L’investiture du président de la transition, le colonel-major à la retraite,, Bah N’Daw et de son vice-président, le colonel Assimi Goïta, président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), dont la cérémonie s’est déroulée, vendredi le 24 septembre 2020, au CICB, en présence du président Bissau-guinéen Umaru Sissoco Embalo, est  intervenue à un  moment où notre pays est presque à terre. Malgré cet état de fait, le président de la transition a, dans son discours, tenu à rassurer plus d’un quant à des lendemains meilleurs pour notre pays. Mais à condition qu’on se mette au travail, seul gage pour relever les nombreux défis auxquels notre pays est confronté, depuis plusieurs décennies et les énormes attentes du peuple malien pour aspirer au bien-être.

 

Il a touché du doigt toutes les plaies béantes qui empêchent le Mali de tenir débout pour retrouver sa grandeur d’antan comme souhaité par les pères de l’indépendance. Il a mis l’accent sur un de ses fléaux qui n’est autre que l’homme malien. Le président N’Daw, contrairement à beaucoup de nos compatriotes qui pointent du doigt les autres comme responsables de nos malheurs, a été on ne plus clair: «Le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ébranlé, affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes». Ce constat du colonel- major sur le citoyen malien est amer. Mais ce qui est sûr et certain, la transition ne saurait être une réussite à la hauteur des souhaits tant que l’homme malien ne change pas de comportement. Ce changement de comportement passe nécessaire par l’abandon de l’esprit mercantiliste, de laisser aller, de destruction des biens publics…

La transition de 2020 est un tournant à ne pas rater. Si elle échoue, l’espoir d’un Mali nouveau est renvoyé aux calendes grecques. L’appel pressant du président de la transition, à débarrasser notre pays des maux qui le minent, depuis des années du fait de l’homme malien, ne doit tomber dans les oreilles de sourd. Il nous donne l’occasion de nous réconcilier d’abord avec nous-mêmes, et ensuite de mettre à jamais nos égos, nos haines, nos rancœurs  dans les poubelles de l’histoire pour nous donner les mains et aider les femmes et les hommes de la transition afin de retrouver l’honneur et la dignité qui ont fait la grandeur du Mali et la fierté du Malien.

Ce changement de comportement est nécessaire pour les réformes qui seront initiées par la transition pour la refondation de notre pays. Il ne faudrait pas qu’une minorité, comme en 1991,  tripatouille encore les textes à son seul avantage, laissant le peuple malien se débattre dans toutes sortes de difficultés pour gagner le prix d’un repas par jour pour la famille. Cette refonte doit être à l’avantage du peuple malien. Elle doit consister à  bannir l’injustice, la corruption, la délinquance financière, le bradage des biens de l’État dans la gestion de la chose publique.

Aussi, l’espoir d’un Mali nouveau est-il certainement né avec l’annonce par le président de la transition Bah N’Daw de la lutte contre l’impunité, de la gestion saine de l’argent public et de l’utilisation judicieuse des fonds alloués à l’armée. Cette déclaration est venue à un moment où le citoyen lambda ne croyait plus qu’on pouvait enclencher une guerre contre ces fléaux tant les tenants du pouvoir avaient érigé en mode de gouvernance l’impunité, l’injustice, le favoritisme, l’affairisme, la concussion, les détournements de deniers publics, la surfacturation, bref tous les vices qui visent dangereusement à la vie de la nation.

Donnons-nous les mains pour ne pas rater ce tournant décisif pour la survie de notre nation détruite par le comportement crapuleux des relais nationaux de l’impérialisme occidental dans notre pays. Ces maux  doivent être combattus partout où ils se trouvent pour ne pas faire échec à la refondation de notre pays au grand bonheur du peuple malien.

Yoro SOW

Source : L’Inter de Bamako