Les pays anglophones d’Afrique de l’Ouest et la Guinée ont dénoncé la décision “unilatérale” de renommer le franc CFA en “Eco” au cours d’une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales de la Cédéao qui s’est tenue le 16 janvier à Abuja, au Nigeria.

La nouvelle monnaie commune des quinze pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao: Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo, Cap-Vert), telle que présentée en décembre dernier par les présidents ivoirien Alassane Ouattara et Français Emmanuel Macron a été rejetée. Les pays anglophones d’Afrique de l’Ouest affirment que la décision de remplacer le franc CFA par l’Eco, n‘était pas conforme au programme adopté pour mettre en place une monnaie unique. Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ : Nigeria, Ghana, Libéria, Sierra Leone, Gambie et Guinée) ont “noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Eco d’ici à 2020”, estimant dans un communiqué que “cette action n’est pas conforme aux décisions” de la Cédéao en vue de “l’adoption de l’Eco comme nom de la monnaie unique” de toute la région. Ils appellent une réunion urgente des chefs d’Etat et de gouvernements de la Cédéao pour discuter de la monnaie unique régionale.

Les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger Sénégal et Togo) dont les profils macroéconomiques sont similaires et ayant défini ensemble des critères de convergence dans le cadre de l’Eco ont annoncé, le 21 décembre 2019, par la voix du président en exercice de l’Uémoa, Alassane Ouattara, leur décision de mettre en place la monnaie commune au cours de la rencontre bilatérale à Abidjan, entre le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron. Cette rencontre s’est conclue par la signature d’un accord entre Alassane Ouattara pour l’Uémoa et Emmanuel Macron pour la France, marquant symboliquement la fin des accords du Franc CFA. Ce qui avait suscité un tollé continental, notamment du côté des anti- Franc CFA. Ces derniers ont dénoncé l’accord, et surtout le maintien d’un “Eco à parité fixe” au lieu de l’”Eco flexible” décidé par la Cédéao. Si les officiels parlent d’une “évolution historique”, les militants anti-CFA veulent rompre purement et simplement tout lien monétaire avec la France, rappelant la souveraineté des Etats africains.

Noël Ndong