» Le dialogue national inclusif  » dont le démarrage officiel de la dernière phase a eu lieu samedi 14 décembre a cessé, depuis des lustres,  d’enthousiasmer les foules. Lorsque le concept est apparu dans  le lexique politique local, à l’initiative de l’opposition, nombreux étaient nos concitoyens qui y subodoraient une occasion inespérée d’établir un dialogue constructeur entre les acteurs politiques et sociaux de tous bords pour les engager, dans l’unité et la cohésion retrouvées, à relever les multiples défis qui interpellent le pays.

 

Très vite, hélas, il apparaitra que l’opposition et la majorité n’ont pas la même perception du contenu dudit dialogue.

La première y trouvait l’opportunité de  » refonder  » la République, donc de mettre en place des fondamentaux qui s’imposent à tous et de nouvelles institutions pour les mettre en œuvre. Une 4e République sans le nom, en somme.

La majorité, pour sa part, dans un souci de conservation, entendait seulement faire adopter, de la manière la plus consensuelle possible, des réformes politiques, institutionnelles et administratives jugées indispensables pour faire avancer l’accord pour la paix et la réconciliation du 15 juin 2015, approfondir et améliorer le processus démocratique, mettre le Mali en adéquation avec certains de ses engagements internationaux, notamment à l’échelle de l’UEMOA.

Cette divergence d’approches nourrie par des arrière-pensées politiciennes a finalement conduit à « un dialogue national inclusif  » amputé de forces politiques majeures regroupées au sein duFront pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou étiquetées «  autre opposition  » comme Fare Anka Wili de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé et  de forces sociales à l’image de la Plateforme  » Anko Mali dron  » pilotée par Mme Sy Kadiatou Sow.

Il en résultera que les résolutions ou recommandations issues de ce forum n’engageront pas ces forces politiques et sociales. Ce qui ouvrira la voie à la reprise des contestations de rue avec une vigueur sans précédent, alimentée par l’idée que seule  » la mobilisation populaire permanente  » peut venir à bout d’un régime qui refuse de se remettre en cause malgré l’état de faillite avérée où il a plongé le pays en six années et demie de gestion calamiteuse.

Croire que la participation de la CMA (ex-rébellion kidaloise) annoncée avec un tantinet de triomphalisme  à la veille du lancement des assises, peut donner le change, c’est se bercer d’illusion et tirer des plans sur la comète quand on sait que cette participation a été arrachée au prix d’âpres négociations entourées d’une épaisse discrétion et quand on sait aussi l’extraordinaire capacité des dirigeants de ce mouvement à renier un accord avant même que ne soit sechée l’encre qui a servi à le rédiger.

Saouti HAÏDARA

Source: l’Indépendant