Le président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Uemoa, Alassane Ouattara a annoncé samedi « la fin du Fcfa qui sera remplacé par l’Eco ». Un nouvel accord monétaire allant dans ce sens a été signé à Abidjan lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron.


Le président ivoirien a fait l’annonce lors d’une adresse à la presse en compagnie du président français. Il s’agit là d’un tournant historique dans les relations monétaires entre les pays de la zone franc et l’ancien pays colonisateur. Les critiques récurrentes contre la gestion actuelle du franc CFA ne sont pas étrangères à cette évolution. Le président français Emmanuel Macron ne l’a pas caché lors de sa prise de parole à Abidjan.
Selon les termes de cet accord qui définit les relations économiques futures entre notre zone commune et la France, l’éco sera rattaché à l’euro par une parité fixe comme l’est actuellement le franc CFA. Aussi, nos pays géreront désormais « eux-mêmes cette monnaie sans interférence de Paris ». Cela signifie le retrait des représentants de la France de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de la commission bancaire et du Conseil de politique monétaire.
De même, l’accord prévoit « l’arrêt de la centralisation de 50% de nos réserves de change au Trésor et la fermeture du compte d’opération ». Ainsi, les réserves de change ne seront plus centralisées par la France et l’obligation de verser 50 % de ces réserves sur le compte d’opération du Trésor français disparait.

Toutefois, la France garde un rôle de garant en cas de crise. Cela signifie qu’au cas où « les pays de la zone éco n’auront plus de quoi payer leurs importations, la France se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence le conseil de politique monétaire ».
Cette clause laisse perplexe des analyses économiques, même si certains pensent qu’avec la fin du franc CFA l’Afrique gagne en indépendance politique. « On pourrait dire que l’Afrique de l’Ouest gagne en indépendance politique, apporte du baume au cœur aux investisseurs nationaux et préserve un lien étroit avec les investisseurs étrangers », note un analyste monétaire interrogé par Fraternité Matin. Cette première étape est capitale, selon cet analyste pour qui, il faut se hâter lentement afin d’éviter de couper les liens avec l’Afrique centrale. Ainsi, dans « un avenir plus ou moins lointain les discussions porteront sur l’Eco, non plus rattaché au seul euro, mais aussi à d’autres monnaies », suppose-t-il.
En outre, l’économiste sénégalais, Abdourahmane Sarr, affirme que la fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien à part le fait que la perception d’ingérence de représentants de la France dans les organes de gouvernance ne sera plus là. Mais dans le fond, rien n’a changé. Comme pour dire que le débat sur le franc CFA reste ouvert, malgré ces progrès indéniables.
À l’heure actuelle, aucune indication précise n’est donnée quant au moment de l’entrée en vigueur de l’éco. Les déclarations officielles assurent que nous aurons la nouvelle monnaie dans nos portefeuilles l’année prochaine mais à quel moment précisément ? Mystère.

Cheick M. TRAORé

Source: Journal l’Essor-Mali