Le gouvernement Choguel  Kokalla Maïga, formé le vendredi 11 juin dernier, entre en activité cette semaine avec plusieurs handicaps.

Le premier est relatif à son déficit d’inclusivité. En la matière il n’est ni concevable ni réaliste d’y faire représenter tous les compartiments du corps social, surtout lorsque la conjoncture impose de sévères restrictions. Toutefois force est de constater que des acteurs majeurs, dont la contribution aurait pu être importante en termes d’apaisement du climat politique ou de cohésion  sociale, ont été laissés au bord de la route. C’est le cas de  » Ensemble pour le Mali », l’ex-majorité présidentielle, des mouvements dits de  » l’inclusivité  » dont l’action patriotique a été décisive dans la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, de l’UNTM incontournable dans toute négociation touchant la vie des travailleurs syndiqués dans notre pays.

En pleine période de revendication de l’application de la loi sur le genre, les femmes se sont vues servir la portion concrue. La belle et remuante jeunesse, qui a pris une part considérable dans  » la désobéissance civile  » fatale au président IBK, n’a pas connu un traitement meilleur.

Le second handicap est lié à l’isolement diplomatique et sécuritaire dont le Mali fait l’objet depuis le coup d’Etat de trop qu’a été celui opéré le 24 mai dernier. Il est mis en quarantaine par la CEDEAO, l’Union africaine (UA) l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ses dirigeants militaires sommés par l’Organisation continentale et l’ONU de se retirer du pouvoir politique au profit des civils et de regagner leurs casernes. La France, sa principale alliée dans la lutte contre le terrorisme, après avoir suspendu sa coopération militaire dans un premier temps, est passée à la vitesse supérieure en mettant un terme à l’Opération Barkhane. La force européenne Takuba est aussi en berne. De même que l’accompagnement militaire et sécuritaire des États-unis d’Amérique, précieux surtout dans le domaine du renseignement. Pour ne rien arranger, la Banque mondiale, premier bailleur multilatéral du pays, a provisoirement fermé le robinet.

Pour sortir le pays de cette proscription dont les effets ravageurs ne devraient pas tarder à se faire sentir, le tandem Assimi-Choguel a eu le bon sens de rappeler au gouvernement Abdoulaye Diop. Ce diplomate de carrière a exercé à l’ambassade du Mali  auprès de la Belgique et de l’Union européenne à Bruxelles. Il a été ambassadeur six ans d’affilée à Washington, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, négociateur en chef de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en 2015. Son dernier poste à l’international a été celui de directeur de cabinet de l’actuel président de la Commission de l’UA, le tchadien Moussa Faki Mahamat.

Difficile assurément de trouver mieux pour réconcilier le Mali avec la communauté internationale. Mais celle-ci est si déterminée à stopper le cycle infernal des coups d’État au Mali et à le ramener dans le concert des nations stables et fréquentables que le succès de sa mission paraît incertain.

Enfin troisième handicap : le temps. Il ne reste plus que huit mois avant la fin de la transition. Jeter les bases de la refondation du Mali comme le M5-RFP en affiche l’ambition, faire face aux urgences nationales trop nombreuses,  organiser des élections référendaire, présidentielle, législatives et autres de façon consensuelle et dans un environnement sécurisé semblent une gageure difficilement tenable.

A moins que les Maliens, prenant la mesure des périls qui les guettent, sachent se surpasser, mettent leur pays  au-dessus de tous autres intérêts quels qu’ils soient, jouent à fond la carte de la CEDEAO pour se sortir de cet imbroglio.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant