Diéma, 04 octobre (AMAP) La pastèque est une culture de rente. Pour certains, elle ne fait qu’atténuer la soif sans rassasier le ventre. Dans le cercle de Diéma, durant ces dernières années, cette culture s’est beaucoup intensifiée. Selon les statistiques courantes, la production annuelle de la pastèque dans cette localité, avoisine les 1000 tonnes. Plusieurs hectares y sont consacrés.

De nombreux producteurs agricoles s’intéressent à la culture de la pastèque, à cause des avantages qu’ils en tirent. Ici, c’est, généralement, dans les villages bambaras et kagoros que la pastèque est plus cultivée. Par contre, sa production est moins répandue en milieu soninké. « En aucune manière, la pastèque ne peut remplacer le mil. Elle ne contient que de l’eau », déclare Fotigui.

Le constat est réel, aujourd’hui, dans le cercle de Diéma : la culture de la pastèque a permis à de nombreux jeunes de s’offrir de grosses motos chinoises, de se marier, de mener de petits commerces. C’est pourquoi, Sagaïré, explique que la culture de la pastèque fixe les jeunes,  les empêcher d’aller mourir dans les eaux de la Méditerranéenne. D’ailleurs, deux de ses fils ont renoncé à partir, leurs champs de pastèque leur rapportent de quoi vivre.

Masso Dramé, producteur à Nafadji, témoigne que, quand l’hivernage approche, des compatriotes, en provenance de Koulikoro, Ségou et ailleurs viennent s’installer dans leur village pour s’adonner à la culture de la pastèque. « Ces derniers temps, des camions remorques repartent, chaque jour, chargés en direction de Kayes, Bamako et Nioro », dit-t-il, en replaçant son turban défait.

A Kana, village où réside Tama Diarra, un seul individu cultive la pastèque. « C’est certainement, explique l’homme, par méconnaissance des techniques culturales que nos producteurs s’en détournent ».

Selon Massiga, un natif de Lattakaf, cultiver de la pastèque, c’est perdre son temps. Comme activité, l’homme fait le maraîchage qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille.

Ce producteur maure du nom de Kah Dicko, se targue de disposer à lui seul de 4 hectares de pastèque. Par an, il  empoche près de 500 000 Fcfa. « Les Maures n’aiment pas trop la pastèque. Ils disent que ça rend malade, surtout si on l’associe avec du thé matinal », déclare-t-il sans ambages.

Difficile de se comparer à Boubou qui affirme que cette année, ses 10 hectares de pastèque ont bien réussi. Le secret de Boubou réside dans le traitement des plantes qui permet de les protéger contre les vers et autres nuisibles. Cette année, notre homme compte réaliser 1 500 000 Fcfa de recettes.

Denka, résidant à Dalibéra, parle du cas de son frère : « Mon frère étale ses pastèques au bord du goudron qui traverse notre village. Certains passagers s’arrêtent pour s’approvisionner. Il ne vend pas toute sa production. Il en réserve toujours pour la famille ». « Mais, ajoute-t-il, il se plaint, depuis un certain temps, des chenilles qui  rongent les  feuilles des jeunes plantes ».

Hamet, lui, s’est lancé dans la culture de la pastèque, à cause de ses enfants qui l’embêtent. Chaque fois, qu’ils voient de la pastèque avec leurs petits camarades, ils courent vers leur père.

La présidente de l’Association Demeba, Fatoumata, souhaite l’implantation d’une unité de transformation de la pastèque et de certains produits de cueillette, Ce qui contribuera à l’amélioration des  conditions de vie des femmes. Elle lance un appel à l’aide aux ONG et aux personnes de bonne volonté.

Cette vendeuse couvre ses morceaux de pastèque avec du plastique pour les protéger de la poussière et les mouches, depuis qu’un client lui a fait des reproches,  menaçant même de la dénoncer aux autorités.

La culture de la pastèque doit être vulgarisée dans le Cercle de Diéma pour booster l’économie et lutter, efficacement, contre l’insécurité alimentaire qui menace, chaque année, les populations. Pour ce faire, les autorités du Mali doivent apporter le soutien nécessaire aux producteurs, en termes d’équipements, de matériels et de renforcement de capacités. Mais, les producteurs doivent être suffisamment sensibilisés afin qu’ils n’abandonnent pas, tous, la culture des céréales au profit de la pastèque, car cela pourrait entraîner la famine.

OB/MD (AMAP)