En juillet 2019, après deux ans de travaux, le taux d’exécution de « la route qui rend malade les riverains et les usagers» était de seulement 25 %. Aujourd’hui, ce taux serait à moins de 30 %. Des travaux qui avancent à pas de tortue…

L’espoir suscité chez les riverains de la route Banconi-Dialakorodji-Safo-Nonsombougou, lancée en grande pompe par le président de la République, le 3 mai 2017, semble s’être définitivement évaporé. En ce début de la troisième année après le lancement des travaux de bitumage de cette route de très grande fréquentation, les populations riveraines désespèrent.

Le chantier de cette route, l’une des principales voies qui lie le Mali à des pays voisins membres de la CEDEAO comme la Mauritanie et le Sénégal a du plomb dans les ailes. « Le chantier joue aux prolongations ! », ironie un élu de la commune de Dialakorodji. Et ce, malgré toutes les belles promesses faites par les autorités à propos de cette route. Longue de 56 Kilomètres, « les travaux de construction de cette route évoluent à pas de caméléon », écrivait récemment un confrère de la place.

Contacté par nos soins pour en savoir plus, le Directeur national des Route, Mohamed Naman Kéita, en déplacement, nous a mis en rapport avec son adjoint, Abdoulaye Daou. Celui-ci, peu coopératif, nous a déclaré au téléphone n’être en mesure de dire quoi que ce soit par rapport à la lenteur excessive de ce chantier. Avant de se décider à nous remettre un document expliquant les raisons du retard excessif des travaux : occupation des emprises, difficultés liées à la conclusion d’un avenant, difficultés rencontrées dans les déplacements des réseaux au niveau des sections urbaines de cette route…

Sur le terrain, ouvriers et techniciens se font désirer ou se montrent découragés. On ne peut les trouver qu’à la loupe, tant ils se font de plus en plus rares, depuis plusieurs mois. Un motif de désespoir de plus pour les riverains de cette voie. En termes de réalisation, moins de trois kilomètres environ de parcours après le village de Safo sont couverts de bitume. Le reste du chantier n’est qu’un ilot de poussières qui empoisonne la vie des riverains, tous les jours.

Selon nos sources suite à plusieurs plaintes des populations du village de Safo, chef-lieu de commune de la collectivité du même nom, les entreprises ont été obligées de bitumer ce petit tronçon de 2 kilomètres et demi. Le seul bienfait de ce projet reste la construction de certains ponts. L’entreprise COGEB International a régulièrement émis des plaintes relatives aux obstacles à l’avancement des travaux, mais les choses trainent toujours.

Selon plusieurs cadres de la zone que nous avons contactés, les travaux sont ralentis faute de financement ou d’une très mauvaise gestion du financement débloqué. La corruption ou la délinquance financière, devenue sport national, est-elle passée par là ? Possible !

Certaines sources évoquent des difficultés de tous ordres  éprouvées par les emprises qui doivent effectuer les travaux. Hypothèse battue en brèche par les riverains et les usagers, qui soupçonnent des détournements de fonds  dans cette affaire. Ils fustigent le silence de la ministre Traoré Zéinabou Diop, dont le silence à propos de ce chantier est plus qu’intriguant.

Pour sa part, M. Bah Niaré, chef de projet à la direction nationale des routes expliquait récemment qu’effectivement le délai d’exécution initial du chantier qui était de 15 mois était dépassé depuis longtemps. Ce délai d’exécution avait été prolongé de huit mois encore, hors saison des pluies.  Mais ce délai aussi a été dépassé. Pour le chef de projet, « des contraintes indépendantes de leur volonté » expliquent ce retard dans l’évolution du chantier. Ces contraintes portent, entre autres, sur la libération des emprises de cette route, au retard de payement par l’Etat, de fonds dus à l’entreprise en charge des travaux. Ce qui n’empêche pas les populations riveraines de demeurer dans leur calvaire avec la poussière et les maladies en découlant.

Baba Djilla SOW

Mali Horizon