‘’Réalisation d’au moins 1 000 km de routes bitumées’’, voici l’ambition du Président IBK, pour son second quinquennat, et la mission du ministère des Infrastructures et de l’Équipement. Telle est l’ambition à la petite semaine pour le Mali qui frise franchement le mépris.

Faisons une petite comparaison de deux projets du même candidat à l’élection du Président de la République, en 2013 et en 2018, pour mesurer la gravité de la grivèlerie dont le peuple malien a été victime.
Dans le ‘’Projet présidentiel le Mali d’abord’’ (juin 2013) dans le chapitre ‘’développement des infrastructures’’, voici ce que promettait le candidat IBK : ‘’démarrer un projet pour faire de Bamako un Hub ferroviaire d’Afrique de l’Ouest en le reliant aux 7 capitales des pays voisins (réaliser le chemin de fer reliant Bamako-Kita-Conakry, réhabiliter le chemin de fer Dakar-Bamako, etc.)’’ ; l’extension du réseau routier (désenclavement intérieur, accès aux ports, gestion des entrepôts portuaires’’ ; ‘’développer les infrastructures routières parmi lesquelles : réaliser le 4e pont reliant Kabala à Sébénikoro ; réaliser une autoroute reliant Kidal à Bamako’’.
Deux constats :
Un- Ce projet est d’une étisie hilarante pour un pays de plus de 1 240 000 km2 et qui n’est qu’au stade du balbutiement pour la mise en place d’un véritable réseau routier. 1 000 Km de routes bitumées, c’est vraiment dérisoire pour un mandat de 5 ans.
Deux- Aucun grand projet, 6 ans après, n’a connu un début d’exécution.
Dans l’édito de son Projet ‘’Anw Ka Maliba Bè Ka Ta nyè’’, le Président IBK dit : ‘’le présent programme 2018-2023 consacre une nouvelle offre politique qui s’inscrit dans le cadre de la CONSOLIDATION DES ACQUIS et l’ouverture de nouvelles perspectives aux Maliennes et Maliens’’.
Mais justement, de quels acquis nous parle-t-on ? Tartuferie !
Bamako n’a pas été un Hub ferroviaire contrairement à ce qui a été promis. D’ailleurs, même le train voyageur Bamako-Kayes dont la reprise en fanfare a été faite dans la mouvance de la présidentielle, n’a jamais sifflé. Honteuse hâblerie que le Gouvernement paiera à jamais de son crédit.
Six ans après, Kabala n’est toujours pas relié à Sébénikoro par un 4e pont et l’on n’est jamais allé au-delà de l’effet d’annonce.
Le désenclavement intérieur ? C’est l’épouvante. La route Kolokani-Diéma-Kayes pour la réhabilitation de laquelle les 70 milliards nécessaires étaient disponibles, selon TRAORE Seynabou DIOP, ministre des Infrastructures et de l’Équipement, est dans un état de dégradation si avancé qu’on est à la lisière de l’émeute des populations riveraines. Le blocage des axes routiers de ce vendredi en dit long sur l’état d’exaspération des populations entortillées par des promesses fumeuses.
Comble de l’outrecuidance, l’on présente aux Maliens un Projet intitulé : ‘’Notre grand Mali avance’’. Peut-être qu’il faudrait surfer sur les subtilités de la langue de Molière pour savoir de quoi retourne cette énormité ; parce qu’en français, il est possible d’avancer à reculons. Dans le cas de notre Mali, c’est la seule lecture possible. Une souveraineté sous-traitée à Barkhane, à la MINUSMA, aux Mouvements armés, et aux groupes d’autodéfense du fait d’un État failli qui n’assure plus sa mission régalienne de protection des personnes et des biens ; une corruption qui a battu tous les records de l’histoire du Mali indépendant ; un règne sans partage du népotisme, de l’affairisme, du clientélisme ; une demande sociale loin de la satisfaction ; une gouvernance spasmodique, bref, un pays devenu la risée du monde entier, dont les Maliens eux-mêmes peuvent être difficilement fiers. Alors, ce Maliba avance vers où ? Quels hauts faits d’armes peuvent revendiquer ceux qui ont promis la lune aux Maliens pour s’installer sur le mont Olympe et les snober ? C’est Isocrate qui conseillait : ‘’sors des charges publiques, non pas plus riches, mais plus estimées. Les grandes richesses ne valent point l’estime des peuples’’. Mais quand l’homme d’État s’entoure d’athlètes de haut niveau pour la course au gain (détournement et complicité de détournement de fonds publics ; faux et usage de faux ; utilisation frauduleuse de deniers publics…), le peuple devient le spectateur obligé de la confiscation de son devenir. À moins que l’état d’État d’or pur ne soit dévalué en bronze. C’est que laisse entrevoir l’impunité à grande échelle.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin