Un projet va réhabiliter les infrastructures du barrage hydroélectrique de Manantali et construire 1 080 km de lignes pour desservir de nouvelles zones, notamment minières et agro-industrielles, au Mali, au Sénégal et en Mauritanie. Il permettra de renforcer les échanges d’énergie entre l’espace OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal) et les systèmes électriques voisins.  

Polir les infrastructures existantes et construire de nouvelles lignes de lumière. C’est la vocation du projet régional Manantali II. Il va également réhabiliter la centrale hydroélectrique de Manantali, près de 20 ans après sa mise en service. Son réseau de transport interconnecté de 1 700 km, qui relie le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, sera développé par la construction de trois nouvelles lignes  prioritaires de 1 080 km au total. Il s’agit des lignes  biternes  225 KV reliant Kayes à Tambacounda, au Sénégal, longue de 284 km, de celle reliant Manantali à Bamako, d’une longueur de 280 km et enfin celle reliant Kayes, Yélimané, Tintane, Kiffa et Aioun, en Mauritanie, de 516 km de long.

Pour que les travaux puissent commencer, il fallait déplacer les personnes se trouvant dans l’emprise des différentes lignes, indemnisations à l’appui. Selon le Coordinateur régional du projet, Serigne Sambou Niang, environ 1 000 habitants sont affectés. « Ce sont des personnes qui ont un champ, une maison, un terrain qu’ils voulaient morceler pour vendre, etc. Avec les autorités nous évaluons la perte foncière sur le bâti et nous leur donnons une somme d’argent comme indemnisation. Nous les accompagnons aussi par de petits projets. Un budget d’à peu près un milliard de francs CFA est prévu pour ce volet social», explique-t-il.

Le projet a aussi un volet environnemental qui permettra de créer un site de pépinières pour le reboisement compensatoire sur la ligne Kayes -Tambacounda. Pour la construction de cette ligne prioritaire, les activités portant sur la libération de l’emprise sont exécutées à 100%. Les travaux sont réalisés à 76% et la mise en service est prévue pour le premier trimestre 2022. Pour la ligne Manantali – Bamako, le contrat avec l’entreprise chargée des travaux a été signé le 8 juillet dernier, pour une durée de 18 mois. Le plan d’action de réinstallation des personnes déplacées de l’emprise de la ligne a été élaboré et validé avec les populations et les autorités concernées. Il projette la libération des emprises pour la période d’octobre 2021 à mars 2022 et la mise en service de cette ligne est prévue courant premier semestre 2023.

Quant à la ligne Kayes – Yélimané – Tintane – Kiffa – Aioun (Mauritanie), la recherche de financement est en cours et pourrait être finalisée au cours premier semestre 2022. Les travaux étant estimés devoir durer 26 mois, sa mise en service est prévue en 2024. « Toutefois, l’impact, pour le moment difficilement maîtrisable, de la crise sanitaire de la Covid-19 constitue un aléa non négligeable dans l’atteinte des objectifs fixés, en termes de délais de mise en œuvre », prévient Serigne Sambou Niang.

Avantages

La mise en œuvre de Manantali II permettra d’améliorer le taux d’accès à l’énergie en milieu rural, urbain et dans les zones minières. Il contribuera aussi à fiabiliser davantage le réseau de transport d’énergie électrique dans l’espace OMVS et,  à terme, à faire de la SOGEM un acteur-clé du marché régional de l’énergie, qui s’opérationnalise dans le cadre du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain. « Pour consommer de l’énergie, il faut la transporter d’abord à partir des centrales de production, où chaque État a un quota. Et il faut l’acheminer vers les sociétés d’électricité nationales, qui vont assurer sa distribution. Les nouvelles lignes vont servir à cela mais aussi aux échanges commerciaux d’électricité dans le cadre du marché ouest-africain d’énergie électrique. Par exemple, si le Mali et le Sénégal veulent échanger de l’énergie, ces lignes, qui sont d’ailleurs les seules, vont servir à cela. Cela renforcera la capacité de transit et améliorera l’accès des populations à l’énergie », explique son Coordinateur régional.

Manantali II est financé par la Banque mondiale, l’Agence française de développement et l’Union européenne. Sa mise en œuvre est assurée par la SOGEM (Société de gestion de l’énergie de Manantali), conformément aux instructions des chefs d’État de l’OMVS, depuis 2015.  La SOGEM gère trois centrales hydroélectriques : Manantali (200 MW), Félou (60 MW) et Gouina (140 MW). Le Mali a respectivement un quota de 52, 45 et 34% de parts dans la production d’énergie.

Boubacar Diallo

Chiffres :

1 milliard de FCFA : Coût du volet social du projet

1 080 km : Longueur des lignes à construire

Manantali I

Source : Journal du Mali