Magouille, corruption, concussion et affairisme… Ces mots ne sont pas assez forts pour décrire les maux qui minent aujourd’hui la CMDT (Compagnie Malienne pour le Développement du Textile) du fait d’un réseau mafieux, avec la complicité du PDG de la boite, en l’occurrence Baba Berthé. Même la mise aux arrêts de Bakary Togola, un gros pion dudit réseau n’y a rien changé. Entreprise d’État créée en 1974 pour gérer la filière coton, la CMDT, chargée d’organiser la production et la commercialisation du coton sur l’étendue du territoire malien, est devenue une véritable fourmilière où se côtoient des délinquants financiers.

Et parlant de l’affaire dite des ristournes sur le coton, si pour le moment Bakary Togola  est coffré à la Maison d’Arrêt de Bamako, tout ne semble cependant pas être un long fleuve tranquille pour Baba Berthé, car quoiqu’on dise, le magistrat instructeur dans ce dossier pourra difficilement boucler cette affaire sans entendre le PDG de la CMDT, lui qui s’est permis, pendant tout ce temps, à verser de l’argent public au compte de la coopérative des cotonculteurs sans demander des justificatifs par rapport aux « sous » précédemment perçus.

Comme l’a si bien dit un éminent avocat de la place, la responsabilité politique corollaire de la responsabilité pénale, la vraie, à savoir celle des ministres de tutelle, responsables des deniers publics, des organes de contrôle des fonds publics au sein de l’APCAM, de la Confédération des producteurs de cotons (C-SCPC) gestionnaires des fonds, de la CMDT et du Ministère de l’Agriculture, pourvoyeurs des fonds, ne doit nullement être occultée dans ce dossier.

En effet, Bakary Togola aurait dû être en prison avec ceux qui lui ont donné plus de 13 milliards de nos francs de 2013 à nos jours sans la moindre demande de justifications. Et pour cause : comment tout cela a bien pu se passer depuis 2013 jusqu’à nos jours sans qu’aucune structure de contrôle ad hoc, les organes de l’APCAM elle-même, du Ministère de l’Agriculture, département de tutelle, de la CMDT, partenaire stratégique, et même du Vérificateur général, ne se rende compte d’un détournement d’une telle ampleur ?

Comme on le voit donc, sauf miracle, sinon tôt ou tard, Baba Berthé devra consentir à aller donner sa version des faits dans cette scabreuse affaire des ristournes dans laquelle sa responsabilité est engagée en maints points, comme le prouveraient d’ailleurs, d’après nos sources, les conclusions du PV de la Brigade du Pôle Economique de Bamako.

Un autre scandale qui éclabousse le PDG de la CMDT, est celui portant sur les avenants, processus par lequel un fournisseur est écarté et le marché à lui attribué retiré, dès lors qu’il se montre incapable de livrer à temps la qualité et la quantité requises selon le cahier de charge le liant à la société… Là aussi, le Pr Baba Berthé est accusé de réattribuer les marchés retirés dans ce cadre en dehors du système de passation normale des marchés ou de prolonger le délai au profit de ses « protégés » qui se trouveraient dans un tel manquement à leurs engagements, sans l’avis des autres membres de la commission.

On cite dans ce registre le cas de la société CIM-SARL, à qui le tout puissant PDG a autorisé la livraison de 1700 tonnes d’urée et 1500 tonnes d’engrais NPK à Bougouni et Koumantou en septembre dernier, en période hors campagne donc ! Ce qui, pour des spécialistes avertis, constitue une faute grave et une entorse à la procédure en la matière. Aujourd’hui, ceux qui ont connu et côtoyé Baba Berthé s’étonnent du fait qu’il soit devenu quelqu’un se comportant comme un néophyte en droit, se laissant entrainer dans la violation des procédures par la faute de la responsable de la direction des affaires juridiques de la boite !

Comment diable avec tous ces griefs, le Président IBK s’entête-t-il à garder Baba Berthé à tête de la CMDT ? L’attitude passive du Président de la République face à ces scandales qui assaillent la CMDT ne confirme-t-elle pas la thèse de ceux qui disent que c’est lui qui protège Baba Berthé ? Pourquoi ? Allez-y le savoir !

Seydou DIALLO 

Source: Journal le Pays- Mali