surtout de sa part. Je ne m’attendais pas à cette déclaration. Alors j’ai joué à la timide. Comme je n’avais pas de réponse à lui donner sur le coup, il m’avait fait promettre de prendre le temps de réfléchir à sa proposition afin de lui répondre ultérieurement. Chose promise, on s’est donné au revoir et chacun a pris son chemin.

Longues heures à réfléchir

Arrivée à la maison, j’ai passé de longues heures à réfléchir et méditer sur sa demande. À mon avis, toute relation amoureuse doit avoir pour but le mariage si réellement l’amour, le respect et la confiance y sont. Mais, dans mon cas, il manquait une pièce du puzzle : la confiance qui était indispensable à mes yeux. Pendant plus d’un trimestre, une série de questions ne cessaient de me tarauder l’esprit : « Ses sentiments sont-ils vraiment sincères ? M’aime-t-il réellement comme il me le fait croire ? Est-ce qu’il a des projets à long terme avec moi ? Dans tout ça, et moi dans l’histoire, qu’est-ce que je veux, qu’est-ce que j’attends de lui ? Suis-je capable de tout sacrifier par amour, jusqu’où suis-je capable d’aller pour lui ? Ainsi de suite. »

Au moment où j’étais là à réfléchir à tout ce qui peut arriver, à trouver une réponse à toutes ces questions, il s’est lassé de se battre. Chose dont je n’ai jamais cessé de faire, car c’était la première fois qu’un homme m’intéresse. Quand je me suis rendue compte qu’il ne me parlait plus d’amour ni de ses sentiments pour moi alors je n’avais plus de raison d’y penser. J’ai eu la sagesse de mettre une croix sur cette phase de ma vie malgré que je n’ai cessé d’y penser. J’étais persuadée que c’était fini, cette histoire. Mais je me trompais : les choses ne faisaient que commencer.

Voyage d’intégration sur Dakar

Après tant de mois passés, ladite association dont j’ai adhéré par estime pour lui a organisé un voyage d’intégration sur Dakar. Un voyage que je n’oublierai jamais. Un voyage que j’ai surnommé mon chemin vers l’amour. Le fameux jour où j’ai décidé de prendre part à ce voyage, j’étais inquiète, abasourdie, mais heureuse en même temps, car mon amoureux faisait partie des participants. Il fut la première personne que j’ai informée de ma participation à ce voyage. Et, à ma grande surprise, il m’avait répondu qu’il y serait aussi. Ce voyage de Bamako-Dakar n’a duré que deux jours, mais son enthousiasme, son sens de l’humour, sa vivacité pendant ces 48 h ont été largement suffisants pour me faire tomber follement amoureuse de lui.

Les quelques jours passés ensemble dans notre logement à Dakar, précisément dans le quartier de Médina, ont renforcé davantage tout ce que je ressens pour lui. On se voyait à chaque instant. Je pouvais sentir sa présence, qui me rendait si heureuse et vivante en même temps, malgré qu’il ignorait encore mes sentiments pour lui. Je ne pouvais pas lui dévoiler mes sentiments, du moins verbalement. Je n’avais pas cette force, ce courage qu’il avait eu en un moment donné. Alors j’ai décidé de faire à ma manière. Cela m’a pris du temps, des mois de sacrifice, de souffrances, mais il a fini par se rendre compte de mon amour à son égard.

Retour au pays

L’envie m’a effleurée plusieurs fois de lui parler de mon amour, mais je me suis tue. Après une très bonne semaine passée à Dakar en compagnie des amies, des camarades, des connaissances, nous sommes revenus au pays. C’était les vacances et chacun est rentré chez lui. Pendant ces vacances, il m’avait contactée une fois, et juste en tant qu’ami, mais cela m’a permis de savoir qu’il ne m’avait pas oubliée : que je comptais pour lui. Après son appel, pour la première fois, j’ai parlé de lui à mes sœurs. J’ai pu extérioriser avec elles ce que j’avais à l’intérieur depuis tant de mois.

Je ne pouvais parler de lui qu’à ma sœur ainée et à notre benjamine. Et les instants passés à parler de lui étaient si merveilleux. Pendant toutes les vacances, je n’avais aucune nouvelle de lui après cet appel. Mais les souvenirs que j’avais de lui étaient largement suffisants pour me rendre heureuse. Et bien évidemment, les vacances n’ont duré que deux mois et il fallait retourner à Bamako.

Source: Sahel Tribune