Présent à cette rencontre, le Commissaire à la sécurité alimentaire, Kassoum Denon, a exposé la situation alimentaire du Mali et du Sahel, tout en lançant un appel aux partenaires à relever les multiples défis.

La 35è session ministérielle du Comité permanent pour la coopération économique et commerciale de l’Organisation de la coopération islamique (CPCEC-OCI) s’est ouverte hier à Istanbul en Turquie. Cette importante rencontre, qui regroupe autour de l’OCI et ses organismes spécialisés, les ministres en charge de la sécurité alimentaire des pays membres de l’OCI à travers le monde, vise à faire l’état des lieux de la sécurité alimentaire au sein de la Oumma islamique, de développer des solutions adaptées aux différents pays ou régions, mais, surtout d’engager les organismes spécialisés de l’OCI à apporter les solutions idoines aux pays durement frappés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Notre pays est représenté à cette rencontre par le Commissaire à la sécurité alimentaire, Kassoum Denon. Le thème de cette présente session : «Promouvoir des systèmes de nourriture durable dans le monde islamique afin d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de nos populations» est assez révélateur des challenges de notre pays en matière de sécurité alimentaire.
La cérémonie d’ouverture de la rencontre était présidée par le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan qui assure également la présidence du COMCEC. C’était en présence du secrétaire général de l’OCI, Dr Youssef A. Al-Othaimeen de l’Arabie Saoudite ainsi que du président de la Banque islamique de développement (BID), Dr Bandar M. H. Hajjar.

LA NÉCESSITÉ D’INVERSER LA TENDANCE. S’exprimant à l’ouverture de la session, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a souligné la nécessité pour le monde islamique d’avoir confiance en soi et en ses capacités, mais, surtout de se soutenir. Les pays islamiques représentent 24% de la population mondiale, pourtant ils ne représentent que 9,7% du commerce international. Il a rappelé également que 80% des pays en crise sécuritaire ou alimentaire à travers le monde sont des pays musulmans, d’où la nécessité d’inverser cette tendance. Tour à tour, le secrétaire général de l’OCI, Dr Youssef A. Al-Othaimeen et le président de la BID, Dr Bandar M. H. Hajjar ont rappelé l’engagement de l’OCI et de son bras financier à accompagner les pays de la Oumma islamique dans leurs chantiers de développement et aussi de stabilisation. Le président de la BID a expliqué les facilités que l’institution financière ne cesse de développer pour permettre aux pays d’accéder à des financements innovants et adéquats à leurs besoins. Ainsi, la BID et les institutions spécialisés de l’OCI ont réaffirmé leurs engagements d’accompagner les projets et programmes en matière de sécurité alimentaire des pays membres. La session a surtout été marquée par les déclarations des régions sur la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ainsi du Moyen-Orient, en Asie du Sud Est en passant par les pays du Golfe persique, de l’Afrique du Nord jusqu’en Afrique subsaharienne, l’insécurité alimentaire est réelle dans la plupart des pays membres de la Oumma, cela par le fait de crises multiformes, des guerres, mais aussi des sécheresses et des effets du changement climatique.
La participation de notre pays à cette importante rencontre a été une occasion inédite pour le Commissaire à la sécurité alimentaire, Kassoum Denon, de dépeindre la situation alimentaire de notre pays et du Sahel. « Pays enclavé, le Mali connait depuis des décennies des sécheresses récurrentes qui contrarient dramatiquement ses efforts visant à assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle sur toute l’étendue de son territoire. Les saisons agricoles sont contrariées par une sécheresse fréquente le long de la bande sahélienne, les rares zones de cultures sont envahies par des criquets pèlerins et autres déprédateurs de cultures, entrainant ainsi des crises alimentaires et nutritionnelles répétées sur certaines parties du pays. Pire, l’invasion terroriste qui sévit dans certaines régions de notre pays a fortement exposé nos compatriotes à une vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle sans précédent, particulièrement les femmes et les enfants », a-t-il développé.
Kassoum Denon rappellera que face à cette situation singulière, le gouvernement à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire a engagé un vaste programme de distribution alimentaire gratuite sur toute l’étendue du territoire. Cependant, malgré cette mobilisation exceptionnelle de l’État et de ses partenaires, les difficultés alimentaires dans certaines zones notamment les régions du Centre et du Nord restent constantes et au sortir de cet hivernage, la menace d’insécurité alimentaire plane sur plus de 5 millions de personnes, dont celles assujetties à la menace terroriste.

LE CRI DU CŒUR DU MALI ET DU SAHEL. Cependant, exergue-t-il, au-delà de ce constat et des solutions d’urgence, notre pays s’est engagé a élaborer une Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN), conformément à la vision du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. « Cette politique constitue sans doute une voie novatrice permettant au Mali de s’attaquer véritablement aux causes structurelles des problèmes alimentaires et nutritionnels des Maliens. Tous les Maliens, pensons-nous, doivent être en mesure d’accéder à la nourriture en quantité suffisante et en qualité pour répondre à leurs besoins nutritionnels et ainsi préserver leur ration sur une base quotidienne et dans la dignité. Pour cela, nous nous sommes engagés à bâtir la résilience de nos concitoyens les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. L’ambition de cette politique est qu’à terme dans notre pays, plus jamais de sécheresse ne soit synonyme de famine », a indiqué Kassoum Denon, ajoutant que le financement de cette politique constitue un énorme challenge et l’un des chantiers majeurs pour l’année 2020 au cours de laquelle le gouvernment envisage d’organiser la table ronde des bailleurs de fonds pour le financement de la mise en œuvre de cette politique.
Le commissaire à la sécurité alimentaire a ainsi saissit l’occasion pour solliciter en ces moments difficiles, l’appui et l’accompagnement de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), de ses institutions spécialisées ainsi que des pays de la Oumma islamique pour la mobilisation des financements nécessaires à la réalisation des actions de cette politique .
Lançant un cri du cœur pour le Sahel, il dira que chaque jour, des hommes, des femmes, des enfants, des familles se voient contraints de quitter leurs milieux de vie, leurs familles, leurs proches, face à ces crises multiples et violentes qu’ils subissent de plein fouet.
Kassoum Denon a remercié la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) qui appuie le dispositif national de sécurité alimentaire du Mali à travers l’OPAM pour l’achat de riz et de l’aliment bétail. Il a également rendu un hommage mérité à tous les partenaires de notre dispositif national de sécurité alimentaire, mais, aussi à tous les pays amis qui ne cessent d’accompagner le Mali à travers des appuis multiformes.

Correspondance particulière
Doussou DJIRÉ

Source: Journal l’Essor-Mali