L’enquête de vérification de l’utilisateur final a ciblé 75 structures de santé dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et dans la capitale pour jauger la disponibilité des intrants antipaludiques 

 

 

Le paludisme est une endémie majeure en Afrique. Avec le soutien des partenaires techniques et financiers, les pays déploient de gros efforts pour circonscrire le fléau. C’est dans cette vision globale de réduction de l’incidence de la maladie que s’inscrit l’Initiative du président américain pour la lutte contre le paludisme (PMI). Dans les pays qui bénéficient du financement de PMI, une enquête de vérification de l’utilisateur final des antipaludiques (EUV) est menée deux fois par an.

 

 

Les résultats de la 5è EUV dans notre pays ont été restitués hier au Centre Aoua Keïta, au cours d’un atelier organisé par SIAPS, le sigle anglais du Système d’amélioration de l’accès aux produits et services pharmaceutiques, en collaboration avec le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et l’USAID. La cérémonie était présidée par le Dr Mamadou Namory Traoré,  conseiller technique au ministère de la Santé, et en présence des docteurs Sadou Aboubacar, représentant de USAID/PMI, Diakalia Koné, directeur du PNLP, et Nouhoun Koné, directeur national adjoint de la santé. On y notait aussi la présence de la coordinatrice du programme SIAPS, Constance Touré, et de Bakary Keïta, le représentant de la Fédération nationale des associations de santé communautaire (Fenascom).

 

 

Dans les pays en développement, le paludisme constitue un fréquent motif de consultation dans les structures sanitaires. Notre pays multiplie les initiatives et les actions de prévention et de prise en charge des cas de paludisme. Ces efforts de prise en charge de cas simples chez les enfants et les femmes enceintes reposent sur une politique de gratuité qui nécessite la disponibilité des intrants (médicaments, notamment les combinaisons thérapeutiques à base d’artémesinine « CTA », la Sulfadoxine pyréméthamine (SP) et des moustiquaires imprégnées d’insecticide.

 

 

Pour Mamadou Namory Traoré, l’EUV contribue à réduire la mortalité et la morbidité liées au paludisme en améliorant la disponibilité, la gestion et l’utilisation des intrants antipaludiques dans les établissements sanitaires. Elle permet aussi de corriger les lacunes constatées dans la prise en charge des cas.

 

 

Initialement, l’EUV était menée 4 fois dans l’année, a expliqué le Dr Sadou Aboubacar. Elle permet d’avoir un aperçu de la disponibilité des intrants. Selon le représentant de USAID/PMI, son organisation a investi 130 millions de dollars,  soit un peu plus de 65 milliards Fcfa dans la lutte contre le paludisme au Mali. Il a également rappelé que près de 60% de ce montant ont été consacrés à l’acquisition des intrants.

 

 

Auparavant, le directeur général du PNLP a rappelé l’urgence et la nécessité de faire de bonnes recommandations afin d’aplanir les lacunes constatées dans l’utilisation des antipaludiques.

L’EUV est un outil d’évaluation de PMI pour apprécier  l’approvisionnement et l’utilisation des antipaludiques dans toute la pyramide sanitaire. Les résultats présentés par le Dr Seydou Fomba du PNLP, attestent que l’enquête a touché 75 structures de santé dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou et dans le district de Bamako.

Un contrôle sur la chaine d’approvisionnement a permis de constater que les structures disposent de kits de test de dépistage rapide (TDR) à l’exception des hôpitaux de Kayes et Ségou. Le TDR est plus disponible dans les centres de santé communautaires (Cscom) avec 100% à Ségou et Kayes. A Koulikoro et Sikasso, respectivement 87,5% et 66,67% des Cscom disposent de ce test.

L’enquête s’est aussi intéressée aux établissements disposant de l’artemether-lumefantrine (ALU), notamment les plaquettes de 6 comprimés. Cette combinaison thérapeutique est disponible à 100% à l’hôpital et au centre de santé de référence (Csref) de Kayes et dans les Cscom et l’hôpital de Ségou. Au Csref de Koulikoro, il n’est disponible qu’à 60%.

 

 

Globalement, les structures de santé qui disposent des 4 présentations de l’ALU, c’est-à-dire des plaquettes de 6, 12, 18 et 24 comprimés représentent 4,41% de l’échantillon de l’enquête. 25% disposent de 3 présentations, 48,53% de 2 présentations d’ALU et 8,82% d’une seule présentation. Mais un constat amer a été dressé à ce niveau. 13,24% des structures ne disposent d’aucune présentation de cette combinaison thérapeutique.

 

 

Pour l’aspect péremption, 75 TDR périmés ont été inventoriés au Csref de la Commune VI. Pour les conditions de stockage, globalement les structures  sont dans les normes mais il reste à faire des efforts d’amélioration des conditions de stockage à l’hôpital régional de Ségou.

 

 

La dernière EUV a  aussi relevé un pourcentage important de cas de paludisme simple, diagnostiqué biologiquement et cliniquement dans les Cscom. Mais il y a eu des diagnostics par microscopie dans les Cscom à Kayes (1,98%) et Ségou (2,71%).

 

 

Les communications, alternant avec les échanges, ont permis de faire des recommandations dans le sens de la correction des insuffisances constatées sur le terrain pour assurer une meilleure disponibilité des intrants et une bonne prise en charge des cas de paludisme.

B. DOUMBIA