Au Mali, l’utilisation des technologies numériques au service de l’agriculture, jugée pertinente et nécessaire, peine à se généraliser. Pis, les initiatives prises dans ce sens sont souvent confrontées à la réticence des producteurs qui y voient, peut-être, une manière de les spolier des opportunités dont ils jouissent, en les contrôlant par exemple à distance.
En atteste l’échec de certaines tentatives d’introduction du numérique dans la gestion de notre agriculture. Par exemple la numérisation de la délivrance des intrants agricoles via les bons électroniques (e-vouchers) peine à produire les effets escomptés en termes de maîtrise des coûts et de transparence dans la distribution des engrais. Introduit au Mali dans le cadre du Programme de productivité agricole en l’Afrique de l’Ouest (Waapp) financé par la Banque mondiale, cette innovation agricole aurait pu faciliter un début de généralisation de l’accès des producteurs aux intrants subventionnés.

Aussi, l’Agence nationale de la météorologie (Mali-météo) n’arrive toujours pas, en dépit des vastes campagnes de sensibilisation et de communication, à faire comprendre à nos agriculteurs qu’ils doivent s’approprier les outils mis à leur disposition par ses services afin de booster la production et la productivité. Cela en prenant à contrepied les aléas climatiques considérés comme l’un des principaux obstacles à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire dans notre pays.

Pourtant, les technologies numériques pourraient contribuer de façon efficace, accessible et durable au développement des productions agricoles dans nos pays. En la matière, elles permettraient la diversification des cultures et l’amélioration des pratiques culturales, en les modifiant pour les adapter aux besoins et aux réalités du moment.

Cette mutation consiste surtout à l’utilisation du numérique pour assurer l’agriculture de précision et la diffusion numérique de services de conseil. Elle doit également permettre la mise en relation avec les marchés, l’intermédiation financière dans le domaine numérique et fournir les solutions de gestion des chaînes d’approvisionnement.

Cela a été prouvé par une étude réalisée en 2019 par le Centre technique de coopération agricole et rurale. Créé en 1983, à la suite de la Convention de Lomé entre 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et les États membres de l’Union européenne, il a constaté que sur un échantillon de 50 points d’entrée, le recours aux technologies numériques permettait d’augmenter les rendements agricoles moyens d’environ 20% dans le cadre des services de conseil, 70% dans le cadre des services de mise en relation avec les marchés et 40% dans le cadre des services financiers numériques.

Le numérique peut également contribuer à renforcer la résilience aux changements climatiques en permettant de mieux concevoir et diffuser les produits d’assurance récolte et d’améliorer les rendements.

Les Smartphones, ces téléphones intelligents dont disposent la majorité de nos paysans, doivent être mis à contribution pour s’informer, se former et rester ouverts au reste du monde.

Cheick M. TRAORé

Source: Essor