Pour la 4ème année consécutive, l’Union des caisses mutualistes d’épargnes et de crédit, Kafo Jiginew procédera, ce mercredi 28 octobre, à la remise de dons en vivres et non vivres aux veuves et orphelins des militaires à la place du Génie. A la veille de cet évènement, le Directeur général de l’institution a bien voulu expliquer les motivations de ce geste s’inscrivant dans le cadre du mois de la solidarité. Dans cet entretien, il s’est prononcé sur l’impact de la Covid-19 sur la filière coton financée largement par Kafo Jiginew. Optimiste, David Dao estime que la performance 2020 va fléchir, mais restera positive. Kafo Jiginew restera «une institution forte, rentable à cause de son ancrage rural et de la solidité de ses fondamentaux».

 

e partenariat de Kafo Jiginew et des forces armées maliennes s’inscrit désormais dans la durée Pour la 4ème année consécutive, l’institution de microfinance remettra, cet après-midi, des dons d’une valeur de 25 millions de FCFA aux veuves et orphelins des militaires. Un moment important dans la vie du réseau qui entend exprimer ainsi sa solidarité à l’armée malienne.

Aux dires du Directeur Général David Dao  » c’est un geste très significatif pour nous. Parce que Kafo veut marquer son patriotisme, son engagement à aider le Mali à se préserver contre la menace terroriste, une contribution pour réconforter nos braves soldats afin que l’armée se dise qu’il y a des institutions patriotes qui le soutiennent dans la lutte pour sauver la patrie. Kafo Jiginew est une institution fortement ancrée dans les confins du bassin cotonnier, qui appartient en totalité aux Maliens. C’est la plus grosse institution financière qui peut s’affirmer appartenir à 100% aux Maliens contrairement à plusieurs autres institutions bancaires et de microfinance. C’est ce nationalisme que nous voulons exacerber à travers cette remise et cela va se poursuivre. Que l’armée se dise qu’elle continuera d’être soutenue par Kafo Jiginew ».

L’armée partie intégrante du sociétariat

Au-delà de cette remise, l’armée représente une partie importante du sociétariat de l’institution, notamment au niveau de certains guichets qui se sont identifiés typiquement comme des guichets militaires, par exemple ceux du marché de Médine et de Faladiè où ils sont très nombreux. Kafo Jiginew vient d’ouvrir aussi un guichet à Kati toujours dans un souci de proximité immédiate avec l’armée.  » Nous accueillons les militaires à bras ouverts. Ils sont traités favorablement. Nous sommes engagés pour que l’armée puisse être fortement représentée dans notre clientèle et notre actionnariat, et qu’un bon nombre voient leurs salaires domiciliés dans nos guichets. Cela va faciliter la sécurité de leurs épargnes et leur accès au crédit à la clientèle » at-il déclaré.

La crise du coton affectera les résultats

Parlant de la Covid-19, il dira que  » Kafo Jiginew a été fortement impactée à plusieurs niveaux. D’abord le ralentissement de l’activité économique internationale, dont aucun pays n’a échappé. Cela a été ressenti par rapport à la croissance de l’épargne qui a ralenti mais surtout par rapport à la demande de crédits qui a fléchi surtout la demande solvable en crédits. Plusieurs opérateurs économiques ont vu leurs activités ralentir et même s’arrêter, la consommation a aussi baissé. S’y ajoutent les conséquences des mesures prises comme le couvrefeu, le confinement etc. Mais également la Covid-19 a touché le secteur cotonnier qui est très significatif dans notre activité. La demande du coton a baissé sur le marché mondial et le Mali dispose encore des stocks de coton non évacués et cela a entrainé des perturbations dans la fixation du prix d’achat aux producteurs pour cette année. On a d’abord fixé un prix d’achat à la baisse, qui a été revu ensuite à la hausse suite à la réticence des cotonculteurs. Mais cette proposition est survenue alors que la période propice à la culture du coton était passée. Donc il y a une forte baisse des prévisions en coton graine qui passeraient de 700 000 à 200 000 tonnes. Or, Kafo Jiginew est la fille de la CMDT et quand celle-ci tousse, Kafo Jiginew éternue. Toute chose qui fera que notre niveau d’activité et notre croissanc seront fortement perturbés. L’année dernière, nous avons connu des taux de croissance à deux chiffres, par exemple l’épargne a augmenté de 13%, mais cette année, ce sera très difficile d’atteindre ces niveaux. Le crédit va énormément souffrir parce que nous finançons énormément le coton. Et partant du fait que les producteurs de coton n’ont pas exprimé suffisamment de demandes, notre contribution au secteur coton va diminuer cette année. Et quand on dit baisse de crédits, on dit baisse en revenus financiers, baisse du produit net bancaire et de la rentabilité aussi. Une des conséquences de la pandémie va être l’accroissement du risque de non remboursement des crédits. Nous assistons à une montée des risques qui va s’exacerber en zone cotonnière avec le boycott. Les crédits en souffrance pourraient atteindre un niveau important. Cela va peser sur notre rentabilité financière en 2020. En tout cas, on n’espère pas sur un résultat qui va atteindre celui de 2019 même si nous escomptons sur un résultat positif. Nous avons confiance que cette situation ne pèsera pas sur l’existence de l’institution et que celle-ci va continuer à évoluer de plus belle parce que la viabilité et la pérennité de Kafo Jiginew sont pratiquement assurées là où nous sommes « .

Des mesures idoines pour faire face à la situation

David Dao de préciser que face à ce ralentissement de l’activité économique, le risque a été minimisé avec certaines mesures comme la révision du budget 2020 en mai dernier, avec une réduction des dépenses d’investissement et de fonctionnement. Les états financiers prévisionnels révisés étant moins optimistes. Cependant, il estime que les effets de l’embargo suite au changement politique d’août 2020 sont venus se greffer à ceux de la pandémie aggravant ainsi la situation.  » 2020 n’a pas été une année facile et les conséquences vont être assez difficiles  » affirme-t-il. Il a salué les mesures d’accompagnement de la BCEAO qui permettent de soutenir les clients en difficulté envers les institutions financières.

Nonobstant, Kafo Jiginew reste le leader de la microfinance au Mali avec au moins 40% du secteur, avec 430 000 clients, 158 guichets, 68 milliards de FCFA de total bilan.  » Aujourd’hui nous nous battons pour avoir des outils performants pour les clients afin que les opérations puissent se passer avec plus de facilité et de rapidité. C’est un logiciel informatique (SAB-AT) qui a été expérimenté et est en déploiement au Burkina dans le cadre de la CIF (Confédération des Institutions Financières de l’Afrique de l’Ouest) et on espère qu’il va bientôt nous arriver en 2021 ou au plus tard en 2022. Cela nous permettra d’être plus compétitifs à travers l’implantation de guichets automatiques  » a-t-il annoncé. Avant d’ajouter que depuis l’élaboration de la feuille de route en 2014, Kafo Jiginew a entamé une nouvelle phase avec une meilleure réorganisation interne, un meilleur contrôle. Par exemple, la direction de l’inspection et du contrôle interne n’est plus rattachée à la Direction Générale qu’elle doit contrôler, mais plutôt au Conseil de Surveillance. Aussi, en application des procédures internes, les achats importants sont effectués sur consultation retreinte ou sur appel d’offres ouverts pour que les coûts raisonnables en faveur de l’institution.

Les insuffisances signalées par la commission bancaire corrigées

Concomitamment, en 2014, la mise en conformité a été engagée surtout après le passage de la mission de la Commission Bancaire en 2015 qui a identifié des insuffisances dans son rapport qui ont été mises en exécution à 93%. Celles qui ne sont pas encore mises en œuvre sont liées au nouveau logiciel dont nous attendons l’installation. C’est pourquoi nous sommes en conformité avec les ratios prudentiels. Afin de veiller sur la conformité, nous avons aussi érigé une Direction des Risques et de la Conformité qui veille régulièrement sur les aspects conformité avec la loi. Concernant la santé financière, nous avons procédé en 2015 à un appel aux sociétaires pour l’augmentation de la part sociale : elle est passée de 5000 à 10 000 FCFA. Cela a consolidé davantage la solvabilité de Kafo Jiginew dont le niveau des fonds propres est aujourd’hui supérieur à 12 milliards de FCFA qui ont permis à Kafo Jiginew de libérer sa participation dans le capital de la BMS, de racheter sa participation dans le capital de la FINAO (la banque de la CIF) et de financer le capital et créer une compagnie de micro assurance (CIF Assurance Vie Mali) avec Nyèsigiso et Soro Yiriwaso.

L’institution s’est installée dans la rentabilité

Depuis 2014-2015 avec la feuille de route, Kafo Jiginew a entamé une phase de rentabilité qui se poursuit encore. L’institution est viable et pérenne. Elle est régulièrement contrôlée par le Ministère de l’Economie et des Finances, la Commission Bancaire de l’UEMOA, la CIF ainsi que la Direction du contrôle et de l’audit à l’interne. Autant qu’en 2015, nous avons démarré actuellement une opération de rating global avec un cabinet d’audit international qui va évaluer et noter la performance financière et sociale de Kafo Jiginew en fonction des normes internationales. C’est un exercice lancé volontairement par Kafo Jiginew et mené par une structure reconnue mondialement Microfinanza. Le rapport final sera publié le rapport sur le net à la portée du monde entier. Le rating global est un défi important auquel nous sommes soumis afin de connaitre la qualité de notre institution dans tous ses aspects : gestion financière, management, gouvernance, sociale, etc…. C’est grâce à la pratique régulière du rating qui assure une grande transparence dans la gestion que les partenaires internationaux de grande renommée font une grande confiance en Kafo Jiginew tels la BEI, le Crédit Coopératif, la Fondation Grameen Crédit Agricole, la SIDI, Regmifa-Symbiotics, etc… ainsi que de grandes organisations internationales dont Kafo Jiginew est membre comme le Forum de l’économie sociale et solidaire, le MAIN, PROXFIN, AFRACA, etc …

Youssouf CAMARA

Source : l’Indépendant