Depuis hier lundi 26 avril, les opérateurs gaziers ont arrêté d’approvisionner le marché national. Leur grief porte essentiellement sur le non-paiement par l’Etat de la subvention sur le gaz, depuis le mois de février 2020, avec un montant cumulés d’environ 7 milliards FCFA. La durée de la suspension de la fourniture de ce produit sera fonction de la réponse qu’apportera le Gouvernement au règlement du montant impayé au titre de la subvention.

 

Selon M. YATTASSAYE du Groupement professionnel des distributeurs de gaz (GPDG), cette cessation de travail n’est pas une grève en tant que tel. Elle intervient, explique-t-il, parce que les sociétés de distribution de gaz domestique sont au bout du rouleau financièrement et ne peuvent plus poursuivre leur activité.
« Le mois de carême est la période où la demande de gaz domestique augmente et cette année ne fait pas exception. Face à la recrudescence de la demande, nous nous sommes retrouvés dans une situation d’impossibilité d’approvisionner le marché, parce que les impayés de subvention de l’Etat nous plombent. Nous sommes débiteurs vis-à-vis des banques et tout le monde sait comment elles fonctionnement. En dépit de ses nombreuses promesses, l’Etat ne parvient toujours pas à solder les impayés de sa subvention qui s’élèvent à 7 milliards de nos francs depuis le mois de février 2020. Pourtant, nous avons continué à vendre le gaz aux prix subventionnés par l’Etat », dépeint M. YATTASSAYE la situation qui aura certainement de fortes répercutions.
Cette cessation de fourniture du gaz domestique, en cette période de l’année où la demande est particulièrement forte est-elle un moyen de pression sur le Gouvernement ?
« Pas du tout, ça n’a rien à voir. Nous avons cessé d’approvisionner le marché tout simplement parce que nous ne pouvons plus le faire », s’est défendu le responsable syndical.
A quand la reprise de la fourniture du gaz domestique à la population ?
« Vous savez, pour approvisionner le marché, il faut d’abord acheter et importer le gaz. Ce qui suppose qu’on dispose des moyens financiers nécessaires à l’opération. Or, c’est justement là où le bât blesse. Nous n’avons plus d’argent pour faire une quelconque commande parce que l’Etat ne parvient pas à honorer ses engagements. Pis, nous sommes dans le viseur des banques qui attendent d’être réglées. Donc, à ce stade, je ne peux vraiment pas vous dire quand reprendront les activités de fourniture du gaz domestique », a répondu notre interlocuteur qui met la balle dans le camp des autorités de la Transition.
Cette déclaration de M. YATTASSAYE, aussi alarmiste qu’elle puisse paraître, ne bouche pour autant pas totalement l’horizon et la perspective d’un déblocage de la situation. En effet, l’Etat dispose de deux leviers pour ce faire.
Le premier est le paiement immédiat et intégral des 7 milliards d’impayés de subvention. Il ne faut pas chercher le mouton à cinq pattes, le Gouvernement ne dispose pas d’une telle somme fraiche à injecter dans l’immédiat pour la reprise de l’activité gazière. Dans un pays pauvre comme le nôtre, indubitablement, tout est prioritaire.
Le second levier est un paiement partiel de l’enveloppe de 7 milliards FCFA avec un échéancier clair pour le paiement du montant restant. Ce qui ne devrait pas effaroucher les opérateurs gaziers qui doivent avoir l’habitude des transactions. Chaque partie y trouvera provisoirement son compte.
En fait, à la dérive sur chaque offensive, cette Transition n’est pas un gage d’assurance et de crédibilité. Parce qu’on ne peut pas prendre des engagements qui n’engagent personne. Un an, sans délier bourse pour mettre les gaziers dans leur droit, c’est quand même une torture, si ce n’est de la fouterie.
En somme, ne pourrait-on pas ériger la transparence en vertu suprême pour une meilleure prévention et gestion des crises ? Une chose est certaine, l’autisme et la fatuité ne pourraient que mener à une radicalisation des positions. Pour un pays dans un état de décrépitude aussi avancé, avec une cristallisation des frustrations, c’est une bombe à retardement dont on pourrait bien se passer. Parce que les opérateurs gaziers ne sont pas les seuls en ébullition. Il y a la principale centrale syndicale UNTM qui fourbit ses armes, les travailleurs des hôpitaux qui sont déjà en grève, les enseignants qui ont été floués sur l’application de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale qui stipule : ‘’toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale’’…
Il est impératif de se donner les moyens d’éviter un embrasement général du front syndical ; d’autant plus qu’au plan politique, le M5-RFP, après le mois de carême, projette de se faire entendre autrement que par des communiqués qui paraissent comme de l’eau sur les plumes d’un canard.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN