Du jour au lendemain, les prix de certains produits ont commencé à prendre l’ascenseur à Bamako. Il y a eu d’abord la hausse soudaine du prix de l’huile alimentaire dont le détail pour 50 F CFA a disparu des boutiques. Cette flambée du prix de l’huile était prévisible d’autant plus que la production de l’huile alimentaire du pays dépend en grande partie des graines de coton. Or, le Mali n’a pas produit assez de coton cette année.

 

Les autorités savaient que l’huile alimentaire allait manquer, provoquant ainsi une flambée du prix de la denrée. Dans les marchés de Bamako, les ménagères se plaignent de cette pénurie qui ne fait que commencer. Les presses qui produisent de l’huile dans la région de Sikasso sont à l’arrêt depuis quelques mois. Celles qui ont fait le plein de réserves de graines tournent encore, mais cela ne pourra pas durer, selon les spécialistes.

Les unités de production de l’huile seront obligées de se tourner vers l’importation des graines de coton de certains pays frontaliers ou de la sous-région. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire pourraient fournir une bonne partie des graines, mais le coût de l’importation jouera sur les prix. D’autres pays comme le Benin et le Togo produisent aussi du coton en grande quantité, et il y a des échanges commerciaux poussés entre le Mali et ces pays. Là aussi, des obstacles existent à cause de la distance et du coût des importations.

Le Mali peut compter aussi sur l’huile produite dans les pays de la sous-région, particulièrement l’huile de palme. Mais la vie chère sera plus ressentie par les ménages lorsque le prix de la viande augmentera à cause de la pénurie de l’aliment pour bétail. Le tourteau produit au Mali est lié aux graines de coton. Avec le boycott de cette culture par les paysans, les éleveurs craignent une flambée des prix de l’aliment pour bétail. La meilleure façon pour les éleveurs de compenser la cherté des prix est de vendre plus cher leurs animaux.

Par conséquence, le prix du kilo de la viande prendra l’ascenseur aussi. Pour l’instant, rien ne semble renverser cette tendance. Les éleveurs ne manquent pas encore de fourrage dans les pâturages, selon un producteur de coton. Mais dans deux ou trois mois, ajoute-il, il y aura des problèmes que tout le monde va sentir. Une augmentation du prix de la viande aura des conséquences directes sur toute la chaine économique du pays. A en croire un paysan syndicaliste, même le prix des transports en commun peut augmenter.

Autre denrée dont le prix a augmenté subitement : le ciment. Que ce soit le ciment malien ou celui importé, la situation est la même. L’une des trois usines maliennes est à l’arrêt, et le Sénégal a durcit les conditions d’exportation pour favoriser ses projets de construction. Pour éviter une situation plus préoccupante, les autorités doivent chercher rapidement des solutions qui ne manquent pas forcément.

Adama Traoré

Source : La Preuve