(Agence Ecofin) – La Loi de finances du Mali pour l’exercice 2022 signé le 23 décembre 2021 renseigne que les autorités de Transition ont adopté le principe des élections générales, avant de se rétracter quelques semaines plus tard. Une décision dont les raisons échappent à plusieurs personnes.

La Loi de finances 2022 signée le 23 décembre 2021 au Mali par les membres du Conseil de Transition prévoit une allocation de 30,9 milliards FCFA (53,3 millions $) pour l’organisation des « élections générales », a appris l’Agence Ecofin du document disponible sur le site Internet du ministère des Finances, depuis le 17 janvier dernier.

L’activité est présentée dans ce document comme étant la deuxième priorité des allocations budgétaires après les questions de sécurité et de défense, selon le Plan d’action du gouvernement adopté le 2 août 2021. Cette information contraste avec l’évolution actuelle des choses qui voit le pays sanctionné parce que les autorités ont affiché l’intention de reporter l’élection présidentielle censée céder le pouvoir à des civils.

Si les « élections générales » sont inscrites comme une priorité du budget 2022 et de l’action gouvernementale 2021-2022, il n’est pas clair s’il s’agit des législatives qui étaient aussi attendues dans le pays cette année. De même, il reste difficile d’argumenter sur les raisons du changement d’avis des autorités de Transition pour l’élection présidentielle, qui a valu au pays d’être sanctionné par la CEDEAO et l’UEMOA.

Le budget 2022 permet aussi de lire que les militaires actuellement au pouvoir n’ont pas dérogé aux gouvernements antérieurs en termes de priorités dans le budget. Les prévisions pour le paiement des fonctionnaires aussi bien de l’administration centrale que des services décentralisés sont fixées à 841,5 milliards FCFA en hausse de 11% par rapport à celui de l’année 2021. La progression des rémunérations des fonctions des entités décentralisées est prévue à 15%.

La transition a aussi validé le principe de continuer avec le remboursement des intérêts sur la dette aussi bien intérieure qu’extérieure, de l’ordre de 175 milliards FCFA, en hausse de 24% par rapport à ce qui avait été validé dans la Loi de finances rectificative 2021. Il est aussi prévu le remboursement des montants principaux sur la dette de l’ordre de 667,2 milliards FCFA, en hausse de 23%. Mais il faut dire que la défense et la sécurité demeurent des priorités adoptées par les autorités qui n’excluent pas d’y affecter une moyenne annuelle de « 350 milliards de FCFA » entre 2022 et 2024.

Cette Loi de Finances est aujourd’hui compromise par la décision de la transition de reporter l’élection présidentielle de plusieurs années, alors que la CEDEAO avait posé le principe d’une cession du pouvoir à des autorités civiles au plus tard en 2022. Reste à savoir pourquoi, après avoir adopté fin décembre une Loi de finances qui respecte les accords pour une passation de pouvoir aux civils, les autorités militaires ont changé d’avis en quelques jours.

SOURCE: agenceecofin