La 13è édition de la Foire exposition internationale de Bamako (FEBAK 2020) a débuté jeudi dernier. Ce grand rendez-vous de la capitale, qui s’achève le 2 février, sauf prorogation, s’est imposé comme un véritable espace de promotion économique, commerciale et du savoir-faire malien. Talents et pratiques innovants séduisent chaque année, visiteurs maliens et étrangers.

 

Dès l’ouverture, le Parc d’exposition a commencé à enregistrer des visiteurs qui sont nombreux, surtout, la nuit. En témoigne l’affluence de ce samedi. Il est 21h30 mn, l’engouement est perceptible à quelques mètres de l’édifice situé sur la route de l’aéroport. Cette voie, généralement fluide la nuit, est prise d’assaut par des automobilistes qui stationnent le long du bitume. D’autres se garent sur les trottoirs ou dans les rues adjacentes. Ils sont, à cet effet, guidés par de jeunes garçons devenus des agents de surveillance des véhicules pour la circonstance.

Devant l’entrée du Parc, grouille du monde. Il y a des gens de tous âges. Des vendeurs de jeux pour enfant exposent leurs marchandises à même le sol. Dans la foule, de jeunes garçons et filles, qui n’ont pas les moyens, sollicitent inlassablement une aide financière des visiteurs pour accéder à l’enceinte.

Devant les guichets, on observe une longue file. Cette année, environ 300.000 visiteurs sont attendus à ce rendez-vous considéré comme la plus importante des manifestations commerciales du Mali. L’accès aux lieux est conditionné à la présentation d’un ticket vendu à 500 Fcfa. Le visiteur doit, également, se prêter à une fouille minutieuse par des agents de sécurité. Une fois à l’intérieur, deux options s’offrent à lui : il peut se diriger vers les chapiteaux installés à gauche ou prendre la droite pour accéder aux hangars. Des deux côtés, des animations à l’allure de publicité invitent les clients.

GAMME DE PRODUITS – Un millier d’exposants, composés de commerçants, d’industriels et prestataires de services, participent à la foire. Ils viennent de Bamako et des différentes régions du pays. Il y a, aussi, des étrangers venus du Burkina Faso, du Sénégal, de l’Iran, de l’Inde, du Niger.

Nos compatriotes exposent une gamme de produits notamment agricoles et miniers.Chacun s’emploie à attirer la clientèle vers ses produits : équipements bureautiques, articles électro ménagers, habits, chaussures, produits agroalimentaires, livres, matériels agricoles, sanitaire et volaille. Si certains s’attendent à faire de bonnes affaires, d’autres, par contre, cherchent à remplir leurs carnets d’adresse en nouant des partenariats. Si l’exposition est une opportunité à ne pas rater pour les clients. Pour les exposants, l’étroitesse des stands ou leurs prix pénalisent les ventes.

Kadidiatou Talla est venue du Sénégal. Debout au milieu de quatre gros sacs remplis d’articles, elle s’apprête à les déballer. «Avec mes deux sœurs, nous sommes venues avec de jolis habits, des robes, poupées, encens et foulards. Nous sommes en train de nous installer et espérons vendre le maximum», confie celle qui est à sa première participation à la FEBAK.

Non loin des sœurs sénégalaises, se trouve le stand de Adama Traoré, un vendeur d’habits féminins. Ce jeune malien se plaint de l’étroitesse des stands par rapport à la foire précédente. «Nous ne pouvons pas exposer tout ce que nous avons apporté. Nous n’avons pas de lieu d’essayage pour nos clients», enchaîne un de ses collègues qui invite les organisateurs à tenir compte de ces détails, lors de la prochaine édition.

Adama espère nouer surtout des partenariats: «Nous ne sommes pas là seulement pour vendre mais, également, pour tisser des relations. La FEBAK regroupe des personnes de différentes nationalités et c’est l’occasion d’élargir nos carnets d’adresse. Toute chose qui pourra être utile pour notre commerce». Pour le moment, le commerçant se réjouit du rythme de ses ventes.

DE BONNES AFFAIRES – Contrairement à lui, d’autres exposants doivent attendre encore pour espérer tirer leur épingle du jeu. Assise sur une chaise, Mme Diarra Fatoumata Zerbo, venue du Burkina Faso, semble un peu découragée. Vendeuse de beurre de karité, de bonbons fabriqués à base de pain de singe et d’habits, cette habituée de la FEBAK trouve excessif le prix des chapiteaux qu’elle n’a pas pu se procurer cette année. «C’est trop, 450.000 Fcfa pour deux ou trois semaines. Je participe à plusieurs expositions à travers le monde. Les Maliens exagèrent en ce qui concerne les prix. Je suis sûre que certains exposants ne reviendront plus», dit-elle.

Pourtant, d’autres trouvent abordable le prix des places sous les chapiteaux. Ainsi, Bamba Sow, un exposant sénégalais, pense que tout dépend du produit à vendre. «D’autres peuvent dire que ce n’est pas raisonnable, car avec leurs marchandises, ils ne peuvent pas s’en sortir», affirme-t-il, comme pour dire que les stands sont faits en fonction des moyens financiers des exposants.

Ce que semble confirmer une exposante béninoise, Jeanne, intéressée par les chapiteaux, dont elle comprend mal l’indisponibilité. Debout dans son stand, elle lance, la mine peu réjouie: «Je n’arrive pas à exposer, car l’endroit tel qu’il a été construit ne m’arrange pas pour exposer les produits. Les clients ne viennent pas de notre côté. La voiture garée là, nous masque. Tous les clients qui viennent, se dirigent vers les chapiteaux. Nous avons fait quatre jours de route dans l’espoir de vider notre stock», confie-t-elle.

La Béninoise se dit étonnée d’apprendre qu’il n’y a pas de chapiteaux disponibles pendant que certains continuent à en avoir. Elle invite donc les organisateurs à revoir leur façon de travailler afin de mettre tout le monde à l’aise.

Comme l’a dit Jeanne, à l’intérieur des chapiteaux, il y  a du monde. Venus en famille, en couple ou seuls, des clients défilent entre les stands. Si les uns achètent, les autres se plaisent juste à faire du lèche-vitrine. Djénéba Fomba et son ami, arrivés depuis plusieurs minutes, se promènent d’un stand à un autre. «Nous avons pu acheter des biscuits et quelques jouets pour les enfants. Nous avons, également, repéré des articles et comptons revenir les acheter une fois les salaires tombés», nous dit cette fonctionnaire qui trouve les prix abordables. Abondant dans le même sens, Mme Touré se promène avec ses deux filles. « Il y a de beaux articles de qualité et je ne les trouve pas chers », sourit-t-elle, estimant que les bons produits se vendent d’eux-mêmes.

L’exposant Samba ne cache pas sa satisfaction. « Si quelqu’un dit que la foire s’annonce mal, c’est qu’il expose des produits dont la qualité laisse à désirer. On est au troisième jour et je ne me plains pas du tout car, je vends et obtiens des commandes», se réjouit-il. Le styliste sénégalais espère faire de bonnes affaires et surtout montrer aux autres le savoir-faire de son pays.

ADS/MD 

(AMAP)