BAMAKO – Alors que la publication des résultats provisoires officiels se confirme pour jeudi matin, le gouverneur dus district de Bamako, Georges Togo, a dressé mercredi dans un entretien à Xinhua le bilan du second tour de la présidentielle mieux tenu dimanche au Mali que le premier tour le 28 juillet, mais aussi émaillé de défaillances matérielles qu’il a déplorées.

“Dire qu’on est satisfait, c’est trop. Mais ça s’est mieux déroulé qu’au premier tour. Pour moi, il y a encore des choses qu’on peut mieux faire, comme la mise en place des matériels électoraux qui n’a pas été faite avant dimanche”, a déclaré Georges Togo qui, à l’occasion du scrutin, avait publié un avis dans les bureaux de vote de son unité de commandement indiquant que “seules les personnes détentrices de la carte NINA individuelle ou de procuration dûment établie ont accès au centre de vote”.

Dimanche matin au centre de vote du lycée Mamadou Sarr de Bamako, il s’était vu en train de reprocher au responsable du bureau de vote où avait voté par la suite le président par intérim Dioncounda Traoré, de n’avoir pas signalé la mise à sa disposition d’un nombre insuffisant de scellés pour les urnes que venait de découvrir le chef de la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE), Louis Michel.

“Je suis dehors depuis 6h30 (locales, même heure GMT, NDLR). Je suis là parce que le président arrive”, avait alors indiqué à Xinhua. C’était après avoir fait savoir qu’il faisait “le tour ( des centres de vote son unité de commandement) pour voir là où il y a des problèmes et trouver des solutions rapidement”.

Gorges Togo, dont le nom se confond avec celui d’un pays de la région d’Afrique de l’Ouest à laquelle le Mali appartient, a jugé anormal de constater que certains matériels électoraux ont été fournis le jour du vote au second tour, à l’exemple des lampes- tempête qui ont fait défaut dans certains cas à cause du vol de certains agentes électoraux après le premier tour le 28 juillet.

Pourtant, a-t-il rappelé lors de l’entretien mercredi en mi- journée à son bureau où il a reçu Xinhua sans qu’un rendez-vous ait été pris au préalable, “les urnes, les isoloirs et tous les documents nécessaires pour le vote doivent être mis en place au plus tard le samedi soir”.

A l’en croire, cette défaillance matérielle a surtout été observée “beaucoup plus en commune 6, avec moins d’acuité en commune 1 et en commune 5″.

Le gouverneur du district de Bamako a cependant récusé les allégations de fraudes massives en faisant prévaloir la mise en place d’un dispositif de sécurisation des opérations électorales qui fait qu'”il ne peut pas y avoir de bourrage d’urnes dans le système malien”.

Car, a-t-il martelé, “chaque président de bureau de vote prend son urne le matin du jour du vote chez le coordonnateur du centre, en présence des forces de l’ordre. Et le soir à la clôture, le même président, en compagnie des délégués des candidats transportent l’urne et les documents du vote vers le coordonnateur du centre, pour la lui remettre contre décharge”.

C’est aussi sous escorte policière que l’urne sera transportée vers l’autorité administrative avec les bulletins de vote dépouillés, avant son acheminement vers la Commission nationale de centralisation des votes, apprendra-t-on par ailleurs.

Bien qu’ayant concédé sa défaite en se rendant chez rival Ibrahim Boubacar Keïta qu’il est allé féliciter avec femme et enfants lundi soir à son domicile, Soumaïla Cissé, l’un des deux candidats du second tour a persisté dans ses accusations de fraudes massives lors de ce scrutin, faisant état de bourrages d’urnes puis d’intimidation et d’interpellation de certains de ses mandataires dans certaines circonscriptions.

La capitale Bamako n’est pas pointée par la déclaration lue à la presse auparavant en journée par le coordinateur national de la campagne de l’ex-ministre des Finances, Gouagnon Coulibaly. Mais, le texte soulignait tout de même que “les résultats attribués à notre adversaire et l’écart constant dans les bureaux de vote dus district de Bamako amènent à se poser beaucoup de questions d’autant que de l’avis général la mobilisation a été moins forte qu’au 1er tour”.

Le gouverneur nuance toutefois son propos en disant ne pas exclure l’hypothèse des fraudes où un électeur peut utiliser la carte électorale d’un autre pour voter. Sauf que, dans ce cas, “le tricheur, assure-t-il, s’expose, courant le risque d’être démasqué. Parce que ce qui est certain, c’est que quelqu’un ne peut pas voter deux fois”.

“Sur la liste électorale, il n’y a qu’une seule possibilité de vote. La liste électorale est unique et chacun y trouve son nom une seule fois”, a-t-il professé.

Sur les accusations d’interpellation des mandataires de Soumaïla Cissé dont le camp a avancé à Xinhua le chiffre d’une quinzaine à une vingtaine de personnes incarcérées dans les cellules des commissariats du 3e et du 6e arrondissement, Georges Togo a affirmé ne pas en être informé.

“Je ne suis pas au courant. Et je ne cherche pas à m’informer, parce que je n’ai pas été saisi. Personne n’a informé par rapport à un mandataire enfermé. Pourtant, c’est moi l’organisateur principal des élections dans le district de Bamako”, a-t-il laissé entendre.

C’est dans les locaux du gouvernorat de Bamako qu’aura lieu, sauf changement de dernière minute, la proclamation des résultats provisoires officiels des résultats du second tour de la présidentielle jeudi matin dès 10h par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et l’Aménagement du territoire, Moussa Sinko Coulibaly.

Ce sera dans une salle d’une capacité estimée entre 150 et 160 places, a précisé le gouverneur pour qui “la salle est prête” pour abriter la cérémonie tant attendue par les Maliens et la communauté internationale qui a accompagné le Mali dans le processus visant le rétablissement de la paix et de l’autorité de l’Etat après la guerre au Nord et le coup d’Etat de mars 2012.

Raphaël MOVOGO

Source: Xinhua