La Coopération entre le Mali et la Russie est revenue au cours de débats depuis quelques années. Chacun y va de ses commentaires. Les relations entre les deux pays ne datent pas d’aujourd’hui. A écouter certains qui insistent sur la diversification des partenaires dans le domaine sécuritaire, on a l’impression qu’ils veulent inventer la roue. Trop de manipulation. Le discours qui consiste à faire croire à l’opinion que la France ou tel autre pays empêche le Mali de collaborer avec la Russie ou d’autres pays n’est pas exact. Hier comme aujourd’hui, la France ou un autre pays ne peut pas empêcher le Mali de nouer de partenariat avec la Russie, la Turquie, la Chine ou l’Israël. La preuve.

 

Le gouvernement du Mali a signé, à Moscou, en juin 2019 un accord de coopération militaire avec la Russie en marge du salon « ARMY 2019 ». « À notre avis, l’intensification des liens militaires est dans l’intérêt de nos deux pays. La Russie est prête à contribuer à la normalisation de la situation au Mali et à la création de conditions pour une paix et une stabilité durables », a déclaré à l’époque Sergei Choïgou, le ministre russe de la Défense, au côté de son homologue malien, le général Ibrahim Dahirou Dembélé.

Les hélicoptères de combat M1-35 (ils sont au nombre de 3 ou 4) de la flotte de l’Armée de l’air ont été acquis auprès d’une société russe sous la gouvernance IBK. Le MI-35 dont l’unité coûte 36 millions de dollars soit plus de 18 milliards de FCFA est de l’un des hélicoptères de combat les plus performants au monde. Et l’un de ses avions a été réceptionné en janvier 2021 à la base aérienne de Sénou par le Colonel Assimi Goïta en sa qualité de vice-président en charge des questions de Défense et de Sécurité.

En décembre 2020, le président de la Transition, Bah Ndaw, a signé le contrat pour la commande de quatre hélicoptères avec la Russie. Réceptionnés le 1er octobre dernier par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, ces hélicoptères de manœuvre MI-171 d’un montant de plus de trente six milliards de francs CFA sont financés sur fonds propre du budget national. Le colonel Assimi Goïta a remis les clefs de ces appareils, le 26 novembre 2021 au ministre de la Défense et des Anciens combattants, au cours d’une cérémonie à la base aérienne de Sénou.

La France n’a pas pu empêcher ces acquisitions sous IBK. Elle n’a pu empêcher non plus la signature de cet accord de coopération militaire. Elle n’a pu empêcher le gouvernement de Transition de signer en décembre 2020 ce contrat d’achat avec la Russie. Elle n’a pu empêcher non plus le Mali d’envoyer ses militaires en Formation en Russie ou en Chine. L’actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants, Sadio Camara, était en formation en Russie quand les événements du 18 août 2020 l’ont trouvé en vacances à Bamako.

Comme tout pays, l’ancienne puissance coloniale aurait voulu que ces achats soient faits avec ses sociétés mais le Mali, à la différence d’autres pays, minimise depuis longtemps l’acquisition de certaines technologies militaires avec la France.

Les déclarations populistes focalisant l’attention sur la diversification des partenaires visent à distraire l’opinion publique. Le Mali est en discussion avec Israël depuis quelques années pour le rétablissement des relations diplomatiques. Et le directeur des Renseignements maliens, le colonel Modibo Koné a récemment séjourné en Israël.

Ceux qui demandent le départ militaire de la France du Sahel sont curieusement les mêmes qui hurlent dans les brancards pour Wagner. Ce qui est paradoxal. Car on ne peut pas s’opposer à la présence militaire française et réclamer le recours au mercenariat d’une société qui n’a officiellement aucun lien avec le gouvernement russe.

Le jour où les dirigeants comprendront que les autres ne viennent pas chez nous pour leurs beaux yeux mais pour leurs intérêts, nous allons cessez de pleurnicher. Les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger