Alassane Dramane Ouattara est sur la sellette dans son propre pays, la Côte d’Ivoire, mais aussi en Afrique de l’Ouest dans son choix de l’ECO pour remplacer le CFA, dans ses accointances lors des élections présidentielles du voisinage et dans sa main tendue à Compaoré chassé du Burkina voisin. ADO, lâché par tous ! Est-il désormais prédestiné à servir de bouc émissaire chez lui et en Afrique subsaharienne ?

 

En Côte d’Ivoire, il ne semble pas jouer le beau rôle dans l’affaire Soro ainsi que dans le procès interminable et mal ficelé de Gbagbo et de Blé Goudé à la CPI. Ces faits ne rendent pas son discours sur la réconciliation crédible.

Né pourtant sous de bons auspices, dans une famille studieuse originaire d’Odienné, ayant effectué lui-même de bonnes études, ADO a servi loyalement au nom du Burkina, à l’époque Haute- Volta, à la demande d’Houphouët Boigny, au FMI et à la Banque mondiale où il a gravi les échelons à la force de son savoir. Appelé comme PM au chevet d’une Côte d’ivoire moribonde suite à la crise du cacao des années’ 90 et confronté à la  » rébellion  » de la fédération estudiantine FESCI noyautée par les gauchistes d’un certain Gbagbo, il a tenu  » la barque C.I  » chancelante d’un vieux président, malade et aux abois, FHB, jusqu’à sa mort. ADO, considéré jusqu’alors comme un technocrate, est entré dans l’arène politique pour apprendre qu’il n’était pas Ivoirien et fut exclu par ses adversaires de toutes compétions au nom d’une ivoirité qui a eu du mal à se définir. Soutenu contre vents et marées (contre Henri Konan Bédié, Guéï Robert et Gbagbo Laurent) par des jeunes regroupés au sein d’une rébellion majoritairement nordiste (FNCI), il réussit à accéder au pouvoir non sans mal, après les péripéties d’un vrai coup d’Etat, puis d’un autre avorté qui a abouti à la partition du pays et à des élections contestées qui ont fait plus de 3 000 morts.

ADO, qui doit cette ascension aux élections encadrées par la France et la communauté internationale, a-til en mémoire l’autre soutien, celui des Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire de Soro Guillaume ?

L’homme, c’est certain, a changé depuis l’assassinat d’I.B, l’arrestation de Gbagbo, la jonction avec les cadres de la rébellion. Et, après avoir fait de son pays une vitrine pour le visiteur de l’hinterland de la C.I, l’impression est un saut du Neandertal au XXI e siècle, tant ADO a transformé Abidjan et accessoirement certaines grandes villes. Ces succès l’ont grisé alors qu’elles ne suffisent pas aux Ivoiriens friands de réconciliation et de paix.

Vis-à-vis des voisins aussi, il s’est enhardi au point de jouer sa partition lors des élections au Mali, de la Guinée mais aussi au Togo et au Benin, s’appuyant pour légitimer ses choix sur la CEDEAO ou l’UEMOA au sein desquelles il apparaît comme un mastodonte au vu de son poids économique.

Métamorphosé par les brèches fermées en Côte d’Ivoire avec la partition du FPI et du PDCI- RDA, (où il n’a pourtant pas réussi la réconciliation nationale resté un vœu pieux ) et par les boulevards ouverts en Afrique de l’ouest où il écrase tout, ADO s’est lancé au front intérieur vers l’exclusion de ses plus farouches opposants, Bédié, Gbagbo du prochain suffrage, mais n’a pas vu venir les ambitions d’un Soro fondées, en partie, sur leurs accointances. Et, au plan extérieur, son choix de voler à la CÉDEAO son  » ECO  » a été reçu de façon mitigée par ses propres amis et par une hostilité ouverte des pays hors CFA amenés par un Nigeria revanchard. Depuis, l’homme est pris dans un tourbillon chez lui et dans une tourmente en Afrique de l’Ouest avec comme corollaire une fuite en avant ou ce qui y ressemble fort : 3e mandat que personne ne lui concédera en CI et le maintien de l’ÉCO/ UEMOA contre la volonté de l’Afrique de l’Ouest majoritairement opposée au rôle de la France, toutes choses qui donnent à penser que son étoile pâlit.

 

S’en rendra-t- il seulement compte à temps et laissera-t-il le champ libre aux compétiteurs ivoiriens sans aucune interférence ? Abandonnera-t-il l’ECO ? C’est le plus grand mal qu’on lui souhaite.

Source : l’Indépendant