Les autorités de la Transition, malgré la vitesse du temps, sachant bien qu’il ne leur reste que moins de 9 mois, continuent à promettre plusieurs réformes politiques et institutionnelles dont la révision de la Constitution de 1992. C’est bien ambitieux. Le Mali a certainement besoin de toutes ces réformes. La classe politique, dans sa majorité, et la société civile, les réclament depuis la chute du régime IBK. Nombreux sont ceux qui trouvent que la transition est le bon moment de mener ces réformes. Le gouvernement sortant de la Transition a beaucoup promis, mais n’a pas avancé d’un iota en 9 mois. Depuis son arrivée, le premier ministre Choguel Kokalla Maïga a promis de mener toutes ces reformes avant les élections à venir, avant la fin de la transition dans 9 mois.

« La voie sera ainsi balisée pour les réformes nécessaires à la Refondation du Mali. Il s’agira essentiellement de créer les conditions d’une refonte consensuelle des textes permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la charte des partis politiques et la loi électorale afin de mettre un terme aux conflits postélectoraux récurrents. Pour cela, il sera envisagé la création d’organe unique indépendant de gestion des élections réclamé unanimement par la classe politique et la société civile », a promis le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lors de son premier conseil de cabinet. L’ambition du Premier ministre pour un Mali nouveau est grande, elle est à saluer et à encourager. Mais toutes ces réformes sont-elles faisables dans les mois qui restent pour la Transition. C’est là où se pose le vrai problème. Les reformes sont, certes, beaucoup réclamées. Les autorités doivent faire certaines réformes, surtout l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles. Toutes les réformes citées sont importantes, mais il est impossible de mener le tout dans le reste des neuf mois. Aujourd’hui, les réformes indispensables sont celles liées à l’organisation des élections. Il faut réviser la Charte des partis politiques ; voir la faisabilité de la création de l’organe unique de gestion des élections. Au cas où si cela est impossible, des reformes doivent être faites pour réduire le pouvoir du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et rendre la CENI plus indépendante, comme a proposé Me Kassoum Tapo. L’essentiel aujourd’hui, c’est d’élire démocratiquement un président de la République. Ce dernier, après son élection, peut continuer les chantiers des reformes.

Il est illusoire de penser que l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution ; la relecture de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger ; la de réadaptation de la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente…soient possibles dans les mois qui restent pour la durée de la transition.

Les autorités doivent se focaliser sur l’essentiel, organiser l’élection présidentielle à dates indiquées pour éviter des reformes bâclées.

Boureima Guindo

Source: Journal le Pays- Mali