Après une récession de -1,2 % en 2020, le Mali a fait une croissance de 3,1 %, en 2021 malgré la dimension du déficit budgétaire, ressorti à 4,7 % pendant la même période.  « Une prouesse incroyable », se félicite le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou. 

Gérant la reine du département en charge de l’Economie et des Finances dans un contexte marqué dans une crise multidimensionnelle, le ministre Alousséni Sanou faisait également face, lundi soir, à une population durement affectée par la flambée des prix des produits de première nécessité, le Covid-19, l’embargo et la crise ukrainienne. Une situation qui ne lui laissait pas le choix de n’omettre aucune question.

« Pour juguler les différentes crises qui ont impacté sur les secteurs productifs, le gouvernement a engagé des actions visant à redresser la santé économique et financière des filières coton. Ce choix stratégique s’appuyait sur le fait que le coton fait vivre plus de 4 millions de Maliens directement », a expliqué Alousséni Sanou, sur le plateau de la chaîne nationale. Pour lui, il s’agissait nécessairement de donner confiance à cette filière « parce le Mali avait chuté et obtenu environ une production d’environ 150 000 tonnes. Il fallait remonter la pente ».

Pour ce faire, poursuit le ministre, le gouvernement a engagé des dépenses importantes de l’ordre de 87, 500 milliards pour payer les impayés de la filière, les traités des fournisseurs, les impayés au niveau des banques.  « Le gouvernement a été obligé de donner un prix aux producteurs jamais égalé (280 F CFA le Kg) qui a été porté à 285 F CFA lors de la journée de l’agriculture », dit-il.

Le gouvernement a maintenu la subvention des intrants agricoles dans la logique. La tendance était qu’il fallait arrêter ces subventions lors de la campagne dernière, mais compte des engagements et de la volonté affichée pour relancer notre économie, on a été obligé de maintenir les subventions.

Dans le cadre de la gestion des entreprises publiques et afin de minimiser tout risque budgétaire, le ministère de l’Economie et des Finances a entrepris la restructuration de certaines entreprises, aux dires du ministre Sanou dont la relance de la Comatex, de l’OMH et de l’EDM.

Concernant la relance de la Comatex, l’État a décidé  de payer de 600 millions de F CFA d’avance sur les reliquats de la dette sociale de l’entreprise, rapporte M. Sanou. « Ça a connu quelques difficultés parce que les fonds mis à la disposition des travailleurs avaient été saisis par des huissiers et le dossier est en train d’être géré », a fait savoir le ministre, sur la chaîne nationale.

Si la question de la Comatex est une question de mois, selon le ministre Sanou, la relance de  l’OMH, dont les dettes s’accumulent autour de 450 milliards de F CFA, va coûter à l’Etat 115 milliards de F CFA.  Par rapport à l’EDM, il indiquera la mise en place d’un plan de développement de 2 252 milliard de F CFA, qui devait amener l’équilibre financier au autour des années 2026-2027.

311 milliards pour huiler le moteur économique

Avec un pays sous embargo depuis quatre mois, la situation des dettes intérieures et extérieures était parmi les questions sur laquelle le patron du ministère  de l’Economie était très attendu lors de cette sortie télévisée.

Pour pouvoir permettre d’appuyer le climat social, la première mesure prise par le gouvernement  a concerné les salariés, aux dires du ministre.

« Il fallait ramener tout le monde à l’indice 1382 pour permettre à la population d’être plus résiliente. Cela a coûté à l’Etat sur une année, 204 milliards de F CFA », déclare-t-il.

A l’en croire, l’état a engagé également un vaste programme payement de la dette. « En 2021, on a payé 311 milliards de F CFA de dettes intérieures pour permettre d’huiler le moteur économique, renforcer la résilience de la population et au Mali de trouver le chemin de la croissance ».

La dette intérieure, rappelle le ministre Sanou, c’est une dette qui continue et qui tourne « Pour l’instant, on était à peu près à 350 milliards de F CFA de dette intérieure sur les prestataires en 2020. Nous sommes sortis à peu près à 278 milliards en 2021. Aujourd’hui, nous sommes à 298 milliards sur la dette intérieure fournisseur au 30 avril. C’est pour dire qu’on a réduit fortement parce qu’on a fait beaucoup de dépenses entre-temps, qu’on a pu payer aussi », a précisé le ministre. Pour qui, il y a une maîtrise parfaite de la dépense des dettes intérieures prestataires.

Quant à la dette intérieure sur les titres d’Etat,  le ministre évoquera sur le plateau de la chaîne nationale, quelques difficultés. Cependant,  celles-ci ne sont pas liées à un manque de ressources. L’Etat dispose de ressources suffisantes pour payer, précise le responsable de l’Hôtel des Finances. « Malheureusement l’une des conséquences des sanctions est que nous ne disposons pas du solde de votre compte  à la Banque centrale. Un compte  sur lequel normalement le paiement doit se faire. Ce qui fait que nous avons des arriérés de paiement sur la dette intérieure marché ». Pour l’invité, « dès que les sanctions seront levées, le Mali tout de suite se mettra à jour et cela n’entame rien à la confiance entre les Mali et ses partenaires ».

Le maître de l’Hôtel des Finances a rappelé un autre fait, qu’il qualifie d’une prouesse incroyable ».  « En 2020, le Mali était en récession de -1,2 %, en 2021, il a fait une croissance de 3,1 %. Et ce, malgré une dimension du déficit budgétaire, ressortie au 31 décembre 2021, à 4,7 %. Ce qui est vraiment une prouesse incroyable.

Kadiatou Mouyi Doumbia 

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REDUCTION DU TRAIN DE VIE L’ETAT

Plus de 100 milliards de F CFA d’économies en 2021

Ces ressources obtenues ont été affectées dans la défense, la réhabilitation des écoles, l’entretien routier, le relèvement du plateau technique, l’assainissement et sport et les dépenses sociales.

 

La réduction du train de l’Etat est l’une  des aspirations fortement formulées par la population  malienne après la chute de l’ancien régime afin de pouvoir aspirer à un nouveau Mali.

Une question à laquelle le ministre Alousséni Sanou, lors de son passage sur la chaîne nationale, lundi soir, n’a été épargné par les deux journalistes en face de lui.

Selon le ministre, le gouvernement  plusieurs mesures concernant : la revue de l’acquisition des véhicules neufs, la durée, la taille et l’importance des missions ministérielles, la suspension des achats de cartes prépayées, crédits téléphoniques dans les ministères et la réduction de 30 %  des crédits budgétaires affectés aux missions. Ces mesures ont permis  d’économiser « 101 milliards de F CFA en 2021 », a annoncé le ministre  détaillant la répartition  de ces ressources supplémentaires obtenues. Plus de la moitié des ressources ont été affectées au secteur de la défense.

En effet,  sur les 101 milliards de F CFA obtenus, 71 milliards de F CFA ont été affectés au niveau de la défense, selon le ministre. Les dépenses sociales viennent après, soit 10 milliards de F CFA.

Le reste du montant a été réparti comme suit : 5 milliards dans l’entretien routier, 5 milliards dans la réhabilitation des écoles, 4,7 milliards pour accompagner le ministère de la Santé dans le relèvement du plateau technique et certains Cescom, 5 milliards dans l’assainissement et le sport, avait indiqué le  ministre de l’Economie et des Finances.

K M. D.

Source: Mali Tribune