Au Mali, environ deux tiers de la population attendent encore d’avoir accès à l’électricité, avec une disparité significative entre les zones urbaines et rurales. Pendant ce temps, il faudra encore des efforts pour que l’énergie photovoltaïque prenne le contrôle des ménages et crée des opportunités d’emplois durables.

 

La vie s’arrête encore dans de milliers de ménages maliens quand se couche le soleil. Pourtant, l’irradiation moyenne est de 6,9 kWh/m².j au sud et 9,2 kwh/m².j au nord sur toute l’année. Ce qui constitue un potentiel énergétique solaire qui peut être valorisée dans toutes les zones agro écologiques du pays. Pourtant, le solaire semble encore être un mythe. Et quand on remonte le parcours fait jusque-là, on comprend le mal. En réalité, à travers plusieurs projets, des initiatives ont été prises pour booster les énergies solaires à partir du milieu rural. C’est le cas du Projet solaire de Pelengana à Ségou, l’une des toutes premières initiatives, mais qui a souffre de problèmes de gestion. Les initiatives se succèdent mais la gestion freine le plus souvent les projets. En plus le coût pour avoir les panneaux solaires sont exorbitants pour le citoyen malien. Pourtant le Mali est un grand pays sahélien, où Dieu nous a fait grâce du soleil. Mais difficile de promouvoir l’énergie solaire, pour quelle raison, le temps nous en dira un peu plus !

Un marché à dynamiser

L’évaluation du marché de l’énergie solaire hors réseau au Mali, réalisée en juin 2019 en dit plus sur des obstacles à franchir. Selon l’étude restituée le 30 octobre 2019, le potentiel annualisé du marché au comptant solaire hors réseau pour le secteur de l’utilisation productive en 2018 est 98,1 millions USD. « Au Mali, nous avons un potentiel très fort de plus de 700.000 ménages qui peuvent électrifier d’ici 2030 », déclare Seini Nouhou Amadou, Responsable Zone 3, Président du Centre des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique de la Cedeao. Les Energies Renouvelables c’est aussi une mine d’opportunités pour l’entrepreneuriat des jeunes. Car c’est un secteur qui a un boom d’évolution. Il y a aujourd’hui un manque d’entrepreneurs qualifiés dans le secteur. Il est nécessaire que les jeunes profitent pour entreprendre. Le taux d’électrification étant faible, il faut des entrepreneurs pour accompagner l’Etat. Cependant, il faut aussi compter avec le faible pouvoir d’achat des consommateurs, le manque d’options de financement, le faible niveau de sensibilisation des consommateurs aux solutions solaires notamment dans les zones rurales et le manque de financement pour les entreprises solaires. L’accès au financement est aussi essentiel pour la croissance du marché solaire hors réseau.

Les entreprises solaires ont besoin de financement pour leurs besoins en fonds de roulement, tandis que les consommateurs d’énergie solaire hors réseau ont besoin de financement pour l’achat des systèmes. Le rapport d’évaluation du marché de l’énergie solaire hors réseau au Mali révèle les barrières et les actions possibles pour faciliter l’accès au financement aux entreprises du secteur.

« Sortir de l’amateurisme »

Tout est presque encore à l’étape embryonnaire. Au nombre des défis, il faut faire face au manque de capacité locale, c’est-à-dire de techniciens qualifiés pour l’entretien des systèmes. « Il y a beaucoup qui ne sont pas formés pour ça et quand ils font des installations, les ménages se plaignent de ça deux semaines après. Il y a des normes qu’on ne peut qu’apprendre en deux, trois ans de formation. Quand on parle de photovoltaïque, il y a le dimensionnement qu’il faut faire, il faut savoir bien faire le montage pour que le ménage puisse jouir de son investissement. L’amateur prend juste un panneau, une batterie, un régulateur. Derrière ça, il y a beaucoup de choses qui sont cachées. Les livres n’ont jamais remplacé le professeur. Le problème est entier. Il faut des formations continues », fulmine un expert en la matière.

Dans ce cas, il faut renforcer les actions vers la professionnalisation. « Il nous faut sortir de l’amateurisme. En réalité, c’est un métier qui relève des 8 branches que nous avons en ce qui concerne le code de l’Uemoa. Mais actuellement, la clientèle n’est pas satisfaite de ce qui se fait. Simplement, parce que beaucoup n’ont pas la connaissance requise. Ce qui est en train d’être corrigé », insiste Roger Lawson, formateur dans le secteur. Tout ceci, ajouté à la volonté politique, pourra donner un nouvel élan à l’énergie photovoltaïque au Mali.

Assi de DIAPE

Le Point du Mali